Il aura été diabolisé, traité de tous les noms de monstre, trahi même au sein de son camp par des plus proches et rejeté par les puissances occidentales depuis sa prise du pouvoir

Dans le voisinage, son homologue rwandais aura tout tenté pour le déstabiliser à travers des complicités flagrantes avec les aventuriers qui mettaient la capitale à feu et à sang, inventaient des histoires de soutien aux forces honnies par la région que sont les Interahamwe et les FDLR. Nkurunziza était donné pour fini voire même bon pour une cage à la CPI à La Haye. Et sur fond d’accusations montées de toutes pièces: un troisième mandat dit controversé! Angela Merkel peut être réélue dix fois mais ce luxe est interdit aux Nègres! Et ce n’était même pas la question.

L’ombre de Blaise Compaoré aura été bien exploitée pour transformer un président qui n’a jamais commis de coup d’Etat ni ne s’est éternisé des décennies au pouvoir en paria africain. Les Occidentaux auront tout tenté pour éliminer un leader africain dans l’indifférence des pays africains comme ils ont fait pour Kadhaffi en Libye. Alors que Nkurunziza gardait le silence, vaquait tranquillement (du moins apparemment) à ses occupations, il lui était attribué de graves responsabilités dans une crise que les mercenaires des Occidentaux provoquaient à grands matraquages médiatiques. La communication demeure le tendon d’Achille du système CNDD-FDD. On ne le dira jamais assez!

Le prétexte d’un génocide imaginaire

En 2014, des activistes burundais ont alerté l’opinion internationale contre des distributions d’armes par des autorités burundaises aux jeunes affiliés au parti de Pierre Nkurunziza: les Imbonerakure. Ils ont été relayés par des lettres adressées au secrétaire général de l’ONU par la coalition fantoche ADC IKIBIRI. Dans la foulée, un cadre du BNUB a produit un câble dit confidentiel pour endosser les accusations et pousser à une intervention onusienne contre le gouvernement de Bujumbura. Après des enquêtes, il fut démontré que c’étaient des mensonges. Le dossier fut mis de côté et non classé sans suite!

Quelques mois plus tard, les mêmes activistes sont revenus à la charge avec la même accusation de génocide en cours de préparation contre la minorité Tutsie au Burundi. Ils pointaient du doigt les jeunes affiliés au Parti CNDD-FDD: les Imbonerakure. Et d’affirmer que ces jeunes recevaient des entraînements militaires à l’Est de la RDC pour venir massacrer les Tutsis! L’affaire a fait grand bruit et le gouvernement du Burundi s’est retrouvé obligé de rapatrier une position militaire qui surveillait la frontière à partir du Congo. Cette position était connue du gouvernement congolais et de la MONUSCO. Précisons que les USA menaçaient de détruire ladite position au moyen des drônes si le Burundi s’entêtait! Quand John Kerry et Samanta Power dictent la loi!

Quelques semaines après le retrait de la position militaire de Kiliba Ondes, un groupe d’assaillants burundais a attaqué le Burundi à partir de Kiliba Ondes. Plus de cent combattants lourdement armés sont entrés sur le territoire burundais du côté de Cibitoke. Ils comptaient se diriger vers la réserve naturelle de la Kibira, une grande forêt qui devient NYUNGWE du côté rwandais. Les assaillants furent combattus du 30 décembre 2014 au 5 janvier 2015. L’armée burundaise se montra impitoyable en ne faisant que quelques 9 prisonniers. Les autres purent soit rebrousser chemin ou soit défaits. L’armée fit le bilan de plus de 95 combattants tués du côté des assaillants et de 3 militaires côté gouvernement.

Devant le feu impitoyable de l’armée aguerrie du Burundi, les mêmes activistes se mirent à alerter contre un massacre. Ils dénoncèrent des moyens qui leur semblaient disproportionnés et surtout accusèrent les jeunes affiliés au Parti CNDD-FDD de participer aux combats et d’éliminer des assaillants brandissant le drapeau blanc de la reddition! HRW relaya rapidement les dires des activistes et produit en temps record un rapport accablant pour l’armée burundaise et les Imbonerakure. Le gouvernement du Burundi balaya du revers de la main le montage grossier de HRW et produit plutôt son propre rapport. Il reconnut quelques exactions et promit de sanctionner les coupables. Mais où est passé le génocide?

Le traquenard du mandat

Pour mettre un terme à la crise née du putsch sanglant contre Melchior Ndadaye en octobre 1993, les Burundais ont du signer la paix des braves. Ce fut d’abord à Arusha en 2000, entre le gouvernement de Pierre Buyoya et 17 partis politiques ou petits mouvements armés. La guerre ne s’arrêta pas pour autant. Il a fallu trois années de combats violents et d’après négociations avec le CNDD-FDD pour que l’accord global de cesser le feu soit signé à Pretoria. Le CNDD-FDD renonça alors à la guerre et rentra dans les institutions de transition.

