L’isolement diplomatique du BURUNDI, une utopie

 
Après le congrès du parti CNDD-FDD qui a permis à ce parti de choisir son candidat à l’élection présidentielle, des analystes de tout bord, surtout ceux qui se sont illustrés dans la campagne de médisance contre le Burundi depuis les insurrections et le putsch de 2015, n’ont pas chômé. Ils ont rivalisé dans la production des analyses, certaines plus biaisées que les autres et l’ombre de la pensée néocolonialiste ne faisait aucun doute.

Dans la plupart de ces analyses, certains sujets revenaient régulièrement et ont attiré l’attention de plus d’un. Il s’agit des questionnements de ces analystes de savoir si le Burundi va s’ouvrir au monde, sortir de son isolement diplomatique et renouer avec les puissances occidentales, mais aussi de l’importance accordée aux sanctions européennes et américaines prises contre le Burundi d’une part et certaines hautes autorités du pays d’autre part.

Cette rhétorique des sanctions est revenue en flèche après l’approbation à la primature du Burundi du commissaire de police général Alain Guillaume BUNYONI, un homme clé dans la stabilité du BURUNDI, mais aussi après que le commissaire de police chef Gervais NDIRAKOBUCA ait hérité le ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.

Les langues des détracteurs se sont déliées après ces nominations, non pas sur leur charisme et leur capacité de mettre leur talent au développement intégral du pays et l’amélioration du bien-être de la population burundaise, mais en grande partie qu’ils sont sous sanction américaine.

Cette orientation prouve à suffisance qu’il y a ceux qui n’ont visiblement toujours pas compris qu’il y a des points où le Burundi ne reculera, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, les évènements qui se sont succédés ces dernières années ont réveillé la conscience des burundais, ce qui leur a permis de comprendre les motivations et les tactiques des artisans de l’impérialisme occidental. L’enjeu majeur de leur politique extérieure qui est la conservation de leur influence et le maintien des pays dans leur giron pour le pillage des ressources naturelles est déjà connu de tous jusque dans les coins les plus reculés .

En plus, à travers les séances de moralisation de la société animée par feu Président Pierre NKURUNZIZA, guide suprême du patriotisme, une large majorité du peuple burundais a compris clairement que la souveraineté et le développement socioéconomique d’un pays reposent en premier lieu sur les efforts et  la volonté de ses citoyens. Cela explique, par conséquent, le rejet catégorique par une grande partie de l’opinion de toute idée d’ingérence et de paternalisme mise en avant par la plupart des pays occidentaux.

Une autre erreur et pas la moindre que commettent certains analystes, c’est bien évidemment leur façon de limiter la communauté internationale aux USA et à l’UE. Ils ne réalisent pas que cette conception d’un monde unipolaire, développée à la suite de l’effondrement de l’URSS, où l’occident dictait sa loi et sa vision au reste du monde et les USA se prenaient pour le gendarme du monde semble avoir fait son chemin. Dorénavant, les pôles d’influence ne cessent de bouger et un nombre croissant de nations refusent désormais de céder au diktat occidental et préfèrent bâtir leurs pays sur base des valeurs et traditions propres à elles tout en misant sur la diversification de leurs liens tant économiques que diplomatiques.

En ce qui concerne le Burundi, le nouveau président Son Excellence Général Major Evariste NDAYISHIMIYE a réitéré dans son discours d’investiture que son pays n’a aucun problème à coopérer avec chaque pays et est ouvert à une coopération respectueuse et mutuellement bénéfique. Un message que devraient comprendre ceux qui ont décrété des restrictions. La balle a été mise dans leur camp. Plutôt que de continuer avec une propagande absurde et une manipulation honteuse qui ne font que mettre du feu aux poudres, ils devraient au contraire se ressaisir et tacher à corriger leurs erreurs, comme l’avait reconnu l’ancien ministre belge des affaires étrangères en regrettant leur rapidité dans la prise des sanctions.

Dans l’état actuel des choses, la carte des sanctions est tout simplement sans issue, car celles injustement imposées au Burundi ont par contre révélé la vulnérabilité de reposer l’économie et la survie d’un pays aux aides étrangères et le Burundi ne semble plus avoir envie de se rétracter de sa politique d’autosuffisance. En plus, la vague des sanctions imposées ces dernières années aux différents pays ont montré leur caractère politique et qu’elles ne sont moins qu’un outil géopolitique. C’est pourquoi, il est important que le Burundi adapte son économie aux réalités locales tout en coopérant économiquement et diplomatiquement avec les autres pays du monde respectueux de la souveraineté de chaque pays. Une voie qui semble, heureusement, être privilégiée vu de nombreuses réalisations durant les cinq dernières années sans financements extérieurs. On citera entre autre : le financement des communes, la construction des infrastructures d’intérêt public, le lancement de la construction des barrages hydroélectriques, le financement des élections de 2018 et celles de 2020, la mise en place de la banque des jeunes pour la promotion de l’entreprenariat des jeunes, l’harmonisation des salaires chez les enseignants, la liste est longue.  

En somme, le Burundi n’est nullement isolé diplomatiquement et ceux qui avancent cette théorie sont dans la logique de la manipulation de l’opinion et tentent de jouer avec leurs nerfs pour les détourner de l’essentiel. Heureusement que les Burundais ont compris ce jeu et n’ont plus du temps à perdre. Le moment du décollage a sonné.

Par Augustin VYUKUSENGE