L’ex-président tanzanien Benjamin Mkapa, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à 81 ans, avait contracté la malaria juste avant de décéder d’un « arrêt cardiaque », a annoncé dimanche sa famille souhaitant faire taire les rumeurs d’un décès causé par le Covid-19.
« Mkapa a été diagnostiqué avec un paludisme et il avait été admis mercredi à l’hôpital pour y être soigné », a expliqué William Erio, un membre de la famille de l’ex-président, qui s’exprimait lors d’une messe donnée en l’honneur du disparu dans le stade national de Dar es Salaam.
« Il allait mieux jeudi et j’étais avec lui jusqu’à 20H00 ce jour-là. Après avoir regardé le journal télévisé, il est mort d’un arrêt cardiaque », a-t-il ajouté lors de cette cérémonie retransmise en direct à la télévision et à laquelle participait l’actuel chef de l’Etat, John Magufuli.
C’est ce dernier qui avait annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le décès de M. Mkapa, sans toutefois préciser les causes de la mort.Cette omission, contraire au texte de loi régissant l’annonce de la disparition des anciens présidents, a alimenté sur les réseaux sociaux la rumeur selon laquelle M. Mkapa avait pu succomber au nouveau coronavirus.
Dimanche, M. Erio a explicitement fait référence à ces rumeurs : « je dis ceci parce que j’ai vu que certains prétendent en savoir plus que les autres et propagent des rumeurs sur les réseaux sociaux ».
La Tanzanie et son président Magufuli sont montrés du doigt pour leur manque de transparence dans la gestion de l’épidémie.
Le pays d’Afrique de l’Est a arrêté de publier des chiffres officiels concernant le Covid-19 depuis le 29 avril et, contrairement à ses voisins, n’a pris aucune mesure particulière pour combattre le virus.
Lundi, le président Magufuli a une nouvelle fois affirmé que son pays était débarrassé du coronavirus, ce que conteste formellement l’opposition, et a appelé les touristes étrangers à s’y rendre. Officiellement, la Tanzanie a enregistré 509 cas au total, quand le Kenya et la République démocratique du Congo (RDC), deux de ses voisins, en ont recensé respectivement plus de 16.000 et plus de 8.000.
M. Mkapa avait été élu président en 1995, à l’issue des premières élections organisées après la réintroduction du multipartisme en Tanzanie en 1992. Il sera réélu en 2000, toujours sous les couleurs du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM – Parti de la Révolution). Il avait ensuite participé à plusieurs médiations régionales, notamment au Kenya début 2008 avec l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan pour sortir le pays d’une crise électorale meurtrière.
M. Mkapa sera inhumé dans son village natal du sud-est de la Tanzanie le 29 juillet.
Source AFP