Par Antoine Kaburahe et Agnès Ndirubusa
« Nous sommes détenues dans un pays du Golfe, nous n’avons aucune assistance, ils nous ont pris nos passeports, aidez-nous… » Ce sont les cris de détresse que nous avions l’habitude d’entendre sur les réseaux sociaux. Des jeunes, des femmes pour la plupart, parties tenter leur chance dans les émirats arabes, l’Arabie Saoudite, etc. Faute de protection, elles se faisaient exploiter. D’autres, considérées comme illégales, étaient arrêtées dans des conditions humiliantes. Le ministre Shingiro doit avoir entendu ces cris et c’est tout à fait à son honneur. Il est parvenu à signer un accord avec tout d’abord l’Arabie-Saoudite. Très heureux, il a confié à Iwacu : « Ce qui m’a poussé à m’investir dans la signature de ces accords c’est avant tout la protection légale et sociale de nos jeunes qui partaient jusqu’ici dans ce pays à la recherche de l’emploi, sans aucune protection légale et sociale. Ces accords vont mettre fin à la clandestinité et aux abus dont certains de nos jeunes étaient victimes », a dit le ministre des Affaires étrangères.
Ainsi, grâce à ces accords, « la mobilité de la main-d’œuvre et le travail domestique» seront encadrés. M. Shingiro reconnaît qu’il est normal que des jeunes partent tenter leur chance ailleurs, « nous voulons ouvrir des opportunités de travail à notre jeunesse qui représente 60% de la population. »Encouragé par l’accord avec Riyad, le ministre burundais espère signer des accords « avec d’autres pays du Golfe ».
Mais concrètement, qu’est-ce que ces accords vont changer pour les jeunes travailleurs dans ce pays ? M. Shingiro énumère plusieurs avantages dont une protection « légale et sociale », la possibilité pour « les travailleurs d’ouvrir un compte bancaire », etc. Ces accords sont une excellente avancée dans la lutte contre le travail clandestin pour tous ces jeunes qui étaient jusqu’ici des proies faciles pour les exploitants de la misère.
Pour rappel, depuis 2017, selon les données de l’OIM, plus de 1 000 personnes ont été identifiées et assistées comme victimes de la traite des êtres humains. Ces migrations clandestines sont principalement constituées de femmes, de filles et d’enfants à destination essentiellement des pays du Golf (Oman, Arabie Saoudite, Qatar, Koweït…)
Le cas le plus récent est celui de Buterere en décembre 2020. Une maison close a été découverte par la police. Un trafiquant avait caché 101 femmes en partance vers les pays du Golfe…
>>Réactions
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Le rapport des États-Unis note d’importants progrès du Burundi dans la lutte contre la traite des personnes
Le rapport indique que le Burundi a réussi à passer de la classification de la liste de surveillance de niveau 3 à celle de niveau 2. Le Burundi fait désormais partie des pays dont les gouvernements ont fait des efforts considérables pour respecter les normes minimales pour l’élimination de la traite des êtres humains, même s’ils ne se conforment pas encore totalement aux normes minimales. C’est la première fois que le Burundi monte dans ce classement.
Selon le rapport, le Burundi est un pays source de la traite des êtres humains, où les trafiquants exploitent des victimes nationales et étrangères dans le pays, ainsi que des Burundais de l’étranger. Adultes et enfants peuvent être contraints au travail forcé, à la servitude domestique, à la prostitution et à d’autres formes d’exploitation sexuelle dans toute la région et dans le monde. Selon les données de l’OIM, plus de 1 000 victimes de la traite des êtres humains ont été identifiées et assistées au Burundi depuis 2017.
Au cours de l’année 2020, le gouvernement du Burundi a posé quelques actes encourageants. Le ministre de l’Intérieur a noté lundi 13 septembre 2021 à l’Assemblée nationale lors de l’adoption du projet de loi sur l’immigration l’augmentation des enquêtes et les poursuites concernant les infractions présumées liées à la traite. Il a également évoqué plusieurs condamnations des trafiquants.
L’Organisation internationale pour les migrations, OIM a salué ses efforts notamment celui en matière d’assistance des victimes. Le pays a également institutionnalisé la formation à la lutte contre la traite des êtres humains pour les agents de la force publique, les procureurs et les fonctionnaires judiciaires.
En outre, le gouvernement du Burundi a développé et mis en œuvre le tout premier système national de collecte de données sur les efforts des forces de l’ordre pour combattre la traite des êtres humains et a formé les procureurs, les fonctionnaires judiciaires et les forces de l’ordre à son utilisation. Cette avancée a été rendue possible grâce à l’engagement du gouvernement et au leadership du comité ad hoc interministériel de lutte contre la traite des êtres humains. Ils ont été soutenus par l’OIM, d’autres agences des Nations Unies et des organisations de la société civile, notamment des organisations non gouvernementales.
Malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la prévention, la protection et les poursuites dans le pays. A cette fin, l’OIM collabore avec le gouvernement du Burundi et son comité ad hoc pour finaliser les procédures opérationnelles standard et développer un mécanisme national d’orientation pour identifier et orienter les victimes vers les services appropriés.
Par Antoine Kaburahe et Agnès Ndirubusa