Candidate au poste du Secrétaire Général de l’Organisation International de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo la plus Kagamiste des ministres rwandais, sillonne le monde à bord d’un jet privé, pour récolter les soutiens. Elle s’est déjà rendue dans dix-huit pays-dix en Afrique, quatre en Europe, trois en Asie et un au Proche-Orient…Paul Kagamé le dictateur rwandais vient de libérer ses prisonniers politiques personnels au Rwanda, dont l’opposante Victoire Ingabire. Ne faut-il pas que l’autocrate Paul Kagamé vide ses prisons ? Les droits de l’homme sont des épines pour ce pays qui veut diriger 84 Etats et gouvernements. Le Rwanda est un pays agresseur par sa soldatesque et pilleur des ressources de la République démocratique du Congo, premier pays francophone au monde. Bilan plusieurs millions de morts. Le Rwanda n’a pas du coltan dans son son sous-sol mais il en est le premier producteur. Le boum économique tant vanté du Rwanda n’est qu’une chimère. Il est le produit de la rapine, du recel et diverses guerres de pillages orchestrés dans l’objectif de faire miroiter un semblant de développement économique.
Louise Mushikiwaba, la plus Kagamiste des ministres rwandais va-t-elle remplacer la canadienne, Michaëlle Jean, l’actuelle Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ? Pas si sûr. Fondeuse contre la Francophonie qui maintenant veut en occuper le poste tant convoité, Louise Mushikiwabo n’a pas une vision claire de ce qu’elle voudrait faire, tant pour le rayonnement de la langue française dans le monde, que pour la promotion des valeurs communes fondées sur le respect des droits de la personne, les principes démocratiques, les libertés fondamentaux et l’État de droit, tels que décrit dans la Déclaration de Bamako. Pas plus qu’elle n’a des projets spécifiques et novateurs pour la Francophonie. Désignée, Louise Mushikiwabo va-t-elle exiger de son pays le Rwanda de poser l’acte de Zachée en restituant les ressources pillées de la République démocratique du Congo, pays membre ?
Les loups ne se mangent pas entre eux !
La France et le Canada sont deux pays amis dont les relations diplomatiques sont privilégiées. Ils sont deux plus importants pays contributeurs de la Francophonie à hauteur de 50 millions chacun. Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Justin Trudeau, se sont déjà rencontrés, en tête-à-tête, d’abord à Paris, puis à Ottawa. Au menu de leurs discussions, il était question, entre autres, de la Francophonie. Emmanuel Macron et Justin Trudeau ont des positions divergentes sur la Francophonie,chacun est resté campé sur sa position et ils ne se sont pas entendus sur le choix du prochain secrétaire général. On ne sait pas encore de quel côté vont se pencher les autres contributeurs majeurs de l’Organisation, notamment la Suisse, la Belgique – Wallonie-Bruxelles, le Luxembourg et la Principauté de Monaco. Leurs voix pourront être déterminantes pour concilier les points de vue diamétralement opposés entre le président Macron et le premier ministre Trudeau.
Avec sa diplomatie silencieuse, sans trompettes ni tintamarres et non pétaradantes, le Canada déploie ses réseaux et soutient le renouvellement de la candidature de Michaëlle Jean à l’OIF. Le Canada est puisant, puis qu’avec ses trois provinces, il contribue à plus de 50 millions de dollars annuellement, soit environ un tiers du budget total de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Le Canada ne se laissera donc pas humilier, par la non réélection de Michaëlle Jean et sans conséquences.
A Erevan, la France et le Canada sont contraint de s’entendre pour éviter un crash ! La France n’a pas besoin ni intérêt à faire affront au Canada et vice-versa. La réélection ou non de Michaëlle Jean à son poste est une affaire hautement stratégique et politique entre la France et le Canada.
