Il y a de ces faits qui méritent une certaine lumière, tant malgré leur côté anodin (en apparence), il s’agit d’un véritable bouleversement aussi bien au niveau des mœurs que des pratiques. Suite au partage de l’Afrique au profit des anciennes puissances coloniales à la conférence de Berlin (1885), logiquement les langues de ces puissances sont devenues langues officielles des colonies. Par la suite, le fait est demeuré, une fois les indépendances des années 60 acquises. Or pour les tenants d’une Afrique plus « libre » (pour eux, les indépendances furent factices, le néocolonialisme remplaçant l’ancien système, Ndlr), cela passe aussi par des pré-requis comme une langue commune, ou du moins des langues africaines régionales d’obédience continentale. Ainsi, en ce qui concerne le Kiswahili – déjà parlé par des millions d’Africains de l’Est notamment – le fait que la Tanzanie décide d’en faire la langue de l’enseignement secondaire, au détriment de l’anglais, est un acte d’un symbolisme certain.
La Tanzanie laisse tomber l’anglais comme la langue d’enseignement dans le primaire et le secondaire. Cela a été annoncé à la télévision nationale le 14 février par Sifuni Mchome, secrétaire permanent du Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Il a ajouté que le nouveau système supprimerait des examens nationaux pour l’école primaire, désormais, les élèves tanzaniens auront leurs examens finaux après 11 ans dans le cursus primaire et secondaire. Autre nouvelle, l’enseignement secondaire et primaire sera totalement gratuit, en ce qui concerne les écoles gérées par l’État. La réforme vise aussi à rendre les diplômés tanzaniens déjà performants et opérationnels, dès leur sortie du nouveau cycle des enseignements. A noter que le swahili a été choisi par l’Union africaine, comme une 5 langues de travail de l’institution panafricaine, mais dans les faits, cela peine à se matérialiser*. Dans ce contexte, une réforme de l’éducation comme celle qui a été annoncée par les autorités tanzaniennes, et visant à favoriser une langue africaine, ne peut être suivie que de près. Dans une moindre mesure, signalons aussi le cas du Rwanda, qui en 2008, a abandonné le français comme langue de l’enseignement, mais là au profit de l’anglais.