Les manifestations avaient été promises par les activistes virulents et certains opposants. Elles ont rapidement pris une tournure d’émeutes dans certains quartiers de Bujumbura. Déjà trois morts à déplorer. Et du côté du Rwanda, le journal Igihe annonce une augmentation très inquiétante des réfugiés. Ils pourraient passer facilement à 30000! Le Rwanda ne va pas se contenter d’accueillir les fuyards. Comme Kagame ne garde pas sa langue dans sa poche, il va hausser le ton. Il a déjà promis d’intervenir pour ne pas laisser un génocide se commettre au Burundi. Aucune coïncidence fortuite si les manifestations ont pris pour cibles les quartiers pauvres et à prédominance tutsie. Les appels du pied au régime guerrier du Nord tombent dans une oreille favorable!
Certaines sources parlent déjà d’infiltration des agents de renseignements rwandais et des commandos dans le voisin du Sud. Les journaux rwandais aident beaucoup dans la propagande sur les menaces d’un génocide au Burundi. Quoi que les opposants qui appellent à manifester appartiennent aux ethnies différentes, quoi que les forces de police et de défense soient assez représentatives de toutes les ethnies, l’argument du génocide fait recette. Et pour faire avalé les couleuvres au monde, il y a la fameuse carte des Imbonerakure! Et pourtant, ils n’étaient pas dans ces manifestations violentes et où des policiers ont été grièvement blessés? Peu importe, il faut un coupable: c’est cette jeunesse qualifiée de milice et son chef, Pierre NKURUNZIZA. Peut-il se dresser contre les puissances du monde comme Mugabe du Zimbabwe, Omar el Bechir du Soudan ou Al Assad de la Syrie?
Ce lundi matin à Bujumbura, la situation est décrite comme calme. Mais la peur est volcanique dans les esprits. L’activiste Pacifique Nininahazwe a publié sur les réseaux sociaux que des inconnus auraient attaqué certaines familles des manifestants dans la nuit. Image à l’appui d’un homme blessé et qui reçoit des soins dans un hôpital, Pacifique Nininahazwe affirmait que les agresseurs utilisaient des armes à feu et des machettes surtout à Mutakura. Une manière de dire que les agresseurs faisaient tout décourager les manifestants et étouffer dans l’oeuf le mouvement.
Les images des pneus brûlés et de l’intifada à la burundaise, des policiers blessés, des manifestants touchés par des balles défilent sur le Net et sur certaines chaînes de télévision internationales. Pour la Libre Belgique, c’est l’obsession d’un homme qui est en cause. Le journal belge regrette un gâchis après sept ans de paix et d’espoirs solides. Il condamne le président Nkurunziza de plonger le pays dans le chaos au lieu de partir la tête haute.
Alors que le parti au pouvoir au Burundi sollicite la compréhension de ses partenaires sur le cas exceptionnel du mandat de 2005 à 2010, c’est Barack Obama qui inflige un niet catégorique. John Kerry aurait écrit récemment à Nkurunziza pour lui demander de respecter l’accord d’Arusha malgré toutes ses imperfections. A l’annonce de sa candidature pour un nouveau mandat, Barack Obama a fait part de sa profonde déception. Il a menacé de prendre des sanctions contre les gens du système. La Belgique également a déjà donné sa position défavorable au régime de Bujumbura. Il faut dire que l’absence ou le boycott du congrès par les diplomates occidentaux et celui du Rwanda était un message sans équivoque.
Avec ces morts et si le mouvement des manifestations violentes ne s’arrête pas vite, nul ne sera surpris de voir la communauté internationale appeler les dirigeants de la région pour une conférence sur le Burundi. Le Rwanda qui accueille le gros des réfugiés pourrait prendre l’Initiative de cette conférence. Ce sera une tribune en or pour l’opposition et les activistes et une chambre d’accusations pour le régime de Bujumbura. Et les élections n’auraient plus de raison d’être ou à défaut, les observateurs de l’ONU seraient rappelés et ceux de l’Union Européenne ne viendraient plus. Le plan de torpiller le processus électoral a pris une vitesse de croisière. Reste à savoir ce que le CNDD-FDD réserve comme riposte. Quoi qu’il arrive, il faut éviter des morts de plus et créer les conditions du dialogue. Et pas des manoeuvres dilatoires ou un dialogue de sourds. L’avenir d’une nation est en jeu.
Paul Sorongo