Il y a cinq mois, le 23 mai dernier, c’ était un coup de tonnerre à Paris. Au Palais de l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce que la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, sera candidate pour diriger l’OIF. La France lui donne son appui ! Tollé dans des capitales africaines, la France peut-elle seule se choisir la Secrétaire Général de l’OIF ? La France soutient la candidature de Louise Mushikiwabo, mais c’est au Rwanda, pays membre du Commonwealth, de présenter officiellement sa candidature.
Si la Kagamiste candidate à l’OIF n’arrive pas à se faire élire, ce ne sera aucunement considéré comme un échec de la France.
Début juillet, au fameux sommet de l’UA à Nouakchott, c’est à la manière forte du style Paul Kagamé, que Louise Mushikiwabo, maîtresse de céans et candidate au poste de Secrétaire Général de l’OIF aurait exigé et fait inscrire à l’ordre du jour que l’Afrique vote d’une seule et même voix au Sommet de la Francophonie d’Erevan ! Le malaise était perceptible. Les membres africains de l’OIF sont : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Centrafrique, Congo, RDC, Djibouti, Égypte, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Maroc, Mauritanie, île Maurice, Niger, Rwanda, Sao Tomé, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo et Tunisie. Le Mozambique est observateur. Madagascar, qui a accueilli le dernier sommet de la Francophonie en 2016, avait été suspendu de l’organisation le 2 avril 2009.
A eux seuls, les Chefs d’Etat africains, même comme des moutons de Panurge ne peuvent pas faire élire Louise Mushikiwabo, ils doivent composer avec d’autres chefs d’Etat. Les Africains choisiront en fonction de leurs intérêts nationaux.
Qu’apporte le Rwanda aux autres pays africains ? La culture de la Kalachnikov, d’emprisonnement de ses opposants et journalistes, du pillage des ressources des autres ? En plus, tous les États membres doivent s’acquitter, en temps opportun, de l’obligation qui leur incombe d’apporter leur contribution financière au budget de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Sur ce point, le Rwanda n’est pas non plus un élève modèle. En effet, depuis quelques années, il ne s’est pas acquitté, dans les temps requis, de ses obligations financières envers l’OIF, lui qui a préféré le Commonwealth, et ce, pour une modique somme renégociée.
Michaëlle Jean a été journaliste, puis gouverneure générale du Canada et enfin secrétaire générale de la Francophonie, poste qu’elle souhaite conserver pour encore quatre ans. Pour ce faire, elle doit défendre son bilan, sa gouvernance et ses dépenses.
Michaëlle Jean est restée fidèle à ses engagements d’il y a quatre ans et n’a cessé de se référer, dans son action quotidienne, aux fondamentaux de la Francophonie et d’appliquer, au pied de la lettre, les recommandations de la feuille de route ambitieuse qui lui a été assignée à Dakar. Les Chefs d’Etat africains se plaignent que Michaëlle Jean n’est pas proche d’eux comme le fut Abdou Diouf. Premier ministre puis successeur de Léopold Sédar Senghor à la présidence de la République de 1981 à 2000, Abdou Diouf a été Secrétaire Général de la Francophonie de 2003 à 2015. C’est bien, les Chefs d’Etat africains allaient au 19-21 avenue Bosquet à Paris, rencontrer un aîné, une icône et un homme écouté de l’Elysée. Malgré tout le respect on lui doit, Abdou Diouf en tant que Secrétaire Général de l’OIF a organisé le sommet de Kinshasa en 2012, au grand mépris de la charte de la Francophonie, légitimant une dictature et un régime sanguinaire d’imposture. Cette arrête n’est jamais passée dans la gorge de nombreux congolais de la diaspora.
Si Louise Mushikiwabo venait à être désignée, comme Secrétaire Général de la Francophonie, ce serait par la seule volonté de la France. Si Michaëlle Jean, venait à être maintenue à son poste, elle devra opérer un changement significatif pour contenter ceux qui exigent une plus grande transparence dans la gestion et l’administration de l’OIF.
https://blogs.mediapart.fr/freddy-mulongo/blog/190918/oif-louise-mushikiwabo-michaelle-jean-vers-un-crash-france-canada
Eddy Mulongo – mediapart.fr