La prestigieuse université américaine Harvard a présenté ses excuses pour la détention depuis près d’un siècle d’un livre français des années 1880 relié avec de la peau humaine, qui va être retirée de l’ouvrage.
Le service des “bibliothèques de Harvard reconnaît ses échecs sur cette affaire qui touche à la dignité d’un être humain dont des restes avaient été utilisés pour relier le livre. Nous présentons nos excuses à celles et ceux qui en ont été affectés”.
L’université, fondée en 1636 à Cambridge, en banlieue de Boston (Massachusetts, nord-est), a déploré que ces “pratiques ne soient pas conformes aux normes éthiques qu’elle s’est fixées”.
“Aucun consentement”
Le service des bibliothèques de Harvard avait révélé en 2014, après des tests scientifiques, que ce livre qu’elle possède depuis 1934 d’un ancien étudiant du début du XXe siècle, était recouvert et relié avec de la chair et de la peau d’un être humain.
Il y a dix ans, Harvard avait expliqué que l’écrivain français avait montré son livre à un médecin et bibliophile, Ludovic Bouland (1839-1933). Ce dernier avait alors eu l’idée de relier l’ouvrage avec la peau d’une patiente atteinte de troubles mentaux et brutalement décédée. Sans “aucun consentement”, précise Harvard.
Les experts appellent cette pratique la “bibliopégie anthropodermique”.
Le médecin Bouland avait laissé une note reproduite en 2014 dans la presse: “Ce livre est relié en peau humaine parcheminée (…) En le regardant attentivement, on distingue facilement les pores de la peau. Un livre sur l’Âme humaine méritait bien qu’on lui donnât un vêtement humain”.
Harvard a précisé que sa “bibliothèque recherchait dorénavant la provenance et des éléments biographiques du livre, sur Bouland et la patiente anonyme et consultait les autorités compétentes de l’université et en France pour trouver comment disposer de ces restes humains de manière respectueuse”.
Le New York Times rappelle que Harvard, qui entretient des bibliothèques et des musées, avait bouclé en 2022 un grand inventaire sur plus de 20.000 restes humains dans ses collections de livres et d’œuvres d’art. Une manière de reconnaître son rôle dans l’esclavage et le colonialisme à partir de la fin du XVIIe siècle, selon le journal.
Source: BELGA