Ce vendredi 23 décembre, l’Assemblée Nationale a voté le projet de loi portant cadre général de coopération entre le Burundi et les ONG étrangères. Satisfaction de la société civile qui se dit de la mouvance présidentielle. Réserve chez Gabriel Rufyiri.
Quelques innovations dans cette loi. Le respect des équilibres ethniques dans le recrutement du personnel. 35% du budget sera affecté au fonctionnement et 65% sera consacré au développement du Burundi. Désormais les ONG étrangères doivent ouvrir des comptes en devises à la banque centrale où devront transiter leurs financements. Elles devront fournir un rapport semestriel et annuel au gouvernement sur leurs activités. Bien plus, les salaires du personnel non-expatrié doivent être libérés en BIF.
Pour Hamza-Venant Burikukiye de PISC-Burundi, cette loi vient à point nommé. « Nous avons toujours décrié le caractère discriminatoire dans le recrutement du personnel de ces ONG. Pire, il y a du clientélisme, du favoritisme dans le financement que ces ONG accordent à la société civile burundaise. Nous avons toujours été victimes de cette discrimination ».
Pour Gilbert-Bécaud Njangwa, cette loi était très nécessaire car « les ONG étrangères n’ont jamais respecté le partenariat avec le gouvernement burundais. » Il renchérit : « Ces ONG se comportaient comme un gouvernement dans un autre gouvernement ».
M. Njangwa déplore le fait que ces ONG se soient écartées de « leur mission d’accompagner les organisations de la société civile (OSC) locale ». Pour cela, il jette le tort à l’administration pour « n’avoir pas suivi de près ces ONG étrangères ».
« Oui, mais …. »
Une inquiétude : « Le projet de loi voté ne met pas en évidence la collaboration avec les ONG locales », pointe M. Njangwa avant de formuler une remarque générale: « Le texte a été déposé à l’Assemblée Nationale sans avoir été enrichi par des contributions des OSC locales, des Eglises et même des partis politiques ».
Réserve chez Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, une association qui n’a jamais été de la mouvance. « Si le gouvernement a initié ce projet de loi pour obliger ces ONG de ne pars travailler, c’est une mauvaise chose. Peut-être que le gouvernement veut contrôler d’une façon stricte ces ONG. » Et de lâcher : « Nous pensons que quand ces ONG étrangères sont dans le pays, c’est pour contribuer à aider les citoyens, les vulnérables. Donc, il ne faut pas que le Burundi se replie sur lui-même. Rester replié sur soi, ne va faire avancer le pays ».
by Philippe Ngendakumana