1.- En date du mercredi 13 janvier 2016, le Gouvernement du Burundi a suivi avec attention, mais aussi avec beaucoup d’indignation, la présentation sur la chaîne de télévision Française, France 3, des extraits très violents et macabres d’une vidéo sur de prétendus crimes qui, selon eux, auraient été commis en début de la semaine dernière au Burundi, plus précisément à Karuzi au centre du pays et attribués aux forces de sécurité burundaises, et aux jeunes du parti au pouvoir, appelés Imbonerakure.
La chaîne France 3 précise qu’elle a obtenu ces images auprès de Maître Bernard MAINGAIN, avocat belge qui défend la cause de l’opposition radicale et particulièrement des putschistes du 13 mai 2015.
2.- La diffusion de cette vidéo coïncide curieusement avec l’arrivée attendue d’une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies envoyée pour se rendre compte de l’état de la sécurité dans le pays, une façon donc de chercher à perturber cette visite ou d’influencer négativement ses résultats.
3.- Le Gouvernement du Burundi voudrait informer l’opinion nationale et internationale que les images rapportées par cette chaîne de télévision France 3 n’ont pas été prises sur le sol burundais, encore moins durant ces derniers jours. En témoignent l’aspect vétuste de ces images ainsi que la langue qui y est parlée, qui ne s’apparente à aucune langue ou dialecte utilisés dans toute la sous région.
Le Gouvernement condamne avec la dernière énergie la diffusion de ces images destinées non seulement à ternir l’image du Burundi et ses institutions, mais également à torpiller les initiatives de dialogue interburundais initiées par le Gouvernement et soutenues par toute la communauté internationale.
4.- Le Gouvernement du Burundi attire l’attention de la Communauté tant nationale qu’internationale sur le fait que ce n’est pas pour la première fois que la presse française, en collaboration avec quelques détracteurs du Burundi issus de certains milieux politiques et de la société civile hostiles au principe démocratique, diffuse des informations diffamatoires et outrageantes sur le Burundi, particulièrement dans des moments biens précis de la vie du pays.
5.- L’on se rappellera, en effet, le reportage et la diffusion par la Journaliste Pauline Simonet sur la chaîne de télévision France 24, une année avant les élections de 2015, d’une prétendue rébellion qui se préparait sur le sol congolais à attaquer le Burundi.
Le ridicule de la vidéo, est que le chef de la supposée rébellion appelé Général Moïse, était un congolais rwandophone qui s’exprimait uniquement soit en anglais ou en kinyarwanda. Invitée par le Gouvernement à présenter des excuses pour avoir été manipulée, la journaliste s’y opposa, preuve qu’elle avait été mandatée pour le montage de l’existence de la fausse rébellion.
6.- On se rappellera également tant d’encre et de salive qui ont coulé sur la prétendue formation militaire d’une jeunesse dite «Imbonerakure» à Kiliba Ondes toujours en République Démocratique du Congo: une histoire montée par un soit-disant défenseur des droits humains, Pierre Claver Mbonimpa, président de l’APRODH, pour camoufler une véritable rébellion qui préparait à partir du même endroit l’attaque qui a été perpétrée en date du 30/12/2014 sur Cibitoke en vue de torpiller les élections du mois de mai 2015 et dont les préparatifs étaient avancés.
On gardera aussi à l’esprit le rôle joué par les médias français dans l’exploitation de cet événement, avec l’utilisation des images de cadavres des prétendus Imbonerakure, images truquées et vieilles de plus de cinq ans, une manipulation qui a fini par conduire Pierre Claver Mbonimpa, aux mains de la justice.
7.- Lors de l’insurrection observées dans certains quartiers de la capitale au moment de la période électorale, la Radio France Internationale RFI et France 24 avaient dépêchés des journalistes pour couvrir ce qu’ils prévoyaient comme événement : «un génocide en direct» qui devait accompagner l’insurrection et qui heureusement, à leur grande déception, n’a pas eu lieu. Ces journalistes ont montré un zèle particulier aux côtés des insurgés jusqu’à les solliciter de sortir de leurs maisons particulièrement dans les quartiers de Mutakura et Musaga, afin d’obtenir des images de violence à publier.
8.- La diffusion par la chaîne de télévision française France 3 d’une vidéo extrêmement violente et choquante sur Karuzi et qui intervient à la veille de la visite d’une délégation du Conseil de Sécurité au Burundi rentre dans cette même logique des médias français dans la crise burundaise. Il s’agit d’une stratégie de diabolisation à outrance des institutions, afin de diviser la population burundaise et influencer la Communauté internationale pour qu’elle décide et accélère l’envoi d’une force de maintien de la paix, force naguère réclamée par l’opposition putschiste, mais décriée énergiquement par la population burundaise.
En effet, cette dernière ne trouve pas, pour un pays en paix, avec des forces de défense et de sécurité composées d’une façon rassurante et qui ont déjà prouvé leur efficacité jusqu’au delà des frontières, la nécessité et l’intérêt de l’arrivée sur son sol, des troupes du genre MINUAR ou d’une Opération Turquoise dont l’efficacité dans le pays voisin le Rwanda n’a pas été du tout convaincante.
9.- Le Gouvernement du Burundi s’interroge toutefois, si les autorités françaises approuvent les actions déstabilisatrices de ces médias, ou s’il s’agit d’initiatives personnelles de chaque médium pour des fins purement commerciales, auquel cas le Gouvernement prendra les dispositions appropriées pour mettre fin à la promotion du mensonge, de la haine et des violences qui en découlent, sans exclure la traduction en justice des auteurs de ces montages, y compris maître Bernard MAINGAIN.
