Il est 12h30, ce jeudi, lorsque Michael Harpon, 45 ans, un agent informatique qui travaille à la Direction du Renseignement (DRPP) depuis 2003, fait usage d’un couteau en céramique à l’encontre de trois policiers de la DRPP, dans plusieurs bureaux, tous situés au premier étage du bâtiment C. Il ne leur laisse aucune chance : ils décèdent tous les trois de leurs blessures. Il agresse ensuite dans l’escalier deux femmes, l’une affectée à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne et l’autre travaillant à la direction des ressources humaines. La première décède, l’autre est transportée à l’hôpital dans un état critique..
Il est 12h30, ce jeudi, lorsque Michael Harpon, 45 ans, un agent informatique qui travaille à la Direction du Renseignement (DRPP) depuis 2003, fait usage d’un couteau en céramique à l’encontre de trois policiers de la DRPP, dans plusieurs bureaux, tous situés au premier étage du bâtiment C. Il ne leur laisse aucune chance : ils décèdent tous les trois de leurs blessures. Il agresse ensuite dans l’escalier deux femmes, l’une affectée à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne et l’autre travaillant à la direction des ressources humaines. La première décède, l’autre est transportée à l’hôpital dans un état critique..
L’auteur, qui vient de tuer quatre de ses collègues et d’en blesser grièvement une 5e, sort ensuite dans la cour intérieure de la préfecture. C’est là que s’achèvera son parcours meurtrier. Un policier affecté à l’ordre public et à la circulation sort son arme et lui intime l’ordre de lâcher son couteau. Mais l’homme ne se rend pas. Le policier tire avec son HK G36, l’assaillant s’effondre, touché à la tête. Mort, « neutralisé ».
Emery, interprète, n’a pas vu la scène mais a entendu le tir. « Autour de moi il n’y avait que des policiers, ils ont immédiatement tous dégainé leur arme », décrit le quadragénaire. « Ce n’est pas l’endroit où on imagine que ça puisse se produire » ajoute-t-il. Pensant d’abord à un suicide, il comprend rapidement qu’il s’agit d’autre chose. « Quelques instants plus tard, j’ai vu des policières en pleurs. Je me suis dit que ça devait être grave. Ils étaient en panique, ça courait partout. Beaucoup de personnes étaient en pleurs ».
Policier en pleurs
Un autre témoin, qui a assisté à la scène finale, indique que le policier était lui aussi en pleurs après avoir tiré et tué cet homme, qu’il connaissait sans doute. « Tous les membres du personnel sont blessés et marqués au cœur par ce qui vient de se passer », a indiqué Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur descendu sur place. « L’auteur ne présentait aucune difficulté comportementale ».
Mais au fil de la journée, l’enquête confiée à la brigade judiciaire de Paris, révèle des éléments troublants sur l’auteur du massacre. Le parquet de Paris garde la main, et non le parquet national antiterrorisme, ce qui laisse supposer que la piste terroriste n’est pas envisagée. Vers 16 heures, le procureur de Paris Rémy Heitz précise toutefois qu’il reste « en contact et en évaluation avec le parquet terroriste ». Une perquisition est menée au domicile de Michaël Harpon à Gonesse (Val d’Oise) et sa femme est placée en garde à vue..
Qu’est-ce qui a bien pu motiver cet agent à tuer ses collègues ? Le choix de l’arme (couteau) et la cible (la police) font penser à un acte terroriste. L’homme s’était converti à l’islam depuis 18 mois. Mais la piste du conflit interne (un différend avec sa cheffe ?) restait privilégiée.
Sourd, il s’était converti à l’islam il y a 1,5 an
Qui est ce Michaël Harpon, que certains médias orthographient aussi Mickaël ? Né à Fort-de-France en Martinique, il souffrait d’un léger handicap, il était sourd. Père de famille, il vit avec sa femme, dans un modeste appartement de Gonesse (Val d’Oise). « C’était un couple tranquille », confie un voisin. « Des gens sans histoires. » Selon lui, son épouse est, elle aussi, malentendante. Selon plusieurs médias français, il s’était converti à l’islam il y a un an et demi. Sans que cela ne pose le moindre problème. « Il n’a jamais présenté de difficultés comportementales » ni « le moindre signe d’alerte », a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, descendu sur place.
L’homme de 45 ans était employé comme spécialiste de la maintenance informatique au sein de la très sensible Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), notamment spécialisée dans la lutte antiterroriste. Il y était entré en 2003. Par rapport à son handicap, « il était très fermé, comme un geek peut l’être », a confié au journal Le Parisien un collègue du tueur. « Il fallait se placer devant lui et articuler pour qu’il comprenne. En revanche, il s’exprimait comme vous et moi. »
« Tout le monde est surpris », a aussi confié une fonctionnaire de la préfecture de police, qui a croisé l’auteur de la tuerie quelques minutes avant le coup de folie. « C’est un homme sans histoire, il ne s’est jamais montré violent. »
Rien, jeudi soir, n’accréditait l’hypothèse d’une radicalisation de Michaël. Plusieurs voisins affirment n’avoir jamais remarqué le moindre signe de religiosité. Une autre voisine parle d’un « couple très sympa. Lui allait le soir à la mosquée, mais disait bonjour aux hommes et aux femmes sans distinction. » La cousine de Michaël H., se souvient aussi d’un « mariage pas du tout religieux, simplement une fête dans une bonne ambiance avec un vrai mélange entre Martiniquais et Maghrébins ». Selon divers témoignages, c’est avec un couteau en céramique que l’auteur aurait tué ses quatre collègues policiers. Comment se fait-il que Michaël ait pu entrer dans la préfecture avec cette arme ?
Le député Jean-Michel Fauvergue, l’ancien chef du Raid français, a déclaré sur le plateau de BFMTV, que ce type de couteau posait vraiment problème car il ne bipait pas au détecteur de métaux. Dans la tragédie d’hier, ce n’est sans doute pas le point essentiel. Le tueur avait son badge de service de la police pour entrer, et même un deuxième document lui permettant de pénétrer au cœur même des services de renseignement.
Un lieu ultrasensible où les policiers entrent sans difficulté avec leur arme de service, vu leur fonction. Ce couteau en céramique était-il déjà sur place, dans une kitchenette du service ou a-t-il été amené par le tueur ? Cette question devra être éclaircie par les enquêteurs.
Mais tout cela rappelle tout de même qu’un couteau en céramique peut être une arme redoutable et indétectable par les portiques des aéroports, des prisons, des palais de justice…
Dans les prisons belges, on sait que les fouilles au corps sont interdites. Un agent pénitentiaire ne peut pas fouiller un visiteur qui vient dire bonjour à l’un de ses proches. Il passe certes au détecteur de métaux, mais c’est tout. Si vraiment il y a des indices que la personne porte un objet interdit, une fouille plus approfondie peut être effectuée.