Effectivité de la décentralisation

Effectivité de la décentralisation

Les communes urbaines partent pour le développement pieds joints

Il est des lecteurs du magazine « Burundi Eco »qui ont exprimé leur appréciation de l’article sur la décentralisation des communes de la municipalité de Bujumbura , tout en suggérant de le compléter en diversifiant les sources. Outre l’intervenant dans une assemblée du quartier Kibenga en commune Kinindo qui se trouve être également un ancien responsable de l’administration fiscale,nous avons rencontré l’administrateur communal de Nyakabiga, Mr Eric Nkurunziza ainsi que le directeur général de la décentralisation et du développement local,Mr Jean Marie Ntihirageza.

Pascal Havarimana:”Nous sommes en droit d’invoquer le principe de l’équité fiscal
Selon Pascal Havyarimana alias Kanyosha,un habitant du quartier Kibenga de la commune urbaine de Kinindo qui a exercé de hautes fonctions dans l’administration fiscale,dès lors que les anciennes zones de la municipalité de Bujumbura ont été érigées en communes urbaines,elles auraient dû avoir acquis concurrement la personnalité juridique de la mairie et l’autonomie financière et de gestion.Pour ce faire, chaque commune de la municipalité devrait être dotée d’un comptable à l’instar des autres collectivités locales de l’intérieur du pays. « La province de Bujumbura –Mairie est la seule du pays à gérer les finances communales, la décentralisation décidée depuis de longues années ayant tardé à être effective pour des raisons jusqu’ici restées obscures. Une des conséquences est que les administrations communales doivent s’agenouiller devant le gestionnaire municipal(ou plutôt provincial) pour quémander le moindre matériel, sans compter qu’elles sont obligées d’adresser aux ménages des demandes intempestives d’intervenir pour des tâches normalement réservées à la mairie »,a dit M .Pascal Havyarimana .

De son point de vue, à voir le flux d’argent qui quitte les communes de la municipalité de Bujumbura et qu’on exige à leurs populations respectives de contribuer pour enlever le trop-plein d’un caniveau, c’est quant même trop fort. « Avoir les milliards qui passent sous notre nez et qu’on nous demande d’aller nous-même avec nos mains creuser, ce n’est pas admissible ! »,a –t-il renchéri non sans indignation.

« Le plus énervant est qu’il y’a une certaine opacité de cet argent qui part et dont on ne voit pas le retour »,a dit l’orateur qui soutient fermement que la transparence et la bonne gouvernance sont la lettre d’or de toute démocratie.

« Nous sommes en droit d’invoquer le principe de l’équité fiscale : que fait notre argent ?.A quoi sert notre argent ?, a-t-il souligné pour soutenir que l’obligation de rendre compte permet de savoir si l’argent du contribuable a servi réellement aux œuvres utiles à la communauté.

Une étude préalable est nécessaire

L’administrateur communal de Nyakabiga,Mr Eric Nkurunziza ne nie pas que l’absence de décentralisation des communes de la municipalité de Bujumbura est loin de favoriser le développement de celles-ci. Selon lui, une étude devrait être préalablement menée pour une bonne décentralisation incluant une nouvelle délimitation des communes.

Des solutions comme la pérequation

Aux dires du directeur général de la décentralisation et de la coordination du développement local ,la décentralisation a été l’un des éléments de la bonne gouvernance . « L’état des lieux fait après le démarrage de son processus a fait constater qu’il y ‘avait des forces et des faiblesses en cette matière. Nous remarquons aujourd’hui que les communes de la municipalité de Bujumbura ne sont pas encore décentralisées à l’instar des communes rurales.

Pour qu’on est une décentralisation effective, il faut que la décentralisation aille de pair avec la déconcentration, celle-ci voulant dire qu’il faut mettre les moyens là où il faut. Pour ce qui est des communes de la municipalité de Bujumbura, depuis 2005 ,on disait qu’elles allaient avoir un cadre légal spécifique, mais pour des fins éléctorales, il fallait assimiler les zones aux communes pour qu’on puisse avoir une administration au niveau des communes .

Aujourd’hui, les communes urbaines n’ont pas les moyens nécessaires pour répondre aux préoccupations de la population électrice.

S’il y a des problèmes , elles demandent de l’argent à la mairie,ce qui n’est pas juste pour nous qui sommes de la décentralisation .Ainsi, s’il faut même un carburant ou une rame de papiers ,la commune va directement à la mairie alors qu’il y’ a des choses au niveau communal qui génèrent de l’argent :l’argent est collecté au niveau communal et géré au niveau de la mairie. Ca a une conséquence au niveau du développement parce qu’aujourd’hui , nous avons des partenaires techniques et financiers qui appuient les communes, qui font de la commune la portée d’entrée. Cela veut dire que pour tout développement, ces derniers passent, non pas par le gouvernement central ,mais directement par les communes dans la mise en œuvre des Plans Communaux de Développement Communautaires(PCDC) .

On a essayé de faire des réflexions dans le sens de doter les communes urbaines de l’autonomie financière et de gestion pour qu’on puisse avoir un cadre légal au niveau de la mairie, on a essayé de faire des consultations avec l’appui de nos partenaires pour qu’on puisse avoir une loi spécifique de la mairie de Bujumbura, mais le projet de loi est là depuis que le Conseil des ministres l’ a analysé en 2011 sans être envoyé au niveau du Parlement pour son adoption et sa promulgation.

Il y’avait beaucoup de discussions : on disait par exemple qu’il y’ avait des communes dortoirs et des communes périphériques. On avait cependant arrêté un certain nombre de stratégies comme la péréquation, c’est –à –dire la façon dont l’argent est redistribué aux différentes communes après que l’on ait collecté toutes les taxes », a dit le directeur général en charge de la décentralisation et du développement local. Il a précisé qu’on a mis le texte régissant les communes urbaines de Bujumbura dans le projet de nouvelle loi communale se trouvant à la table du Parlement.

Joëlla Bigirimana