La Tanzanie a promis vendredi de faire la lumière sur un gigantesque scandale de corruption, un détournement présumé de 250 millions de dollars impliquant de hauts responsables du pays qui a poussé plusieurs grands bailleurs à suspendre leur aide.
Selon des députés d’opposition, de hauts responsables du gouvernement ont dérobé quelque 250 millions de dollars (198 millions d’euros) de caisses publiques. Ces accusations ont conduit le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Japon ou encore le Canada à suspendre jusqu’à 558 millions de dollars (440 millions d’euros) d’appui budgétaire au pays.
Vendredi, le vice-ministre tanzanien des Finances, Adam Malima, a affirmé à l’AFP que le gouvernement prenait ces accusations au sérieux et que les enquêteurs « ne ménageraient aucun effort » pour tirer cette affaire au clair.
« Une enquête est en cours, et une fois qu’elle sera terminée, nous prendrons les mesures nécessaires », a-t-il ajouté, sans donner d’indication de calendrier, mais en affirmant que le gouvernement faisait de la lutte contre la corruption « une priorité ».
Les pays qui apportent un appui budgétaire à la Tanzanie « prennent l’affaire qui est en train d’être dévoilée avec le plus grand sérieux et suivent attentivement ses développements puisqu’elle porte sur des montants importants de fonds publics », a déclaré à l’AFP l’ambassadrice finlandaise en Tanzanie, Sinikka Antilla, précisant que la reprise de l’aide dépendrait des résultats de l’enquête.
Mme Antilla préside actuellement un bloc regroupant les principaux pays donateurs de la Tanzanie, mais aussi la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
Le responsable de la Banque mondiale en Tanzanie, Philippe Dongier, a de son côté simplement déclaré que son organisation discutait avec le gouvernement « de l’appui budgétaire ».
Des chefs de l’opposition tanzanienne ont mis en garde contre le risque, pour le pays, de voir partir en fumée des millions d’aide.
« Les donateurs sont en train de retirer des fonds destinés au budget 2014-2015 », a déploré David Kafulila, un député d’opposition à l’origine des demandes d’enquêtes du Parlement. « Si le gouvernement ne prend pas des mesures sérieuses, nos partenaires de développement ne débourseront pas les fonds et des projets de développement en pâtiront ».
L’économie tanzanienne, très dépendante de l’agriculture, mais aussi des exportations d’or et du tourisme, a enregistré une croissance de 7% l’an dernier.
Même si le pays espère tirer de larges bénéfices de réserves en gaz et charbon, près du tiers de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté. Et l’aide internationale lui reste vitale.