Les deux accords ont été exploités pour doter le Burundi d’une constitution adoptée par référendum en février 2005. Dans cette constitution, il fut prévu que par prudence, le premier mandat post transition soit plus placé sous l’autorité du parlement. Le président élu devait l’être non pas du peuple mais par le sénat et l’assemblée nationale réunis en congrès. En conséquence, le parlement pouvait démettre le président mais celui-ci n’avait pas la compétence de le dissoudre!

Dans la constitution, il fut clairement indiqué que le mandat de l’après transition était un mandat exceptionnel. Il faisait donc exception au principe retenu dans les accords d’Arusha: celui d’un président élu au suffrage universel direct pour seulement deux mandats. Autrement dit, Nkurunziza avait toutes les chances de tenter un deuxième mandat au suffrage universel direct. Puisqu’il n’avait été élu par le peuple qu’une seule fois : en 2010!

Cet argument de droit, les Occidentaux ne voulaient point l’entendre. Ils voulaient se débarrasser rapidement de ce leader africain qui les narguait, construisait des écoles et des hôpitaux ou stades sans solliciter leur aide qui tue! Les mesures de gratuité des soins de santé en faveur des femmes enceintes, des mères en couches et des enfants de moins de cinq ans de même que l’accès gratuit à l’enseignement primaire avaient rendu Nkurunziza très populaire. Même les affaires de malversations fondées sur la vente de l’avion présidentiel, la gestion opaque des retombées de la participation des troupes burundaises aux opérations de maintien de la paix dans le monde n’avaient pas enlevé un pouce sur l’attachement des masses populaires à cet ancien rebelle. Et comble de malheur pour les USA et les Européens, Nkurunziza attribuait des contrats d’exploration du sous sol burundais aux mieux offrants: Chinois ou Sud Africains! Des gisements exceptionnels de nickel, de cobalt, d’uranium, de Colombo tantelite voire du pétrole dans le lac Tanganyika, échappaient ainsi aux Occidentaux. C’était intolérable.

Les activistes de la société burundaise, essentiellement de la minorité tutsie, lancèrent la campagne contre un troisième mandat. Plutôt que de saisir la cour constitutionnelle pour avoir une interprétation de la constitution sur certains articles qui semaient la confusion, Pacifique Nininahazwe d’une petite association de moins de 15 membres appelée FOCODE, Vital Nshimirimana d’une nébuleuse appelée FORSC et bien des syndicats dirigés par des extrémistes Tutsis menacèrent d’appeler au soulèvement populaire si d’aventure Nkurunziza se présentait de nouveau comme candidat.

Avec l’appui des Occidentaux, les activistes sillonnèrent l’Europe, furent invités à des conférences et ateliers sur le Burundi: des tribunes pour préparer l’opinion européenne au coup fumant qui se tramait contre Nkurunziza. Celui-ci garda plutôt le cap sur le calendrier électoral proposé par la commission nationale électorale indépendante. Il se débarrassa de son chef de renseignements qui avait été séduit par les Occidentaux qui lui miroitaient un soutien pour être plutôt le candidat du consensus. Et les Occidentaux encouragèrent le plan visant à torpiller le processus électoral sous prétexte de refuser à Nkurunziza un nouveau mandat. Ils tentèrent de diviser le parti au pouvoir en séduisant des élites faibles formées en Europe. ou des opportunistes à l’allure de Brutus.

En effet, les médias privés burundais se mirent à diffuser des messages alarmants: ils annonçaient des plans de tueries à grande échelle contre les Tutsis. Ils affirmaient que des Imbonerakure allaient fondre sur la ville comme des aigles sur des poussins. Ils appelaient la communauté internationale à intervenir pour bloquer Nkurunziza et un plan de génocide.

Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana sont allés jusqu’à produire une lettre demandant à l’ONU d’intervenir pour protéger les Burundais! Ces rumeurs bien relayées par les réseaux sociaux et les médias internationaux comme RFI, France 24, BBC, le Soir et La Libre Belgique ont poussé des milliers de Burundais à fuir le pays vers le Rwanda surtout. Vers le pays du FPR qui arrête le génocide des Tutsis! Et pourtant Kagame fut moins séduit par le jeu dangereux des imposteurs burundais!

Le pot aux roses éclate entre les mains des activistes

Le 25 avril 2015, le parti CNDD-FDD a tenu son congrès. Sans surprise, il a investi Pierre Nkurunziza comme son candidat à l’élection présidentielle prévue en juin 2015. Le lendemain, Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana ont appelé le peuple à descendre dans la rue pour refuser ce choix d’un parti. Premier camouflet: seuls les quartiers de Bujumbura habités essentiellement par des Tutsis ont répondu à l’appel! Le reste du pays demeura calme. Et même dans les quartiers qui ont répondu à l’appel, les adultes ont boudé cette folie de grandeur. Des jeunes et des enfants mineurs se sont déversés sur les rues.

