Quoi d’étonnant cette attitude du patron du Haut-commissariat des Droits de l’Homme à l’ONU envers le Burundi ? Un peu d’histoire sur la famille Zeid de l’antiquité à nos jours.

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La prise de position du patron du Haut-commissariat des Droits de l’Homme à l’ONU clarifie sa compréhension de la dynamique burundaise et s’inscrirait, fatalement, dans le substrat direct de son contexte social. Au risque de se tromper, nous apprenons via diverses sources que la famille Zeid a toujours fait partie de la haute société orientale et que des traces indélébiles se retrouvent un peu partout dans l’histoire, chaude et froide, récente de l’humanité.

Monsieur Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein devant le conseil de sécurité a affirmé sans l’ombre d’un doute que le Burundi était à l’image de la Syrie et de la RDC : un abattoir humain, une affirmation qui a laissé plus d’un dans la stupéfaction la plus totale. Aussi bien ceux qui résident au Burundi que les personnes qui sont en dehors du pays de l’illustre MWEZI GISABO sont tombés des nues et se sont posées la question de savoir quelle mouche avait piqué Monsieur le Haut-commissaire.

Quoi de plus abattoir humain que l’esclavage négrière ?

L’asservissement étant issue du mode de production eurasiatique et patriarcal, cette pratique barbare n’est arrivée qu’à partir de l’année 652, lorsque l’émir arabe Abdallah Ben Saïd et ses soldats envahiront et dévasteront l’Afrique du nord puis imposeront aux Nubiens (Sud de Égypte, Tchad, Soudan, Éthiopie) de leur livrer annuellement plusieurs centaines d’esclaves noirs. Ce fut là le point de départ de la première ponction humaine sur le continent africain.

Cette traite orientale s’inscrivait dans la continuité des pratiques esclavagistes des sociétés de l’Antiquité classique : l’Egypte ancienne, la Mésopotamie, l’Empire romain, notamment, qui ont abondamment eu recours aux esclaves africains pour le travail agricole et la construction des édifices publics et des routes, mais également pour la domesticité. Héritier du monde romain, l’empire byzantin a poursuivi cette pratique jusqu’au cœur du Moyen Age. Edifiés en grande partie sur le territoire de l’Empire byzantin, les empire arabes, à partir du VIIe siècle, ont ainsi continué ce transfert de populations africaines asservies jusqu’aux centres des nouveaux pouvoirs, vers Bagdad et Mossoul par exemple.

Cette pratique de très longue durée a survécu aux nombreux changements politiques et aux bouleversements religieux : du paganisme antique à l’islam, en passant par le christianisme tant grec que latin, l’esclavage des Africains s’est maintenu dans ces sociétés et a été alimenté par un commerce régulier en provenance d’Afrique orientale, de Zanzibar à l’Abyssinie, en passant par la région des Grands lacs. S’il est impossible de mesurer l’ampleur de la traite antique et byzantine, faute de sources fiables, des tentatives de chiffrage de la traite appelée musulmane (ou arabe) – terminologie qui ne fait pas l’unanimité – ont été effectuées. On estime qu’entre 7 et 12 millions de personnes ont été arrachées au continent du VIIe au XIXe siècle. Mais ces chiffres restent l’objet de vives controverses (lire « Conséquences sur l’Afrique »).

Au 14ème siècle déjà des érudits Arabes comme Ibn Khaldoun (de son nom complet Abou Zeid Abd) qui est toujours considéré comme le plus grand savant Arabe de son époque, avançait l’idée selon laquelle les Noirs appartiennent à la race des animaux et devaient être toujours traité comme des sous-hommes. Il prétendait que le seul peuple qui était adapté à l’esclavage était des Nègres à raison d’un degré inférieur d’humanité et que leur place était plus proche du stade animal. Devant ces inepties il faut dire qu’aucune voie sérieuse dans le monde Arabe ne s’est jamais levée pour défendre la cause des Noirs. Jusqu’aujourd’hui la quasi-totalité des intellectuels arabes refusent toute remise. Ces jugements racistes sont récurrents dans les œuvres des historiens et des géographes arabes. Ainsi, Ibn Khaldoun dit « Abou Zeid Abd » assimilait les noirs à des animaux de la vile espèce.

Ibn KHALDOUN (1332-1406), Historien et philosophe Arabo-musulman …

Plus tard et plus proche de nous, Le 17 septembre 1970 en Jordanie, les bédouins d’Hussein attaquent les Fedayin. La 1ère division de Tank de l’armée jordanienne, dirigée par un cousin du Roi Chérif Zeid Ben Chaker bombarde les camps de réfugiés et les permanences des organisations palestiniennes. Au bout de 10 jours, les camps sont rasés et les palestiniens doivent trouver refuge au Liban. C’est ce qu’on a appelé septembre noir. Depuis la fin de la guerre des 6 jours et la prise de la Cisjordanie, les combattants vaincus d’Arafat, les fedayin, ainsi que des milliers de réfugiés, s’étaient installés en Jordanie. Arafat utilisait alors son pays d’accueil comme une base arrière.

Le 27 septembre, Nasser parvient à faire cesser les hostilités. Arafat ne devra son salut qu’en se réfugiant également au Liban, déguisé et aidé par le président du Soudan Noumérie. Le nombre de victimes n’est pas connu : il oscille entre 3500 (sources jordaniennes) et 10 000 (sources palestiniennes). On affirme que la répression de Septembre Noir a fait nettement plus de morts chez les palestiniens que les intifada successives.

Des abattoirs ont existé dans le monde y compris le sien, mais accuser le gouvernement actuel du Burundi d’être un boucher, c’est à dessein, c’est une volonté maccabre de mener à bien leur révolution de couleur en vue du changement de régime, que la défense des droits de l’homme (sic). Et comment qualifie-t-il la région du moyen orient?

Quand il parle d’abattoir, il sait de quoi il s’agit, en tous cas ce n’est pas correct pour le Burundi d’aujourd’hui, s’il puise dans ce passé lointain et présent de son histoire, s’il faut faire plaisir aux néo-colons qui ont décidé de mettre à feu et à sang l’Afrique, en vue du pillage de son sous-sol. Qu’il trouve d’autres moyens à cette fin. Autrement, faudrait-il comprendre qu’il s’agit de l’abattoir qu’ils souhaitent y installer à l’instar de la Lybie, de l’Irak ou de la Syrie? Une clarification de sa part, permettrait à tout un chacun de savoir sur quel pied danser.

L’esclavage fait partie des crimes contre l’humanité. L’Afrique n’a pas encore oublié…

Lu et commenté pour vous, Ruvyogo Michel