Médias et société civile : dangereux pour le pays ?
Philippe Ngendakumana Publié le 14-07-2014
Les ministres de l’Intérieur et de la Communication étaient le jeudi 3 juin à la chambre haute du parlement pour répondre aux QUESTIONS orales des sénateurs. Des instructions ont été formulées pour tenir à l’œil la presse et la société civile.
Au nom du Sénat, le sénateur Jérémie Kekenwa se demande si les médias ne risquent pas de replonger le pays dans la crise ©IwacuAu nom du Sénat, le sénateur Jérémie Kekenwa se demande si les médias ne risquent PAS de replonger le pays dans la crise ©Iwacu
Les dérapages de la presse, selon le Sénat
Avant la séance de questions orales au ministre de la Communication, le sénateur Jérémie Kekenwa, a lu, au nom du Sénat, une note dans laquelle il relève les dérapages des médias au Burundi.
La principale remarque du Sénat est que certains médias violent la loi sur la presse et le CODE d’éthique et de déontologie. Ils soutiennent et encouragent les idées de certains acteurs politiques et de la société civile, perdant ainsi leur neutralité. Le Sénat accuse par ailleurs les médias de diffuser des informations non vérifiées et tendancieuses, surtout en ce qui concerne la sécurité et les conflits politiques.
D’après le Sénat, des émissions qui passent sur certains média sont de NATURE à créer le désordre et l’insécurité dans le pays. Il a donné au ministre quelques exemples de faits contraires à la déontologie journalistique. Comme donner un espace à ceux qui appellent à manifester, politiciens ou organisations non gouvernementales. Ainsi en est-il de l’appel à klaxonner ou à porter des habits de couleur verte le vendredi. (signe de soutien à M. Mbonimpa qui porte l’habit vers des prisonnier, NDLR)
Un autre exemple, selon le Sénat, est l’incitation à harceler ou détester des administratifs ou des agents de la justice qui n’ont fait que leur travail. Il en va également de l’utilisation d’un langage codé pour inciter les gens à la révolte ou à la haine. Sur ce point, le Sénat donne l’exemple de chansons ou de certains extraits de discours qui passent durant les journaux, qui diabolisent le pouvoir. La chambre haute a également fustigé la tendance de certains médias à prendre position en politique, ou dans des dossiers pendants en justice. Pour le Sénat, les médias risquent de replonger le pays dans la crise, au lieu d’aider à trouver des SOLUTIONS aux problèmes qui le hantent.
Desiderata BIEN reçu par le ministre Nkezabahizi
Sur ces inquiétudes des sénateurs, le ministre Tharcisse Nkezabahizi (Uproniste, aile Concilie) a promis de faire appliquer la loi, notamment la loi sur la presse et même de faire appliquer le CODE pénal. Mais il prône aussi l’appel au Conseil National de la Communication.
Signalons que la sénatrice Twa Libérate Nicayenzi a exprimé son inquiétude au sujet de la volonté affichée par bien de sénateurs de voir la liberté de la PRESSE restreinte au nom du seul principe que la liberté des uns commence là où finit celle des autres. « La liberté de la presse est un élément qui fait la fierté de notre pays dans la sous-région. Il faudrait continuer à la promouvoir. Les punitions engendrent des frustrations », plaide-t-elle.