Le commerce transfrontalier frappé de plein fouet

Chrysologue Mutwa : « Un comité national chargé de l’identification et la suppression des barrières non tarifaires afin de rendre le commerce plus aisé. »

Les barrières non-tarifaires et la pandémie de la Covid-19 sont quelques-uns des problèmes qui minent le commerce transfrontalier. Cette situation pousse les commerçants vers le secteur informel à leurs risques et périls.

Depuis 2012, C. N. fait le commerce entre le Burundi et la RDC. Il raconte que depuis l’année dernière, son commerce tourne mal suite à la Covid-19 et les frais de dépistage sont venus enfoncer le clou. Ses principaux clients sont des Congolais et ceux-ci déplorent la cherté des frais du test de la covid-19 qu’ils doivent passer avant d’accéder sur le territoire burundais.

« Même si le Burundi a récemment diminué les frais du test de 30 dollars à 15 dollars, ils restent élevés », se lamente un commerçant congolais.

Il explique qu’il paie 15 dollars pour chaque entrée au Burundi. Pourtant, pour la République démocratique du Congo(RDC) c’est seulement 10 dollars exigés pour toutes les entrées durant deux semaines.

Les commerçants qui exercent le commerce transfrontalier s’indignent car ils font face à de nombreux problèmes liés à la Covid-19. Certaines frontières sont encore fermées et les autres exigent de longues procédures avant de passer.
D’après eux, cela les décourage et le commerce tourne au ralenti. Ils demandent au gouvernement burundais de revoir encore à la baisse les frais du test de la Covid-19 pour les commerçants étrangers.

Moult défis

Thierry Havyarimana, représentant de l’Association des Commerçants transfrontaliers du Burundi, déplore pour sa part la présence de nombreuses barrières non tarifaires. Il regrette aussi que l’armée et la police congolaise pratiquent la corruption envers les commerçants burundais pour passer la frontière.

D’après lui, ces contraintes poussent certains commerçants vers l’informel, un commerce qui est très risqué surtout pour les femmes (elles sont souvent victimes des violences). « Des séances de sensibilisation sur les conséquences du commerce informel et la réduction des barrières non tarifaires pourraient sauver la situation », estime-t-il.
« Les barrières non tarifaires et les taxes qui ne sont pas officielles limitent le commerce sur les frontières et privent les commerçants de la possibilité de jouir pleinement des avantages que présente ce commerce », constate Aimable Manirakiza, directeur exécutif du Centre for development and enterprises (CDE) Greatlakes.

La RDC est le premier marché d’écoulement avec la vente des aliments, jus, eau minérale et les boissons qui représentaient 36.665.3 millions BIF en 2018 pour atteindre 60.945,5 millions BIF en 2020.

Les exportations vers la Tanzanie constituées surtout par les haricots, savon et huile de palme ont suivi le même rythme. Elles ont considérablement augmenté passant de 5.313,7 millions BIF en 2019 et de 16.436,8 millions BIF en 2020.

Pourtant, les exportations vers le Rwanda, généralement constituées de fruits, évoluent decrescendo, elles étaient de 9.693,6 millions BIF en 2018, elles sont passées à 4.680,6 millions BIF en 2019 et elles ont atteint 149,6 millions BIF en 2020.
Au niveau des importations, la Tanzanie est le premier marché d’approvisionnement avec des marchandises comme le riz, matelas et la farine. Elles ont une valeur de 105.908,3 millions BIF en 2019 à 149.409,2 millions BIF en 2020. La valeur des marchandises provenant du Rwanda et la RDC évolue en dents de scie.

Pour le Rwanda, elles étaient constituées surtout par les pommes de terre et elles ont remarquablement diminué passant de 19.338,2 millions BIF en 2019 à 3.872,6 millions BIF en 2020 et la RDC, on importe surtout les pagnes, chaussures et lait en poudre, elles sont passées de 2.942,1 millions BIF en 2019 à 16.256,9 millions BIF en 2020.

Le ministère en charge du commerce se veut optimiste

Chrysologue Mutwa, directeur général du commerce au sein du ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme(MCTIT), fait savoir que le ministère fait des séances de sensibilisation afin d’amener les opérateurs économiques qui font encore le commerce informel à changer de mentalité.

Il souligne que l’objectif est d’améliorer ce commerce transfrontalier en le rendant d’abord formel. : «Bientôt, des bureaux provinciaux d’information sur le commerce vont être mis en place.»

M. Mutwa reconnaît la présence des barrières non tarifaires et indique qu’il y a un comité national chargé de l’identification et la suppression des barrières non tarifaires afin de rendre le commerce plus aisé. Pour lui, les accords spécifiques avec la RDC en matière du commerce sont en cours de préparation pour impulser le commerce transfrontalier entre les deux pays.

« Les opérateurs économiques peuvent trouver que le marché n’est plus intéressant. Egalement les mesures prises par le Rwanda à cause de la pandémie de la Covid-19 peuvent expliquer cette baisse », estime M. Mutwa, les raisons de la diminution de la valeur des exportations et des importations avec le Rwanda.

M. Mutwa constate qu’il y a lieu d’être optimiste et que la tendance sera inversée grâce aux nombreux efforts liés à l’identification et la suppression des barrières non tarifaires et des séances de sensibilisation sur l’abandon du commerce informel menés par toutes les parties prenantes.

Par Guy Arsene Izere