source : French.news.cn, 2014-08-25
BUJUMBURA, 20 août (Xinhua) — Les changements climatiques constituent un problème fondamental pour le Burundi dans la mesure où certains de ses aspects compromettent gravement ses efforts de développement humain, indique Jean-Marie Sabushimike, expert en environnement et professeur de Géographie à l’Université du Burundi (UB).
Ce problème est observé principalement dans les domaines de l’ agriculture, des infrastructures, de la santé humaine et de l’ énergie, affirme M. Sabushimike à Xinhua cette semaine en marge de la première Journée de réflexion scientifique sur le changement climatique au Burundi, organisée sur initiative de l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU).
« Tous ces secteurs clés de la nation burundaise sont directement touchés par les impacts des changements climatiques. Donc nous pensons que l’adaptation au changement climatique devrait être une des plus grandes priorités pour ce pays pour la résilience des communautés, plus particulièrement celles réputées les plus vulnérables, en l’occurrence au niveau de la santé publique », ajoute M. Sabushimike.
Pour lui, les sécheresses répétitives viennent en première position.
« Il y a d’abord des sécheresses récurrentes qui ont déjà frappé la majeure partie du nord du Burundi. Dans cette région, fin 2005 début 2006, la sécheresse a été déclarée catastrophe nationale et coûtée une somme colossale de 71 milliards de francs burundais ( environ 45,8 millions USD) en matière de solidarité nationale », souligne-t-il.
Les déplacements massifs des populations burundaises parties au Rwanda et en Tanzanie pour survivre étaient une conséquence d’un fait tout à fait nouveau au Burundi.
Pour l’expert environnementaliste, c’était la première fois où la sécheresse avait atteint pleinement au Burundi les quatre stades, à savoir la sécheresse atmosphérique, le manque de pluies et de nuage dans l’atmosphère, la sécheresse agronomique (les plantes commençaient à sécher) et la sécheresse hydrologique ( tarissement des cours d’eau).
« Ce fut la débandade totale quand la région nordique burundaise du Bugesera a vu ses populations fuir du fait des dégâts environnementaux causés par une sécheresse d’ampleur sans précédent », commente-t-il.
M. Sabushimike insiste sur des plans d’aménagement préventif pour remédier de façon durable à la vieille problématique de sécheresse récurrente dans le nord du Burundi.
« Cela signifie l’adaptation climatique de la région naturelle du Bugesera côté burundais, mais aussi au niveau de son prolongement au Rwanda. Cela signifie qu’autant cette région connaît une végétation adaptée, il faut aussi des cultures adaptées », dit-il, proposant de faire la promotion des cultures vivrières avec des semences à courte saison qui produisent sur une courte durée.
Selon M. Sabushimike, les inondations les glissements de terrain constituent d’autres impacts majeurs des changements climatiques au Burundi.
Les glissements de terrain dans les montagnes qui surplombent la plaine de la région naturelle de l’Imbo frontalière avec l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) constituent des menaces potentielles pour le Burundi, fait-il remarquer.
« Les infrastructures routières qui traversent ces montagnes, sont régulièrement coupées par ces glissements de terrain. Ça, c’ est un autre enjeu majeur sur le plan des changements climatiques que le Burundi devrait suivre de près », declare M. Sabushimike.
Au niveau régional, il met l’accent sur la nécessité d’établir une stratégie régionale pour la prévention des risques et la gestion des catastrophes.
« Dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CEA) dont le Burundi est membre, le Rwanda vient en tête parce qu’il dispose d’un ministère de la Gestion des catastrophes et des réfugiés. Ce ministère dispose des organes et des structures compétents capables de conduire une politique d’adaptation aux changements climatiques. Par rapport à d’autres pays de la CEA, l’Ouganda se cherche encore en matière d’adaptation aux changements climatiques car il subit sans cesse des glissements de terrain très violents, mais aussi des inondations. Le Kenya affiche le même tableau. Quant aux sécheresses, le Kenya subit des sécheresses qu’il n’ arrive pas à juguler et à contrôler. La Tanzanie, c’est beaucoup plus les inondations. La sous-région de l’Afrique de l’Est est vulnérable aux changements climatiques sous plusieurs aspects, et surtout que ces menaces prennent des allures catastrophiques », commente-t-il.
M. Sabushimike préconise le développement de la culture du risque.
« Chez nous la notion de risque n’existe pas dans notre culture. On peut s’installer dans des zones visiblement très instables, à très haut risque d’inondations ou à très haut risque de glissements de terrain. Et on voit que la population n’est pas éduquée. L’éducation environnementale devrait constituer une préoccupation majeure de nos sociétés », relève-t-il.