« Bien que cette pandémie nous impose une limitation de mouvements, vous manifestez par votre présence ici que le niveau de relation entre le Burundi et le HCR ne peut nullement être mis en quarantaine, peu importe l’ampleur de la pandémie’’ a dit le ministre Gervais Ndirakobuca à son hôte.
Selon le ministre de l’Intérieur, le Burundi héberge un nombre important de réfugiés comme il dispose également des burundais réfugiés à l’extérieur du pays. Ces réfugiés burundais se trouvent dans les pays suivants : Tanzanie, République démocratique du Congo, Rwanda, Ouganda, Kenya, Malawi, Zambie et ailleurs.
Le gouvernement du Burundi s’est fixé comme objectif prioritaire, le rapatriement de ses filles et fils qui ont quitté le pays depuis des années, parce qu’on ne peut pas aspirer au développement durable qui exclut une partie de la population du seul fait d’être refugiés à l’extérieur du pays.
Selon le ministre Gervais Ndirakobuca, depuis le 1er Aout 2017, le Burundi a accueilli 147.496 personnes rapatriées. Pour le suivi de ces rapatriés, le ministère de l’Intérieur travaille en collaboration avec l’administration et les autres ministères pour leur réintégration sociale, scolaire et professionnelle.
Pour le ministre, le gouvernement du Burundi est satisfait de la coopération qui existe entre le Burundi et le HCR pour offrir aux réfugiés burundais des opportunités pour devenir autosuffisants dès leur retour au Burundi. Depuis 2017, plus de 98.00 réfugiés ont reçu un paquet-retour dont quelques 19.000 depuis le début de 2020.
Concernant les défis liés à cette activité de rapatriement, le ministre Gervais Ndirakobuca a évoqué les défis en rapport avec le ‘’kit retour’’ insuffisant et la nécessité d’une réintégration rapide.
Le gouvernement estime qu’en plus du paquet retour, une action devrait être menée pour que les rapatriés puissent bénéficier d’un habitat décent au lieu d’avoir seulement des bâches qui se détériorent en un laps de temps.
Le ministre a saisi cette occasion pour appeler les partenaires à mobiliser davantage de fonds pour réaliser une réintégration socio-économique des rapatriés dans la communauté hôte.
Particulièrement dans ce contexte de pandémie COVID-19, le gouvernement souhaite qu’un accent particulier soit mis sur la prise en charge des rapatriés testés positifs à la COVID-19. Etant donné leur précarité matérielle, il serait judicieux d’avoir avec l’appui du HCR, un centre de traitement de ces cas positifs tout près des centres de transit.
Les réfugiés installés au Burundi se comptent plus ou moins à 80.000, en provenance presque tous de la République démocratique du Congo. Ces réfugiés et demandeurs d’asile bénéficient d’un traitement qui respecte les normes internationales en matière de liberté, de résidence et de circulation.
« Le Burundi reste préoccupé par la situation à l’Est de la RDC. Il craint que d’un moment à l’autre, il peut y avoir un afflux massif de demandeurs d’asile. A ce moment, le gouvernement serait confronté à un défi majeur de pouvoir les accueillir et les héberger », a souligné le ministre.
Prenant la parole, le Haut-Commissaire Filippo Grandi a affirmé avoir constaté chez les rapatriés la conscience d’avoir fait un choix difficile de rentrer dans leur pays après plusieurs années d’exil. Malgré la conscience des défis qui les attendent, ces rapatriés sont aussi pleins d’espoir et de confiance pour leur vie, contents aussi de rentrer dans leur pays natal. Le haut-commissaire a fait savoir que ce qu’il entendu au Rwanda c’est que davantage de réfugiés burundais sont inscrits pour rentrer dans leur pays.
Le Haut-commissaire a également évoqué la responsabilité des uns et des autres dans la réussite de ce rapatriement. Selon Filippo Grandi la responsabilité primaire appartient au gouvernement et aux autorités dans les communes et les provinces. C’est au gouvernement d’assurer la sécurité de ces personnes, parce que c’est à cause du manque de sécurité, la crainte d’être tué ou persécuté qu’elles étaient parties en exil. Pour Philippo Grandi, le gouvernement a aussi la responsabilité de leur assurer l’accès à l’emploi, ce qui est aussi un grand défi.
Mais ce n’est pas seulement le rôle du gouvernement d’assurer un rapatriement réussi, c’est aussi la responsabilité de la communauté internationale d’aider le gouvernement à le faire, et d’aider les rapatriés et même tous les autres burundais à sortir de l’impasse et de la crise, pour un meilleur lendemain.
« Vous avez souhaité Monsieur le ministre que je sois l’ambassadeur de cet effort ! Avec votre collaboration, je vais certainement devoir le faire, je ne serais pas venu ici si ça n’était pas le cas », a conclu le haut-commissaire. Le diner s’est clôturé par un échange de cadeaux.