Des chiffres, pas des chaînes : Le Burundi peut et doit produire ses données économiques

Opinion, Economie

Le Burundi, comme de nombreux pays en développement, dépend souvent des données macroéconomiques fournies par des organismes étrangers pour prendre des décisions cruciales en matière de politique économique. Cependant, cette dépendance peut avoir des conséquences graves pour la souveraineté économique du pays. N’est-il pas  grand temps que les décideurs burundais prennent des mesures pour produire leurs propres données macroéconomiques, renforçant ainsi la crédibilité et l’efficacité de leurs politiques.

Les données macroéconomiques, telles que le PIB, l’inflation, le chômage et la dette publique, sont essentielles pour évaluer la santé économique d’un pays et élaborer des politiques efficaces. Elles permettent aux décideurs de surveiller les tendances économiques, de prendre des décisions éclairées et de mesurer l’impact de leurs politiques.

Actuellement, le Burundi dépend en grande partie des données macroéconomiques fournies par des organismes étrangers tels que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Bien que ces données soient précieuses, elles ne devraient pas être la seule source d’information pour les décideurs burundais. Cette dépendance pose plusieurs problèmes :

– En comptant sur des organismes étrangers, le Burundi perd une partie de son contrôle sur les données qui sous-tendent sa politique économique. Les priorités et les méthodologies de collecte de données de ces organismes peuvent ne pas toujours refléter les réalités locales.

– Les données fournies par des organismes étrangers peuvent souvent être en retard, ce qui limite la capacité des décideurs burundais à réagir rapidement aux développements économiques.

Pour garantir une souveraineté économique accrue, le Burundi doit investir dans la production de ses propres données macroéconomiques. Cela peut être accompli en renforçant les capacités des institutions nationales telles que l’Institut de Statistiques et d’Études Économiques (ISTEEBU), l’OBR, La Banque de la République du Burundi, et meme le Ministère des Finances,  pour collecter, analyser et publier des données économiques de haute qualité.

Le pays doit investir dans la formation de statisticiens et d’économistes qualifiés pour garantir la collecte et l’analyse précises des données.Les méthodologies de collecte de données doivent être actualisées pour refléter les réalités économiques changeantes du pays.

Il est aussi  essentiel d’adopter des normes de transparence et de responsabilité dans la production et la publication des données, afin de garantir la confiance des investisseurs et des citoyens.

Il est important de garder à l’esprit que les données macroéconomiques émanant d’organismes étrangers

Selon la AFDB, le ratio dette publique/PIB devrait croître de 1,2 point pour s’établir à 67,6 % en 2023 avant de baisser à 65,5 % en 2024. De plus, la croissance économique du Burundi reste faible et soumise à des chocs, avec une projection de 2,9 % de croissance du PIB en 2023, comparé à 1,8 % en 2022. Cette croissance est principalement tirée par l’agriculture et les services, tandis que l’industrie continue de souffrir en raison de la suspension des activités minières et du déficit en énergie.

 

Cependant, il est important de noter que ces données proviennent de sources extérieures et peuvent ne pas toujours refléter pleinement la réalité burundaise. La production de données macroéconomiques locales renforcera la capacité du pays à évaluer de manière indépendante sa situation économique et à élaborer des politiques en conséquence.

La production de données macroéconomiques nationales est un pas crucial vers la souveraineté économique. En réduisant la dépendance à l’égard des organismes étrangers, le pays peut mieux façonner ses politiques économiques en fonction de ses besoins spécifiques. Les décideurs burundais ont l’opportunité de prendre des mesures audacieuses pour renforcer la crédibilité et l’efficacité de leurs politiques économiques. Il est temps d’agir pour un Burundi économiquement souverain et prospère.

 

 

Par Ntwari James