Un groupe d’experts des Nations-Unies sur les personnes d’origine africaine a recommandé lundi aux autorités belges de présenter les excuses du royaume pour son passé colonial et les atrocités commises durant cette période « sombre » de son histoire. Le groupe d’experts a passé une semaine en Belgique et a rencontré des représentants des autorités publiques, d’ONG et de la société civile. Un rapport final est attendu au mois de septembre mais les experts ont d’ores et déjà posé un grand nombre de constats, notamment sur le passé colonial du pays qui semble trop largement ignoré.
« Nous pressons le gouvernement de présenter des excuses pour les atrocités commises durant la colonisation », a expliqué le président de ce groupe, Michal Balcherzak, dans une déclaration faite à la presse. « Il semble qu’il y ait un mur du silence sur la colonisation. Afin qu’il y ait une vraie réconciliation, que le processus de décolonisation se poursuive, nous pensons que des excuses de l’Etat belge seraient un premier pas », a souligné de son côté le professeur Ahmed Reid.
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Cette réconciliation serait un préalable à une réparation plus large sur le modèle proposé par la communauté des Etats caribéens, qui repose à la fois sur la reconnaissance des actes commis et une série d’actions en faveur du développement.
Le groupe d’experts voit à ce titre d’un bon oeil la proposition de résolution des écologistes sur le travail de mémoire qui doit être mené à propos de cette période, une sorte de « commission vérité », selon lui. Le texte déposé en 2017 était censé revenir à la rentrée parlementaire mais a disparu de l’ordre du jour et il n’a pratiquement plus aucune chance d’être voté avant les élections.
L’enseignement de cette histoire doit être soutenu par le gouvernement, note le groupe d’experts qui évoque également la question controversée des statues de Léopold II ou des plaques commémorant des officiers de la Force publique. Il exprime sa « préoccupation » vu leur « complicité aux atrocités commises en Afrique ». « Nous encourageons la commémoration durable des contribution des personnes d’ascendance africaine et le retrait des marques de la période coloniale », indique le groupe. « Nous n’approuvons pas ces statues », a ajouté M. Balcherzak tandis que M. Reid insistait sur la nécessité d’un débat public.
L’album de « Tintin au Congo » n’est pas oublié. Les experts demandent qu’il soit retiré de la vente ou accompagné de l’appareil critique adéquat. Si la refonte du Musée de l’Afrique de Tervuren est vue d’un bon oeil, elle est toutefois jugée insuffisante et encore trop empreinte d’imagerie coloniale.
Les constats et recommandations visent aussi la situation des personne d’origine africaine aujourd’hui. Le constat est sévère. « Il est évident que la discrimination raciale est endémique dans les institutions en Belgique », note le groupe d’experts.
Leurs constats visent les discriminations à l’emploi, dans le logement ou l’éducation, mais aussi leur sous-représentation dans la plupart des institutions.
L’absence d’un plan de lutte contre le racisme -en souffrance depuis une quinzaine d’années- est également pointée du doigt de même que celle de statistiques sur l’origine ethnique.
La pratique de profilage ethnique par la police, particulièrement après les attentats, est aussi mise en cause ainsi que la situation déplorable dans la prison de Saint-Gilles.
Les constats et recommandations sont au nombre de 74. Si le groupe relève une amélioration sur certains points depuis sa dernière visite, il note aussi de nouveaux problèmes et d’autres qui ne sont toujours pas résolus. Un large fossé sépare souvent la perception qu’en ont les autorités publiques et ce que ressentent les victimes au quotidien, a fait remarquer l’experte Dominique Day.
Le cabinet du Premier ministre n’a pas souhaité réagir. Il souhaite d’abord prendre connaissance du texte.
BELGA