Le Burundi fait face à « d’immenses défis » dans le processus d’exploration du pétrole, a déclaré vendredi soir à Bujumbura Paul Ndarihonyoye, directeur général de la Géologie et du Cadastre Minier au sein du ministère burundais de l’Energie et des Mines.
Le directeur général Ndarihonyoye s’exprimait au cours d’une interview accordée à Xinhua en marge de la cérémonie de clôture des travaux des travaux de la 8ème conférence de la Communauté d’Afrique de l’Est(CAE) sur le pétrole et le gaz (édition017)-East African Petroleum Conference and Exhibition 2017(EAPCE’17).
Ces assises régionales se sont tenues durant trois journées dans la capitale burundaise avec des délégués de quatre pays (Burundi, Kenya, Tanzanie et Ouganda) sur les six composant cette communauté d’intégration régionale africaine. Les délégués du Rwanda et du Sud-Soudan n’étaient pas présents pour des raisons inconnues.
En s’appuyant sur les mécanismes de coopération internationale interuniversitaire, les recherches sur la présence des hydrocarbures au Burundi ont été effectué depuis 1947 jusqu’en 1986 ; année au cours de laquelle les recherches ont été suspendues pour reprendre en 2006.
A partir de cette année, a-t-il révélé, le Burundi a ouvert les portes à aux investisseurs privés pour redynamiser dans la recherche des hydrocarbures.
« Toutefois, ces recherches antérieures avaient déjà mis en exergue que dans la partie burundaise des eaux du lac Tanganyika, il y avait des sédiments montrant que l’exploration continue, contiendrait des hydrocarbures, particulièrement du côté de la plaine de la rivière Rusizi. Sur les deux forages effectués à cet endroit, un d’entre eux a donné des résultats positifs et un autre s’est révélé stérile », a-t-il révélé.
Le lac Tanganyika est riverain de quatre pays de la région africaine des Grands Lacs : le Burundi, la République Démocratique du Congo(RDC), la Tanzanie et la Zambie.
Le directeur général Ndarihonyoye a signalé en outre qu’indépendamment de ces résultats, les sociétés de recherche enregistrées depuis 2006 au Burundi, ont certes essayé d’interpréter ces données existantes ; mais, à ce jour, n’ont pas encore réussi à fournir de nouveaux éléments dans le sens de donner un coup d’accélérateur au processus de recherches des hydrocarbures au Burundi.
Pour lui, cela est dû par le fait que l’exploration sur le lac Tanganyika, est « en elle-même difficile » dans la mesure où elle exige des moyens techniques appropriés.
A ce jour, a-t-il déploré, toutes les sociétés auxquelles le Burundi a déjà recouru dans la recherche des hydrocarbures, aucune d’entre elles n’a été en mesure de pousser plus loin les explorations ad hoc.
M. Ndarihonyoye a souligné que comme la plupart des hydrocarbures se trouveraient dans la partie des eaux burundaises du lac Tanganyika sont « liquides ou gazeux », il est très difficile pour le Burundi de mener des recherches et des explorations en solo sans recourir au partenariat avec la RDC qui lui est directement frontalière.
« Alors, comme on est en présence des hydrocarbures fondamentalement de nature liquide et gazeuse, qui peuvent circuler dans un sens comme dans un autre, il serait difficile de dire que le Burundi peut arriver à bout des recherches et des explorations ad hoc sans une étroite implication de la RDC », a-t-il tranché.
Eu égard à ce défi, a-t-il poursuivi, les autorités du Burundi sont déjà en pourparlers avec celles des trois autres pays riverains (RDC, Tanzanie et Zambie) du lac Tanganyika, afin de conclure des mémorandums d’entente et des contrats de collaboration, afin que le processus d’exploration des hydrocarbures dans les eaux du lac Tanganyika, soit conjointement piloté.
Pour le cas spécifique du Burundi, a-t-il explicité, les travaux conjoints en la matière seront menés directement avec la RDC pour donner un coup d’accélérateur au processus en question.
« L’exploitation conjointe burundo-congolaise n’a pas encore commencé ; mais pour aller de l’avant, il va falloir que les deux pays se convienne pour un partenariat avec une société qui pourra avoir du côté du Burundi un bloc, et du côté de la RDC un bloc, enfin de faire d’exploration d’ensemble », a-t-il expliqué.
Le directeur général Ndarihonyoye a souligné qu’à la suite des difficultés évoquées ci-haut, le Burundi est dans l’incapacité d’estimer aujourd’hui, de manière quantitative, les réserves d’hydrocarbures déjà évaluées.
Pour lui, cela est dû au fait que le Burundi manque des techniciens, en l’occurrence des géophysiciens et des géologues pétroliers formés, mais aussi à cause d’un budget insuffisant ne permettant pas au pays de se doter en équipements modernes nécessaires pour accélérer la recherche et l’exploitation des hydrocarbures.
Car, a-t-il ajouté, l’enveloppe budgétaire allouée annuellement à la recherche des hydrocarbures et des minerais au Burundi, ne dépasse pas 40 millions de francs burundais ; d’où il reste « très insignifiant » par rapport au budget national.
Le Burundi devrait rectifier le tir en s’efforçant d’emboîter le pas aux autres pays de la CAE comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda qui, aujourd’hui, sont dotés de comités nationaux pour la recherche et l’exploitation des hydrocarbures, avec des moyens financiers et techniques suffisants pour réaliser leurs ambitions respectives, a-t-il recommandé.
Ces Etats partenaires du Burundi au sein de la CAE sont déjà avancés au niveau de l’exploitation des hydrocarbures, a-t-il révélé en citant la Tanzanie qui exploite déjà le gaz, ainsi que le Kenya et l’Ouganda ayant déjà évalué leurs réserves, tout en étant en train de mettre en place leurs infrastructures de raffinage du pétrole.
A ses yeux, ces assises régionales rotatives de la CAE pour la recherche des hydrocarbures, constitue un bon atout pour le Burundi dans la mesure où elles incarnent des canaux d’attraction de l’investissement extérieur et d’importation de la technicité déjà mise en place au niveau de ces pays déjà avancés.
Le Burundi est confiant en la matière au niveau des perspectives d’avenir, a-t-il laissé entendre par ailleurs en faisant remarquer que le lac Tanganyika est dans le prolongement du système du Rift Valley de l’Afrique de l’Est où on trouve le lac Kivu riverain du Rwanda où on a déjà trouvé du gaz méthane.
Source Xinhua