Après la découverte par des pêcheurs burundais de nombreux corps enveloppés dans des sacs qui flottaient sur le lac Rweru qui sépare le Burundi du Rwanda, il y a une dizaine de jours, qui niaient toute responsabilité dans ces crimes, promettaient des enquêtes pour établir la vérité. Mais celles-ci sont au point mort.
Qui sont les victimes ? Combien sont-elles ? Qui les a tuées et comment ? Toutes ces questions et bien d’autres n’ont pas encore trouvé un début de réponse, alors que côté burundais où l’on a découvert ces cadavres, on assure que les enquêtes sont pratiquement terminées.
Le discours n’a pas varié. « Ces victimes ne sont pas burundaises » jure toujours la gouverneure de la province de Muyinga, qui jouxte le lac Rweru dans le nord-est du pays.
Aline Manirabarusha est formelle. « Ces cadavres étaient charriés par la rivière Kagera ». En provenance de quel pays ? D’un ton gêné, elle renvoie ses interlocuteurs aux livres de géographie. Peut-être la crainte d’évoquer le Rwanda voisin, qui nie tout en bloc depuis le début et a beau jeu de rappeler que ces cadavres se trouvaient dans les eaux territoriales burundaises.
Le problème aujourd’hui c’est que les recherches des responsables burundais ne répondent pas aux normes d’une enquête policière au sens classique du terme. Par exemple seul un des quatre corps repêchés dans le lac Rweru a été extrait du sac qui le contenait et été examiné sommairement par les autorités, avant qu’ils ne soient tous enterrés. Et dans ces conditions, « il y a peu de chances de connaître un jour la vérité, regrette un diplomate en poste à Bujumbura, sacrifiée sur l’autel des relations entre le Burundi et le Rwanda ».