Lors d’un débat organisé la semaine écoulée par la VOA, Monsieur Jacques BIGIRIMANA, président du parti FNL a déclaré qu’un génocide au Burundi, dans le contexte actuel est impossible, tant que le Président NKURUNZIZA préside encore
Mais, contre toute logique, ces propos apaisants qui auraient dû normalement calmer les esprits et rassurer ceux qui, dans l’opposition radicale, la société civile, au Rwanda voisin et dans certains milieux occidentaux, s’évertuent à annoncer l’imminence d’un génocide, la réaction a été extrêmement négative. La détermination de Bujumbura contre un génocide au Burundi serait-elle une mauvaise nouvelle pour certains qui auraient misé là-dessus ? Quel cynisme !
A cet effet, nous avons reçu des réactions, avec éléments sonores où certains vont jusqu’à accuser le Président du FNL d’être au courant de la préparation de ce génocide et de l’assumer. Il est à noter par contre, que ces propos apaisants ont été accueillis avec grande satisfaction dans beaucoup de milieux, surtout par ceux-là même, supposés être visés par ce probable génocide.
Comment interpréter cette surprenante réaction et tant de mauvaise foi ?
Pour ceux qui suivent de très près la situation politique dans la région des grands lacs et au Burundi en particulier, la tension y est très palpable pour une question de lutte pour la reconquête du pouvoir, avec tout ce que cela confère comme dividendes. Or, pour les tenants de cette reconquête du pouvoir, en dehors des urnes, soutenus ouvertement par Kigali et étonnamment par certains cercles occidentaux, trois plans ont été concoctés.
1. Organisation d’une insurrection urbaine sous couvert de manifestations; ce plan a lamentablement échoué puisque les organisateurs ont mis en avant la question ethnique, si bien que seuls des habitants de certains quartiers de la capitale, soit moins de 0,1% de la population de Bujumbura ville ont suivi la consigne d’insurrection.
Ils ont quand même failli réussir, car la consigne était d’inciter les jeunes à attaquer les services de l’ordre avec pierres et armes à feu, espérant que la riposte allait entraîner du désordre et beaucoup de morts. Ce qui aurait pu permettre aux organisateurs ( aujourd’hui clairement identifiés) de profiter du chaos pour s’emparer du pouvoir via un coup de force programmé à l’avance, avec la bénédiction de leurs soutiens extérieurs.
2. Après l’échec de l’insurrection et du putsch , le second plan a été activé, création de rebellions avec objectif de reprendre le pouvoir à très court terme. Les chefs supposés de ces rebellions créées de toute pièces ,ont de suite fait des déclarations fracassantes et des communiqués. Même un profane aurait pu constater que ce genre de rebellions, quoique soutenues, ne peuvent inquiéter durablement la police et l’armée comme celles du Burundi.
Cependant, là encore, les attaques avortées du 11 décembre 2015 contre des camps militaires de la capitale, ont failli aboutir à ce qu’aurait voulu les commanditaires: Que les forces de l’ordre procèdent à une répression généralisée. Ce qui, comme dans le cas de l’insurrection aurait pu amener le chaos et permis, au minimum, un partage forcé du pouvoir en faveur des commanditaires et autres politiciens sans assises.
3. Brandir le péril de génocide constitue l’ultime plan des tenants de la reconquête du pouvoir. En effet, les difficultés des rebellions à s’organiser, malgré des facilités et beaucoup de moyens mis à leur disposition, la cacophonie observée aujourd’hui au niveau de l’opposition radicale, incarnée par le CNARED … tout cela n’incite pas à l’optimisme pour ceux qui s’attendaient à l’affrontement rapide du pouvoir en place au Burundi.
Or, la seule idée que l’opposition radicale soit inspirée par KIGALI qui prône la déstabilisation de la région, est en soi un échec annoncé; qu’une rébellion soit organisée à partir de KIGALI est une stratégie grossière et inacceptable, sachant que les nombreuses exactions et massacres perpétrées par le régime de KIGALI à l’Est de la RDC fin des années 90, constitue aujourd’hui un casse-tête pour la TPI. Ajouter à cela le fait que Bujumbura s’en tirent pas trop mal et que malgré encore quelques disparitions déplorables, la situation est en train de se normaliser.
Le Comble serait qu’en désespoir de cause, ce génocide soit finalement déclenché par ceux qui comptent en bénéficier. Selon certaines sources fiables, l’armée burundaise a dû, à un certain moment, assurer une protection spéciale du camp de RUHORORO pour empêcher une attaque destinée à décimer les tutsis peuplant ce camp et à faire porter le chapeau aux Imbonerakure et donc au gouvernement du Burundi.
Par ailleurs, le scénario de 1993 au Burundi , de 1994 au Rwanda où l’État a été décapité, laissant libre cours au chaos, est à craindre dans les conditions actuelles. Voilà précisément ce que Mr Jacques BIGIRIMANA a voulu prévenir et qui a été sciemment mal interprété par ceux qui nous préparent probablement un sale coup.
Anatole BACANAMWO