10.- Il convient de rappeler que le choix de la province Karuzi n’est pas non plus un fait de hasard, lorsque l’on se souvient qu’il y a à peine deux mois, un militant du parti de l’opposition radicale MSD d’Alexis SINDUHIJE s’est fait attraper entrain d’afficher des tracts appelant la population hutu à exterminer les tutsi, alors que lui-même est tutsi. Il faut s’imaginer ce qui se serait passé dans l’opinion si l’intéressé n’avait pas été surpris en flagrant délit.
Ces montages, avec le cas précis de l’émission de France 3 en tête, prouvent suffisamment à quel degré le GENOCIDE reste une véritable obsession et un fonds de commerce pour certains milieux où chacun tire profit des dividendes soit politiques pour les politiciens et les puissances qui entretiennent l’instabilité au Burundi, soit financières pour les médias à vocation commerciale, pour certains milieux d’affaires comme maître Bernard MAINGAIN et pour tous ceux qui cautionnent les rapports manipulés diffusés auprès de la Communauté internationale. L’argument du troisième mandat du Président NKURUNZIZA n’est donc plus qu’un prétexte pour justifier la mise en exécution d’un plan de déstabilisation du Burundi élaboré depuis de longues dates, maintenant que la vérité commence à éclater au grand jour.
11.- Le Gouvernement du Burundi profite de cette occasion pour démentir et rejeter énergiquement les allégations du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Monsieur Zeid Ra’ad Al Hussein faisant état de massacres ethniques et de violences sexuelles collectives commises par les forces de sécurité burundaises.
Ce rapport va plus loin et dans le sens des détracteurs en affirmant que sur base de témoignages, une menace imminente d’une confrontation ethnique et d’un génocide pèserait sur le Burundi. Il apparaît clairement que les témoignages dont parle l’auteur du rapport ont été recueillis auprès des auteurs des actes terroristes qu’on observe régulièrement dans certains quartiers de Bujumbura. Il s’agit des mêmes sources qui ont inspiré leur avocat maître Bernard MAINGAIN dont la haine et l’aversion envers le Burundi sont connues de tous et qui atteignent aujourd’hui leur paroxysme avec le montage cynique et dénué de toute moralité de la vidéo diffusée par France 3, avec comme seul objectif, la diabolisation des institutions burundaises.
12.- Non seulement ces allégations sont fausses et les menaces alarmistes sans fondement, la composition des forces de sécurité burundaises selon les quotas paritaires ethniquement prévus par les Accords d’Arusha, ne permettent pas de pareils actes de viols ou des exactions à caractère ethnique et encore moins un génocide au Burundi comme le prétend le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
13.- Cette composition ethniquement équilibrée est décrite par les Accords d’Arusha comme un rempart contre le génocide et les coups d’état, cela explique l’échec des dernières tentatives de déstabilisation en l’occurrence la tentative de coup d’état du 13 mai 2015 et la dernière attaque contre des camps militaires le 11 décembre 2015.
Par ailleurs, les victimes des attaques terroristes contre les forces de sécurité s’enregistrent sans distinction ethnique, ce qui explique leur esprit de solidarité lors des opérations de maintien de la paix, que ce soit au Burundi ou à l’étranger. C’est pour cette raison que les ennemis de la paix essaient en vain de diviser ces corps de défense et de sécurité car ils constituent un obstacle majeur à leurs ambitions égoïstes.
14.- Le Gouvernement du Burundi ne cesse de prouver à la communauté internationale que la paix et la sécurité règnent sur tout le territoire national à part quelques attaques menées par des groupuscules terroristes dans certains quartiers de la ville de Bujumbura. Les représentations diplomatiques accréditées au Burundi en sont témoins, ce qui reste à savoir c’est si les rapports envoyés à leurs gouvernements respectifs sont objectifs.
Ainsi, le Gouvernement du Burundi condamne tous ces montages visant à manipuler et induire en erreur l’opinion internationale jusqu’au Secrétariat Général des Nations Unies, son Conseil de Sécurité et à l’Union Européenne, à qui le Gouvernement demande de faire une relecture des rapports alarmistes et manipulés qui leur ont été présentés par certains lobbies ayant des intérêts inavoués à maintenir une situation d’insécurité permanente au Burundi, et revoir leur perception et certaines de leurs positions sur le Burundi.
15.- Le Gouvernement du Burundi tient à réitérer à la communauté tant nationale qu’internationale, sa détermination à assurer l’unité, la cohésion et la sécurité du peuple burundais. Pour ce faire, le Gouvernement s’engage à poursuivre et appuyer sans relâche le dialogue inclusif interburundais déjà initié tant à l’intérieur qu’à l’extérieur sous la facilitation de Son Excellence Yoweri Kaguta Museveni, président de l’Uganda.
16.- Tout en remerciant la communauté internationale et régionale de l’appui incessant qu’elle a toujours accordé au peuple burundais, le gouvernement lui demande de poursuivre ses efforts et l’assistance nécessaire au processus de dialogue inclusif intérieur en cours afin que le Burundi retrouve rapidement la stabilité.
17.- Le Gouvernement termine en félicitant les membres des forces de défense et de sécurité pour leur courage et solidarité malgré l’environnement de travail parfois difficile à cause des défis tant extérieurs qu’intérieurs. Il leur demande de garder cet esprit d’unité et de discipline dans leurs missions quotidiennes tant au Burundi que partout ailleurs où leur savoir-faire sera sollicité.
Et à la population, le Gouvernement demande de rester sereine et soudée et à vaquer aux travaux de développement pour combattre la pauvreté, son seul véritable ennemi.
Bujumbura, le 18 janvier 2016
Le secrétaire Général du Gouvernement et Porte parole du Gouvernement
Philippe NZOBONARIBA.-