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« Je suis burundais, catholique et membre du CNDD-FDD, et pour moi Pierre Nkurunziza demeure un candidat légitime pour le Burundi »

Depuis un certain temps, j’écoute et lis en continu les déclarations de certains membres de la société civile, des confessions religieuses et de l’opposition burundaises, voire de l’un ou de l’autre membre du CNDD-FDD, contre une éventuelle candidature de l’actuel Président du Burundi, S.E Pierre Nkurunziza aux élections de 2015. Mon constat est qu’aujourd’hui le problème n’est pas le mandat Nkurunziza, mais plutôt un Burundi faisant face à une démocratie de séduction, et par conséquent l’apothéose du mensonge qui l’accompagne. Les récentes sorties médiatiques de Pacifique Nininahazwe, de l’Archêveque de Gitega, Mgr Simon Ntamwana, des Sénateurs à vie, Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, de l’Honorable Richard Nimbesha, etc…, constituent quelques unes des preuves.

Que ce soit avant, pendant ou après les élections de 2010, le débat sur la fin du mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza en 2015 n’avait jamais été évoqué par les médias, la société civile, les confessions religieuses ou l’opposition burundaises (encore moins par un quelconque membre du CNDD-FDD). Or, l’on se souvient de tout l’arsenal stratégique et propagandiste mis sur pieds par ces derniers pour barrer la route à une deuxième victoire du parti CNDD-FDD. A la veille des élections de 2010, le débat politique était plutôt dominé par des bruits sur la jeunesse du parti présidentiel, les Imbonerakure, désignés comme une milice qui perturberait le bon déroulement des élections, allant jusqu’à parier que les élections soient possibles en 2010 ; et la suite est connue de tous. Au lendemain de ces mêmes élections, pourtant validées par la CNI et reconnues libres et transparentes par les observateurs tant nationaux qu’internationaux dont le Secrétaire Général de l’ONU en personne, M. Ban Ki-Moon, l’on entend plus parler de ces Imbonerakure qui ne voulaient pas que les consultations électorales aient lieu mais des élections truquées et volées ; là aussi la suite est connue de tous. Diverses tentatives de déstabilisation des institutions ont échoué et la majorité du peuple burundais a continué de montrer sa détermination à progresser vers la stabilité, la démocratie, et le développement.

Mais le Burundi est intégré dans un système international dans lequel pressions et influences créent de l’incertitude sur les choix politiques à effectuer, le curseur balançant entre les attentes du peuple et celles des partenaires extérieurs. Malheureusement, ces attentes sont souvent incompatibles, et seul un leadership rationnel peut survivre à de tels remous. La résistance aux pressions de partenaires extérieurs s’avère quasiment impossible dans la plupart des pays Africains aujourd’hui. Ainsi, dans certains pays où les leaders sont charismatiques et populaires, les détracteurs du pouvoir, faute de légitimité intérieure, ont tendance à se tourner vers les acteurs extérieurs pour les séduire. Pour eux, la fin justifie les moyens. La pilule électorale ayant déjà été avalée en 2010, il est devenu difficile pour les détracteurs du pouvoir de confisquer les acquis populaires. Stratégiquement, ils tentent alors d’affaiblir le régime en touchant aux sensibilités des principaux partenaires financiers du Burundi. Devient fausse toute vérité qui nuirait à leurs intérêts et devient crime contre les droits de l’homme toute action gouvernementale contraire à l’orientation de leurs stratégies. Dès 2012 et galvanisés par l’actualité internationale, ils se lancent dans une campagne mensongère adressée aux foules de la capitale majoritairement hostiles au pouvoir CNDD-FDD, et relayée par certaines chanes médiatiques locales et internationales acquises à leur cause à l’instar de la Radio Publique Africaine (RPA) et la Radio France Internationale (RFI). Ainsi, plus le mensonge est patent et répété, plus la séduction est efficace. Dans cette perspective, certains n’hésiteront pas à recourir à la provocation jusqu’à commettre des délits pour dénoncer un pouvoir tyrannique. Qui pouvait croire qu’en 2012, le pouvoir allait résister encore longtemps à la saga Ernest Manirumva et au dossier des exécutions extra-judiciaires, et j’en passe ? Ces affaires ont semblé, pour le pouvoir et la majorité des Burundais, faire office de distraction, pendant que, ironie du sort, Nkurunziza et ses proches du gouvernement ne cessaient d’être primés à l’étranger pour leur action en faveur de la paix, de la sécurité, de la démocratie et du développement.

