Depuis 2016, le Rwanda refuse les vêtements de seconde main venus d’Europe et des Etats-Unis. Kigali veut promouvoir la confection « made in Rwanda ». Plusieurs pays africains ont déclaré, il y a 3 ans, qu’ils ne voulaient plus être la poubelle des Occidentaux en matière de vêtements.
Aux Etats-Unis, le marché de la « seconde main » pèse des milliards de dollars : ces fripes sont revendues à des entreprises privées qui les expédient par conteneurs entiers en Afrique subsaharienne. En 2016, quatre gouvernements africains ont décidé de refuser ces vêtements de seconde main pour promouvoir leur propre industrie de la confection, une question économique, mais aussi une question de fierté : pourquoi porter les vêtements dont les Blancs ne voulaient plus ?
Le Rwanda, le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie ont donc décidé d’augmenter leurs droits de douane pour les importations de vieux vêtements – en allant parfois jusqu’à les multiplier par 20. L’Afrique de l’est importe environ un huitième des vêtements utilisés dans le monde. La majeure partie de ces vêtements vient des Etats-Unis.
Du coup, le lobby américain du vêtement de seconde main a protesté. Donald Trump a vu rouge, et menacé ces pays africains de rétorsion. Le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie ont cédé et renoncé. Seul le Rwanda s’est obstiné.
Depuis la décision du gouvernement rwandais, l’importation de fripes a chuté d’un tiers. Mais il faut reconnaître que l’industrie textile est balbutiante au Rwanda, elle concerne surtout les classes les plus aisées. Par contre, beaucoup de revendeurs de fripes ont perdu leur boulot. Et beaucoup de Rwandais le regrettent, parce que comme ils ne peuvent pas encore se permettre des habits « made in Rwanda », ils doivent se tourner vers le neuf importé de Chine, de moins bonne qualité.
Finalement, les vainqueurs de cette guerre entre le Rwanda et les Etats-Unis pourraient être… les producteurs chinois.
Jean-François Herbecq et Fr. Wallemacq – rtbf.be