Notez que la candidature de Nkurunziza n’était ni acceptée par la CENI ni déclarée valide par la cour constitutionnelle! Et les activistes de déclarer avec insolence : » Nous ne perdons pas de temps à passer par les procédures légales pour faire entendre nos revendications. La CENI et la cour constitutionnelle sont inféodées au parti CNDD-FDD. Nous allons paralyser le pays et chasser Nkurunziza et son système du pouvoir! « C’était donc une insurrection.

Dès le 26 avril, les manifestants qui se disaient pacifiques ont installé des barricades dans les axes routiers, se sont mis à brûler des pneus et à lancer des pierres aux policiers. Un détail important encore: selon la loi burundaise, quand on veut organiser des manifestations sur les voies publiques, il faut le signaler aux autorités au moins 48 heures avant. Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana ont passé outre cette contrainte légale. En conséquence, les forces de sécurité avaient l’obligation d’empêcher les manifestations pour exiger le respect préalable des lois en vigueur.

Malgré ces comportements va-t-en-guerre, des politiciens ont approuvé la mésaventure des activistes. L’on a vu les anciens présidents Sylvestre Ntibantunganya et Domitien NDAYIZEYE encourager les manifestations et condamner les forces de l’ordre qui empêchaient les manifestants de marcher vers le centre ville. L’objectif était d’occuper le centre ville de Bujumbura et de pousser le gouvernement à la démission comme au Caire avec la place Tahrir!

Ce qui était une manifestation contre la candidature de Nkurunziza a vite évolué en chasse aux jeunes affiliés au parti CNDD-FDD. Des policiers furent diabolisés et tués sous prétexte qu’ils étaient des Imbonerakure. Des jeunes hutus étaient pourchassés, torturés ou lynchés sous les applaudissements des manifestants: car on tuait des Imbonerakure! D’autres personnes innocentes, burundaises ou étrangères, furent arrêtées, soumises à des interrogatoires musclés, aux tortures voire mises à mort sous prétexte que c’étaient des Imbonerakure. Seuls les cas des manifestants tués par des policiers en auto défense ou trop en colère contre des manifestants violents, furent condamnés par les organisateurs de l’insurrection. Des pressions s’intensifièrent contre le gouvernement avec des déclarations de John Kerry interprétant la constitution burundaise pour donner raison aux insurgés! Ou celle de la présidente de la commission de l’Union Africaine contourna les chefs d’Etat pour retirer les observateurs alors que même au Nigeria, sous les hécatombes de Boko Haram, les élections ont eu lieu!

Le jeudi 7 mai 2015, un jeune Hutu, employé d’une société de télécommunications eut le malheur de passer par Nyakabiga, un quartier dominé par des Tutsis et où les manifestants étaient essentiellement des étudiants de l’Université du Burundi. Alors qu’il passait sa route, un manifestant l’interpella en criant: »Voici un Imbonerakure! Je le connais, il travaille pour le service des renseignements. Tuons-le ». La foule se rue sur le malheureux. Il tenta en vain d’expliquer qu’il n’était pas des jeunes affiliés au Parti CNDD-FDD mais qu’il venait de Kayanza et travaillait dans une société de télécommunications. Comme pour le calvaire du Christ, la foule scanda: » A mort! A mort! » Les manifestants se mirent à lui rouer des coups partout, à le frapper à coups de bâtons et des objets tranchants. Comme il agonisant et suppliait, il fut décidé de lui attacher un pneu et de le brûler vif.

Ce supplice du collier infligé à un innocent à Nyakabiga a bouleversé la nation. Il devint, dès ce moment, clair que les manifestations ramenaient les souvenirs macabres de ce qui s’est passé dans la capitale de 1994 à 1996. Les jeunes dits sans échecs et sans défaite, des extrémistes Tutsi pour l’essentiel, ont brûlé des Hutus dans des pneus sous les applaudissements des adultes. Même les parents des manifestants qui ont vu les images ont reconnu que les choses ne pouvaient plus durer.

Ce qui s’est passé à Nyakabiga a sonné l’échec de ceux qui voulaient prendre le pouvoir en contournant les lois et les urnes. Même les médias occidentaux qui défendaient bec et ongles les revendications des manifestants ont changé le fusil d’épaule. Les Occidentaux qui croyaient dans le sérieux des activistes ont déchanté. Ils doivent appeler aux élections et passer à un autre plan. Car, à défaut d’écarter Nkurunziza par la ruse des manifestations, ils pourraient l’abattre comme John Garang, Samora Machel ou Juvenal Habyarimana. Le scénario de la Libye a échoué. Mais les trésors du sous sol burundais échappent encore à la prospérité de l’Occident. Entre les États ce sont les intérêts et Nkurunziza doit tirer la leçon de cette épreuve. S’il a compté sur la Chine et la Russie pour bloquer les élans hégémoniques du conseil de sécurité de l’ONU, il faut se dire que seuls les imbéciles ne changent pas.

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