Le Paside : un cas d’école pour les « petits partis »
(Iwacu 31/07/14)
Trois partis Abasa, Pacona et PPDRR, ont fusionné pour donner naissance au Parti pour la Science, le Développement et l’Environnement (Paside). Pour Aloys Baricako, son président, il n’y a pas mille idéologies politiques au pays.
« Je suis plus à l’aise quand je parle du parti Paside que du PPDR dont j’ai été président pendant neuf ans », déclare Aloys Baricako. L’idée lui est venue de l’expérience du passé. « Aux élections de 1993, 2005 et 2010, le constat est que sur plus d’une dizaine de partis en lice, moins de cinq ont été représentés dans les instances de prise de décision. » Ensuite, Aloys Baricako révèle que les leaders des partis Abasa, Pacona et PPDRR ont été inspirés par la feuille de route convenue à Kayanza entre le gouvernement et la classe politique. C’était au mois de mai 2013 devant le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU.
M. Baricako rappelle que la réunification des partis divisés a été classée parmi les priorités. En outre, dans un contexte où certains partis n’existaient que de nom, il était question de penser à la fusion pour les partis aux idéologies politiques presque semblables.
Enfin, M. Baricako doit cette initiative à la formation reçue au Burundi Leadership Training Program (BLTP) sur le renforcement des capacités des partis : « J’ai compris qu’un programme bien pensé est vendable et attire l’électorat. Et nos trois partis étaient très convergents sur plusieurs projets pouvant avancer la société. »
Histoire d’une fusion réussie
Au départ, huit partis souhaitent la fusion. Toutefois, seuls trois iront jusqu’au bout. D’après M. Baricako, l’objectif est de constituer un parti fort capable de gagner quelques places dans les institutions post-élections de 2015. Le secret de la réussite de la fusion, révèle-t-il, c’est l’adoption d’un profil bas par tous les trois présidents. « Tout le monde est considéré comme un simple militant de ce nouveau parti. » Ensuite, chaque formation a renoncé à son ancienne idéologie. Et c’était parti.
Réunification pour les partis divisés
Agathon Rwasa, se réclamant toujours président du parti FNL, convient que la réunification est un impératif pour constituer une force. Selon lui, la question de perdre des postes dans les institutions ou dans le parti nouvellement constitué cause toujours problème. Et d’en évoquer un autre : « Quand bien même la volonté de la réunification est réelle, le pouvoir continue d’ entretenir des zizanies à l’interne des partis. C’est une entrave sérieuse. »
Léonce Ngendakumana, président du Sahwanya Frodebu, est sans équivoque : « Nous n’avons pas à négocier la réunification. Le pouvoir doit sans condition remettre la présidence des partis politiques à leurs anciens responsables. » Loin de M. Ngendakumana de cautionner la dénomination d’acteurs politiques : « C’est une affaire inventée de toutes pièces et qui doit cesser avant 2015. »
Quant au ministre de l’Intérieur, il affirme haut et fort qu’il n’est pas responsable des divisons internes de certains partis : « Nous sommes prêts à jouer la médiation entre les anciens frères aujourd’hui ennemis. »
De l’avis des analystes politiques, il ne faudrait pas rejeter le tort sur le seul ministère de l’Intérieur, car « il profite de la faiblesse à l’intérieur des partis politiques pour les anéantir. » Et d’encourager la réunification voire la fusion : « Il n’y a pas 43 idéologies politiques au Burundi. »
Léonce Ngendakumana : « Nous n’avons pas à négocier la réunification »