Le génocide contre les Hutu du Burundi en 1972 analysé via une thèse de doctorat à l’ULB

Le travail de recherche sur le génocide de 1972 qui a permis de consacrer le nouveau Docteur en psychologie clinique Mr Jean Ahishakiye, a fait sensation lors de la défense publique à l’Université Libre de Bruxelles. Avec un intitulé explicite de la thèse de doctorat « Processus de résilience chez les jeunes Burundais à double appartenance ethnique ayant été victimes des violences interethniques et des conflits de mémoires » et dont la toile de fond était le génocide perpétré contre les Hutu du Burundi en 1972 par la junte militaire Hima qui dirigeait le pays avec un régime de fer dont plusieurs pogroms cycliques contre les populations civiles sont reconnus à son actif, nous a aussi indiqué le chemin à prendre afin d’atteindre une véritable réconciliation de la population burundaise avec elle-même et avec son histoire.

Selon le Docteur en psychologie clinique Ahishakiye, il existe des conditions sine qua none qui permettent d’entrer dans le processus de résilience chez les personnes qui ont vécu des monstruosités et cela passe par la reconnaissance affective, juridique et sociale de ces faits qui ont causé les traumatismes chez les sujets en question ainsi qu’une prise en charge des troubles de comportement éventuels qui en ont résulté. Le manque de reconnaissance de ces monstruosités est une entrave sans précédent pour une véritable réconciliation.

En général, les victimes sont toujours en quête de reconnaissance des souffrances qu’elles ont endurées car dit-il, c’est une expérience qui induit la perte du sens suite à l’attente à la dignité, notamment l’humiliation, la culpabilisation, l’avilisation,… bref, la déshumanisation des victimes par les bourreaux ainsi que leur manque de compassion. La non reconnaissance crée chez la victime un sentiment d’avoir seulement souffert réellement mais que sa souffrance n’est pas vraie car non reconnue par la société des hommes.

Pour guérir ces traumatismes, il dit qu’il faut un travail de reconstruction psychique afin de mettre en place les conditions qui permettent de pouvoir rebondir à partir de la propriété du sujet, de rentrer dans le processus de résilience qui n’est ,in fine, qu’une quête de reconnaissance, de solidarité, de contenance et en définitive l’espoir qui vient de l’autre par le phénomène de résonance. La résilience a donc comme objet de tisser un lien social empli d’humanité, de là, humaniser ce qui est déshumanisé par des actions de sublimation à partir d’éléments tirés de la culture burundaise en vue d’un rétablissement des valeurs d’humanité telles qu’elles ont été héritées des ancêtres.

Les membres du jury ont salué le courage du Docteur Ahishakiye d’avoir choisi ce thème, l’ont félicité pour sa bravoure, pour sa persévérance, sa rigueur dans le travail et la qualité du texte qui est accrocheur à la lecture par sa clarté ainsi que la force de conviction qu’on ressent en le parcourant, que c’est une véritable contribution en matière de psychologie clinique, raison pour laquelle le jury l’a invité à continuer ses travaux de recherche dans ce domaine car la corporation en a besoin.

Ce travail de recherche quand bien même est avant tout scientifique, apporte un éclairage rafraîchissant quant à la nécessité d’une reconnaissance officielle de ce génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi, condition essentielle pour que les victimes puissent entrer dans ce processus vertueux de la résilience. Autrement a-t-il prévenu, ces traumatismes risquent de se transmettre de génération en génération ce qui n’est pas du tout souhaitable, pour personne.

Ruvyogo Michel