Un ancien employé de SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk, a pour objectif ambitieux de satisfaire la soif d’énergie dans le monde. À cette fin, il a fondé Radiant Nuclear, une entreprise qui développe un petit réacteur nucléaire qui devrait tenir dans un conteneur.
Doug Bernauer, le PDG de la société, dit avoir eu l’idée en travaillant chez SpaceX. Là, il a dû déterminer comment les colonies humaines sur Mars pourraient être alimentées en électricité.
Comme le soleil ne brille pas assez sur la planète rouge pour générer suffisamment d’énergie, l’équipe de Bernauer a opté pour l’option nucléaire, plus précisément pour les microréacteurs, qui sont beaucoup plus petits que les centrales nucléaires traditionnelles ou même que les SMR (petits réacteurs modulaires).
Radiant Nuclear veut maintenant mettre en œuvre cette idée sur terre. La société veut développer un réacteur nucléaire miniature, Kaleidos, qui génère plus de 1 mégawatt (MW), soit suffisamment d’énergie, selon Radiant, pour alimenter 1 000 foyers pendant une période de huit ans.
L’énergie façonne l’économie. En pleine transition énergétique, cette newsletter vise à vous donner les clés pour comprendre les enjeux d’une révolution en cours. Le nucléaire est-il dépassé ? L’hydrogène est-il vraiment une solution verte ? Le renouvelable sera-t-il suffisant ?
Notre journaliste Olivier Daelen vous décortiquera chaque semaine les infos à retenir pour devenir incollable sur l’énergie.
Assez petit pour un récipient
Ce système présenterait un certain nombre d’avantages majeurs par rapport aux réacteurs nucléaires traditionnels. Par exemple, sa petite taille (le réacteur serait suffisamment petit pour tenir dans un conteneur) devrait le rendre facile à transporter, ce qui lui permettrait d’être installé dans n’importe quel endroit, y compris dans les lieux qui ont du mal à accéder aux sources d’énergie verte.
Un autre avantage serait le prix : en ne dépendant pas d’une seule centrale nucléaire, qui peut coûter des dizaines de milliards et prendre des années pour être opérationnelle, les réacteurs de Radiant peuvent être déployés de manière beaucoup plus souple et rapide.
Pour le développement des réacteurs, Radiant a un calendrier ambitieux. « L’objectif interne que nous avons est de 200 semaines. Je considère donc chaque semaine qui passe comme un demi pour cent du calendrier », a déclaré M. Bernauer dans une interview accordée à Interesting Engineering.
Ce faisant, l’entreprise souhaite franchir une nouvelle étape tous les six mois. Cet été, elle procéderait déjà à un test du système de refroidissement du réacteur. Il est essentiel que ce système ne pèse pas plus de 12 tonnes, afin que l’ensemble du réacteur ne pèse pas plus de 50 tonnes. Cela le rendrait suffisamment léger pour être transporté par avion.
Le prochain objectif est de terminer le compresseur d’hélium. Bernauer appelle cela « le cœur du système ». Il pompera l’hélium dans le réacteur et l’extraira ensuite. Le système utilisera de l’hélium au lieu de l’eau pour le refroidir, ce qui devrait le rendre plus sûr que les réacteurs refroidis par eau, car l’hélium possède des propriétés chimiques uniques qui le rendent imperméable à la radioactivité et donc incapable d’être contaminé comme l’eau.
Premier produit sur le marché « dans les cinq ans »
En respectant un calendrier strict, Bernauer espère que la technologie sera prête à passer en phase de production d’ici quatre ans. Une fois la production lancée, le PDG envisage la possibilité que le premier réacteur soit sur le marché « dans les cinq ans ».
« En ce moment, nous sommes super concentrés sur la construction de notre produit, ce qui, je pense, est essentiel. Il existe de nombreuses start-up dans le domaine de l’énergie nucléaire qui travaillent sur plus d’un modèle, mais qui n’ont encore rien construit. Je ne pense pas que ce soit une façon saine de gérer une entreprise. »
Selon M. Bernauer, cela pourrait être fait encore plus rapidement. Il évoque le Chicago Pile-1, le premier réacteur nucléaire artificiel au monde, qui a été construit en un an seulement, en 1942. Le PDG de Radiant a également tiré la leçon de son passage chez SpaceX. « Blue Origin existe depuis 22 ans, mais ne vole que depuis cinq ans. Mais chez SpaceX, il y avait une fusée sur le pas de tir après seulement quatre ans. L’exécution est tout. »
(BL) par Andrei Stiru