Remaniement ministériel en Tanzanie avec une femme à la Défense

La présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a nommé à la tête du très stratégique ministère de l’Energie January Makamba, limogé du gouvernement en 2019 par l’ancien chef de l’Etat John Magufuli qui l’accusait de l’avoir critiqué.

Samia Suluhu Hassan, qui a succédé à John Magufuli décédé subitemment fin mars, a également nommé deux femmes, Stergomena Tax et Ashatu Kijaji, respectivement aux postes de ministre de la Défense et de ministre de la Communication et des technologies de l’information, dans le cadre d’un léger remaniement de son gouvernement annoncé dans la nuit de dimanche à lundi.

Aujourd’hui âgé de 47 ans, January Makamba avait été limogé en juillet 2019 de son poste de vice-ministre de l’Environnement, après que le président John Magufuli l’a accusé de l’avoir critiqué lors d’échanges téléphoniques avec d’autres personnalités du parti. M. Magufuli, surnommé « le bulldozer » pour son style autoritaire, ne cachait pas qu’il écoutait les conversations téléphoniques des membres de son gouvernement.

Menacé d’être exclu du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM) pour ce comportement, January Makamba, dont le père est un ancien secrétaire général du CCM, avait dû présenter des excuses à Magufuli pour échapper à des sanctions. January Makamba avait brigué l’investiture du parti pour la présidentielle de 2015 contre Magufuli, qui avait été désigné, puis élu.

Le ministère de l’Energie est un portefeuille majeur en Tanzanie, qui dispose d’importantes réserves de gaz naturel et qui a actuellement la charge de la construction du gigantesque projet de barrage hydroélectrique dans la réserve naturelle de Selous. Ce projet est source de controverses avec des organisations de protection de l’environnement.

A la tête de la Tanzanie et du parti CCM depuis avril, Samia Suluhu Hassan a d’abord donné des signes de rupture avec son prédécesseur notamment dans sa gestion de la pandémie de coronavirus, constamment minimisée par Magufuli, et en se disant prête dès avril à défendre la démocratie et les libertés fondamentales.

Mais l’arrestation fin juillet du leader du principal parti d’opposition Freeman Mbowe, dénoncée par des associations de défense des droits et des pays occidentaux, a nuancé cette rupture. M. Mbowe est actuellement en procès pour « terrorisme ».

 

La Tanzanie nomme sa toute première femme ministre de la Défense

Agence Anadolu, 13.09.2021

– La nomination de Stergomena Tax pourrait stimuler les efforts de lutte contre la menace terroriste croissante dans la région, selon les experts.

Le président tanzanien a nommé lundi la toute première femme ministre de la Défense du pays, une décision qui, selon les analystes locaux, pourrait stimuler les efforts de lutte contre le terrorisme dans la région.

Stergomena Tax prends désormais la tête du ministère de la Défense et du Service national, succédant à Elias Kwandikwa, décédé le mois dernier.

Tax a récemment pris sa retraite en tant que secrétaire exécutive de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un poste qu’elle occupait depuis 2013.

« Je pense qu’elle est bien placée pour lutter contre le terrorisme régional. Elle peut utiliser efficacement ses yeux et ses oreilles pour voir les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur », a déclaré Silvio Mnyifuna, un commentateur politique local.

La Tanzanie est une superpuissance militaire dans la région qui peut apporter son expertise dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il affirmé.

« Tax est très bonne dans le leadership participatif. Je pense qu’elle peut faire équipe avec d’autres dirigeants régionaux pour garantir que la paix et la sécurité prévalent », a ajouté l’expert.

La nomination de Tax intervient à peine un mois après que la Tanzanie a proposé d’abriter un centre de lutte contre le terrorisme pour participer aux efforts du bloc régional de la SADC dans sa lutte contre une insurrection croissante qui menace la stabilité dans la région.

Le président Samia Suluhu Hassan, arrivé au pouvoir en mars, s’efforce de restaurer la confiance des investisseurs dans les installations de gaz naturel du pays à sa frontière sud avec le Mozambique.

Selon un communiqué de la SADC lors d’un sommet tenu au Malawi le mois dernier, le centre antiterroriste qui sera basé en Tanzanie devrait offrir des « services consultatifs dédiés et stratégiques » à la région, sur les menaces terroristes et la cybercriminalité.

Malgré son expérience en matière de paix et de stabilité dans une région en proie à des conflits et des troubles civils, la Tanzanie, pays d’Afrique de l’Est, est confrontée à une menace terroriste croissante à sa frontière sud avec le Mozambique.

Source AFP