Rapport d’Amnesty sur le Burundi: « tendancieux », « partisan », « purs mensonges » (Bujumbura) (AFP 31/07/14)

Le rapport d’Amnesty International dénonçant une « campagne d’intimidation » menée par les autorités contre l’opposition et les voix critiques au Burundi est « tendancieux et partisan » et constitué de « purs mensonges », a réagi jeudi le gouvernement burundais.

« Le gouvernement du Burundi n’a pas été étonné par la production de ce nouveau rapport tendancieux et partisan de la part d’Amnesty International, rédigé par la main de l’opposition et de la société civile, et qui donc est sans aucune crédibilité pour nous », a déclaré l’AFP le secrétaire général et porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba.

Dans son rapport publié mardi, l’ONG de défense des droits de l’Homme dénonce la « répression contre les libertés d’expression et de réunion pacifique » et la « hausse des violences politiques » attribuées à la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, à l’approche des élections générales de 2015.

« Ces allégations sont de purs mensonges, car les libertés s’exercent au grand jour, que ce soit pour les partis politiques, la société civile ou les médias qui critiquent le gouvernement à longueur de journée », a rétorqué M. Nzobonariba.

Amnesty « cherche à semer la confusion et à envenimer la situation alors qu’on approche de la période délicate des élections, comme elle l’avait déjà fait en 2010 », lors du précédent scrutin boycotté par la quasi-totalité de l’opposition et suivi de violences politiques, a-t-il poursuivi, accusant l’ONG de vouloir « mettre de l’huile sur le feu ».

Le rapport d’Amnesty reprend les inquiétudes déjà exprimées publiquement depuis plusieurs mois par la communauté internationale, concernant la montée des tensions sur fond de violence politique et d’entraves aux libertés au Burundi, à l’approche du scrutin de 2015 dans ce petit pays des Grands Lacs sorti en 2006 de treize ans de guerre civile.

Les tensions se cristallisent notamment autour la volonté présumée du président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, de briguer un troisième mandat, bien que, selon ses opposants, la Constitution l’en empêche, ce que nient ses partisans.

« Les Nations unies, tout comme la communauté internationale (…), se sont laissé manipuler par des groupes d’intérêt comme certains partis d’opposition ou quelques associations en accointance avec ces organisations internationales qui les poussent à l’arrogance », a estimé Philippe Nzobonariba.

L’histoire du Burundi est jalonnée de massacres ethniques et le pays a connu une guerre civile meurtrière entre 1993 et 2006.