Face à une situation dangereuse entre la Serbie et le Kosovo, où la question des minorités serbes n’est toujours pas réglée, l’Alliance atlantique a réaffirmé sa volonté de maintenir la paix. Les parties restent prêtes aux pourparlers, mais les différents sont aussi nombreux que tenaces, et la situation internationale rajoute de l’huile sur le feu.
Depuis plusieurs mois, les tensions s’accentuent à nouveaux dans les Balkans, où les minorités serbes et les autorités locales sont sur les dents. En Bosnie-Herzégovine, le leader serbe Milorad Dodik – soutenu par Moscou – exacerbe régulièrement les tensions ethniques, en particulier dans l’armée et les forces de police, et frôle parfois les menaces de sécession.
D’une histoire d’immatriculation…
Mais c’est au Kosovo que la situation s’est le plus dégradée : depuis que Pristina a déclaré qu’elle obligerait les Serbes vivant dans le nord, qui sont soutenus par Belgrade et ne reconnaissent pas les institutions du Kosovo, à utiliser des plaques minéralogiques kosovares, les hostilités couvent. A plusieurs reprises, des barrages routiers ont été mis en place dans les territoires à majorité serbes, plusieurs postes-frontières ont été attaqués, parfois à la grenade, et les échauffourées avec les forces de l’ordre se sont multipliées.
Dans ce contexte tendu, l’OTAN se maintient prête à déployer des renforts pour sa force de maintien de la paix au Kosovo a déclaré le chef de l’alliance ce mercredi, rapporte Euractiv, à la veille de pourparlers facilités par l’UE entre les pays des Balkans occidentaux. « Nous avons maintenant une mission importante, une présence militaire au Kosovo proche de 400 hommes » a rappelé Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse à Bruxelles, en compagnie du président serbe Aleksandar Vučić. « Si nécessaire, nous déplacerons des forces, les déploierons là où c’est nécessaire et augmenterons notre présence. Nous avons déjà augmenté la présence dans le nord. Nous sommes prêts à faire plus. »
… à la question de l’adhésion à l’OTAN
Sur le terrain, la situation s’est quelque peu apaisée après que le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, sous la pression des États-Unis et de l’Union européenne, a accepté de reporter la loi sur les plaques d’immatriculation au 1er septembre et que les soldats de la paix de l’OTAN ont supervisé la suppression des barrages routiers mis en place par les Serbes. Mais les deux pays, en pourparlers, restent en désaccord sur à peu près tout, de l’aveu même de Vučić. Il faut d’ailleurs rappeler que la Serbie ne reconnait pas l’indépendance du Kosovo, déclarée en 2008, mais toujours considéré à Belgrade comme une province autonome.
La volonté du Kosovo de rejoindre l’OTAN ne va guère arranger les choses : « Dans la situation actuelle, les institutions et les citoyens du Kosovo ont des raisons d’être vigilants quant à l’approche destructrice de notre voisin du nord à l’égard du Kosovo et de la région en général dans le cadre de l’agenda néfaste de la Russie pour l’Europe et les Balkans », a lâché Albin Kurti, le Premier ministre du Kosovo. Une véritable provocation du point de vue des Serbes, qui ont subi les bombardements de l’OTAN en 1999, et chez qui le sentiment prorusse reste très fort.
Source: Euractiv
Par Matthias Bertrand