Les réserves de Nickel de Musongati, Sud du Burundi, ont été évaluées à quelque 150 millions de tonnes et devraient bientôt faire l’objet d’extraction, a annoncé samedi, le ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, lors d’un débat radiophonique houleux sur l’un des sujets qui rivalisent de passions dans diverses opinions avec les prochaines élections générales de 2015 dans le pays.
C’est la société mixte burundo-sud africaine, « Burundi Musongati mining»(BMM) qui a gagné le marché du nickel après moult hésitations des pouvoirs publics de passer à l’extraction du minerai de toutes les attentes depuis les années 1970.
La société civile, les partis politiques, les médias et même le simple citoyen, ont eux aussi leurs réserves sur le degré de transparence qui a entouré la passation du marché, les capacités techniques et financières du gagnant, les retombées socio-économiques pour le pays, la provenance des 800 mégawatts nécessaires pour extraire le minerai du sous-sol dans un pays qui connait déjà un déficit énergétique abyssal, ou encore l’impact environnemental du projet.
Le marché n’a pas respecté la concurrence, a soutenu l’économiste connu au Burundi et responsable de l’association «Parole et action pour le renouveau et le changement des mentalités (PARCM), Faustin Ndikumana, qui participait au débat sur les antennes de la radio publique africaine (RPA, indépendante) qui revient régulièrement sur le dossier à polémique.
Les 15% de parts du gouvernement burundais dans la société extractrice du nickel, contre 34% pour le secteur privé, ne semblent pas non plus satisfaire l’économiste.
Il y a aussi le chemin de fer qui reste à construire pour faciliter l’importation du matériel nécessaire et l’exportation du minerai vers les marchés étrangers.
Au niveau des procédures légales, le ministre a indiqué que les réserves de ces différentes parties intéressées n’avaient cependant pas lieu d’être, du moment que le Burundi respectait les normes prévues par l’initiative de transparence dans la gestion des industries extractives (ITE).
Le responsable gouvernemental a encore opposé à ses interlocuteurs insatisfaits, l’argument de plusieurs taxes et impôts sur le nickel extrait et vendu qui vont garnir les caisses de l’Etat.
Le ministre n’a, par contre, pas eu de réponse immédiate à l’inquiétude sur la provenance des quelque 800 mégawatts nécessaires pour faire tourner l’industrie du nickel dès lors que son département peine déjà à éclairer les simples ménages avec moins de 50 mégawatts d’énergie hydro-électrique disponibles pour le moment.
Du côté des politiciens, on se réjouit des efforts en cours pour l’exploitation optimale des richesses naturelles dormantes, surtout que la pays en a tant besoin pour booster le développement socio-économique nationale.
L’un des leaders de l’Alliance démocratique pour le changement (ADC, opposition) et ancien Premier vice-président du Burundi, Frédéric Bamvuginyumvira, a plaidé simplement pour la vigilance et la transparence afin que l’impact socio-économique du projet soit positif.
Des générations entières sont nées et ont grandi au Burundi et entendu parler du gisement de Musongati qui dormait depuis 1972, date à laquelle le gouvernement burundais de l’époque, avec l’appui financier de la Banque mondiale (BM) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait lancé les premières études exploratoires.
La communication officielle va, depuis la récente relance du projet, dans le sens de dire au simple citoyen que le nickel va bouleverser sa vie dans un pays qui ne compte pratiquement aujourd’hui encore que sur les quelques dizaines de tonnes de café annuelles pour engranger des devises fortes à l’exportation.
L’autre bonne nouvelle à faire rêver est que le site de Musongati regorge d’autres métaux associés au Nickel comme le fer, le cuivre, le cobalt et le platine.
Le Burundi figure parmi les 10 pays au monde qui possèdent d’importants gisements de Nickel non encore exploités, selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD) en 2009.