Cette détermination du pouvoir Nkurunziza sonna comme un défi pour ceux-là qui auraient souhaité son effondrement avant la date butoir de 2015. Les détracteurs du pouvoir Nkurunziza vont alors trouver une inspiration « magique » dans l’étude du chercheur de l’Université d’Anvers en Belgique, Stef Vandegiste, sur l’éligibilité de Pierre Nkurunziza aux présidentielles de 2015. Malheureusement, cette étude, bien que pertinente, ne fait pas l’unanimité parmi les constitutionalistes et la classe politique car elle ne tient pas compte de la règle générale du Droit qu’est la hiérarchie des normes. Aujourd’hui, au Burundi, le débat est virulent. Pierre Nkurunziza ne s’est pas encore prononcé au sujet de sa candidature, laissant à priori la décision finale à son parti CNDD-FDD qui, par ailleurs, a des juristes qui devront interroger la loi avant de présenter une candidature quelconque à la présidentielle de 2015.

Aussi, je voudrais aborder les récentes et étonnantes déclarations de Mgr Simon Ntamwana, Archevêque de Gitega, et de l’Honorable Richard Nimbesha, ancien sénateur élu dans la circonscription de Bubanza. Leurs propos relèvent visiblement de la manipulation et d’une courte mémoire de l’histoire récente de notre pays.

Tout d’abord, ceux de Mgr Ntamwana, même s’ils s’avéraient fondés, sont dangereux car ils sont de nature à diviser le peuple Burundais sur des bases confessionnelles, en invitant les catholiques à ne pas voter pour Nkurunziza s’il était candidat à la présidentielle de 2015. Qu’adviendrait-il si demain le pouvoir était aux mains d’un dirigeant catholique et que les autres confessions religieuses appelaient leurs fidèles à se rebeller contre ce dirigeant ? Mgr Ntamwana a misé sur la carte de la majorité catholique pour gonfler les rangs de l’opposition. Pour un observateur avisé, la cloche n’a pas tardé à sonner. Ainsi, les soi-disant révélations sur l’assassinat des sœurs italiennes juste après cet exercice ne sont pas le fruit du hasard. L’avenir proche nous réserve sûrement d’autres surprises du même genre. En tant que Burundais et catholique, je m’inscris en faux contre les propos de Mgr Ntamwana, au vu des conséquences néfastes que cela peut avoir sur la cohésion sociale au Burundi. L’amour du prochain et la tolérance font partie des fondements de notre foi chrétienne. L’expérience d’autres pays voisins, tel que la Centrafrique, a montré les limites de tels discours. Le Burundi n’a pas besoin de vivre des tels scénarios pour asseoir une véritable démocratie.

Quant à l’Honorable Nimbesha, je ne peux que lui rappeler que l’heure n’est pas au jeu de l’opportunisme. N’ayons pas une mémoire courte sur notre histoire et nos sacrifices dans notre combat pour la démocratie. L’un des principes fondateurs du CNDD-FDD pour garantir la souveraineté du peuple est que le Burundi puisse avoir des dirigeants élus directement. La Constitution burundaise, en son article 96, reconnait mot pour mot ce principe. En tant que Burundais et Mugumyabanga, je participe donc directement à l’élection du futur Président de la République, et ce, autant de fois que la Constitution burundaise, seule loi fondamentale en vigueur au Burundi, me l’y autorise. Je l’ai fait une première fois en 2010 et je devrais le faire pour la deuxième fois en 2015.

Par Innocent Bano