Rwanda: l’inquiétude grandit suite à la disparition d’un opposant
(RFI 17/07/14)
Au Rwanda, les dirigeants du Parti démocratique vert ont rencontré mardi 16 juillet le ministre de la Sécurité intérieure pour lui faire part de leurs préoccupations quant à la disparition de l’un de leurs cadres. Le secrétaire en charge de l’organisation, Jean-Damascène Munyeshyaka, était à Nyamata dans le Bugesera, le 27 juin dernier, pour organiser une activité politique. Il a reçu un coup de fil, selon les membres de son parti, il était inquiet mais s’est quand même rendu au rendez-vous et sa famille n’a plus de nouvelles depuis.
La police a affirmé ne pas le détenir et lancé des investigations. Des investigations jugées trop lentes par le Parti démocratique vert alors que du côté du département d’Etat américain, on se dit très inquiet de cette disparition.
Après plusieurs rencontres jugées infructueuses avec les services de police, les principaux dirigeants du Parti démocratique vert ont décidé de se tourner vers le ministre de la Sécurité intérieure. Selon leur communiqué publié à l’issue de cette rencontre, Sheikh Musa Fazil Harerimana aurait promis d’accélérer les enquêtes et d’en faire un cas prioritaire.
Autre sujet de préoccupations pour les Verts rwandais, l’absence de procédure judiciaire, quatre ans après l’assassinat de leur vice-président. André Kagwa Rwisereka avait été retrouvé décapité le 14 juillet 2010. Là aussi, toujours selon le communiqué du parti, le ministre aurait assuré que le dossier n’était pas clos et que les enquêtes se poursuivaient.
Washington « profondément inquiet »
Selon un officiel du département d’Etat américain, Washington est « profondément inquiet » de cette disparition. Une disparition parmi d’autres. Cet officiel rappelle la préoccupation des Etats-Unis suite à une vague de disparitions et de détentions qui a lieu dans le pays depuis quelques mois. Le département d’Etat américain dit en avoir fait part de leurs inquiétudes à de hauts responsables du gouvernement rwandais, se réjouir qu’une partie des portés disparus ait finalement été présentée à la justice mais, toujours selon ce responsable américain, dit craindre que d’autres soient toujours détenus sans respect des procédures judiciaires. « Nous suivons de près tous les cas, ceux qui sont présumés portés disparus ou arrêtés », explique encore cet officiel du département d’Etat américain. « Nous en appelons aussi au gouvernement rwandais pour qu’il garantisse la liberté d’expression et que les lois sur la sécurité nationale et contre le terrorisme ne soient pas utilisées de manière illégitime pour étouffer toute dissidence », a-t-il ajouté.