La démission du président burkinabé Blaise Compaoré ne peut en aucun cas se passer ailleurs, a déclaré le politologue burundais Julien Nimubona.

« Si un changement aussi important a eu lieu au Burkina Faso, ça ne peut pas nécessairement se passer ailleurs parce que chaque société a sa propre vie, ses propres élites, ses propres politiques et ses propres clivages qui vont déterminer le passage à un changement à un moment historique donné. C’est ce qu’on appelle la théorie de la relativité des institutions », a expliqué M. Nimubona.

Il a indiqué que pour qu’il y ait passage à ce changement, il faut qu’il y ait un certain niveau d’illégitimité des régimes.

« Dès lors que vous avez une combinaison entre l’illégitimité légale et l’illégitimité politique, c’est-à-dire le niveau d’insatisfaction économique, les régimes chutent assez rapidement », explique M. Nimubona.

A cela s’ajoute l’exclusion d’une importante frange de la population qui n’est pas dans le système politique, a-t-il affirmé.

« Il faut qu’il y ait un développement d’une culture citoyenne, c’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait des gens, des élites qui puissent dire qu’il y a une contestation de la citoyenneté, qu’il y a une exclusion d’une importante frange de la population. Dès lors, il se crée un clivage vertical opposant le sommet de l’Etat et la base », a déclaré M. Nimubona.

C’est cela qui s’est passé au Burkina Faso, a-t-il relevé.

Selon M. Nimubona, l’absence de ressources économiques ne donne pas assez de marge de manœuvre aux gouvernants, ce qui conduit à des mouvements de contestation des élites.

« Lorsqu’il y a une crise politique comme celle-là du Burkina Faso, ce sont des jeunes au chômage qui portent quasiment le mouvement. Même des élites peuvent vouloir profiter de ce niveau d’insatisfaction économique. Mais cela ne suffit pas pour qu’il y ait passage à l’insurrection, à la rébellion ou à la contestation », a fait savoir le Pr Nimubona.