Au début de la crise, personne n’aurait pensé qu’elle allait prendre de si longs mois qu’on le pense. Que ce soit ceux qui soutiennent la candidature de Nkururnziza et ceux qui sont hostiles à cette candidature. Chaque personne essayait de voir de quel côté se ranger car en situation pareille, la plupart des politiciens ne visent que des intérêts. Beaucoup de personnes ont été déroutées, d’autres ont été intimidées et d’autres restent toujours dans le silence pour voir où vont basculer les choses.
Se rappelant des Émissions de Kabizi animées par Serge Niyibizi, certains acteurs politiques et de la société civile essayaient de faire peur et intimider les dirigeants de l’époque et la population que si Nkurunziza allait se présenter, il y aura un bain de sang. Oui, une planification qui était connue d’une part puisque ce qui s’était dit est arrivé, et d’autre part, c’était une façon de préparer la population de s’attendre à une nouvelle vague de violences au Burundi. En plus de les inciter à fuir, quitter le Burundi. Si des millions des Burundais allaient fuir comme on l’a vu au Rwanda, les jeunes bien préparés allaient faire l’assaut sur Bujumbura facilement, mais hélas le peuple n’a pas cédé.
Pourquoi cette méthode n’a pas marché? Les pro-acteurs de l’insurrection n’ont pas choisi une bonne cible pour les aider. Actuellement, nous comprenons que le peuple burundais, je veux dire ce peuple qui a été tant ignoré depuis de décennies, a joué un rôle de catalyseur dans cette crise. Cette fois-ci, il a été un mur ou une forteresse pour tout ce monde qui voulait roder autour du changement des institutions sans le consulter. De plus, il a démontré que nous nous ne sommes plus à la période de la « muette ». Cette fois-ci, « la Majorité Silencieuse » n’a pas voulu faire tomber dans l’eau notre démocratie acquise avec beaucoup de sacrifices. Cette population aurait opté l’option de fuir mais elle a voulu s’approprier le fameux slogan du feu Thomas Sankara « la patrie ou la mort ». Cette nouvelle muette a tenu bon, tête haute comme « l’Aigle », non pas comme celui du parti au pouvoir CNDD-FDD mais l’Aigle qui est défini dans le langage populaire des écritures saintes comme un roi des oiseaux à cause de sa force, sa férocité, sa rapidité et son élévation lors de son vol. La ténacité que cette nouvelle muette, de toute composante ethnique aspirant la paix et la démocratie, vient de démontrer devrait faire réfléchir la communauté tant nationale, régionale et internationale. Elle devrait la faire comprendre qui détient le pouvoir maintenant : LE PEUPLE BURUNDAIS. Les politiciens avisés devraient connaître cette nouvelle donne : désormais, tout changement du pouvoir doit passer par le peuple et non pas par la communauté internationale.
Ainsi, ce n’est pas alors à travers la violence que le peuple va abdiquer, mais les politiciens ayant observé cette crise devraient côtoyer ce peuple avec un message de paix, de développement et d’unité pour progresser. Le message de grenades, des obus
du pouvoir, d’opportunisme et de corruption ne passe plus vu le cauchemar que ce peuple a vécu pendant les décennies. De nos jours, le peuple a besoin des leaders au vrai sens du terme comme le définit Myles Monroe : « une personne ayant la capacité d’influencer les autres par l’inspiration motivée par la passion, générée par la vision, produit par une conviction, allumée ou éclairée par un but ». Cette nouvelle muette a besoin gens qui amènent des projets de développement et non de destruction. Pour les personnes avisées et surtout les politiciens burundais, le message de la population a été clair : NON À GUERRE mais OUI AU DIALOGUE INTERBURUNDAIS. Une chose est sûre, Rwasa Agathon a compris le message de ce peuple et d’ici 2020, il va récolter les fruits de ce qu’il aura semé.
Ce qui m’agace davantage dans cette crise, c’est que les anti-troisième mandat ont fait appel aux enfants de Mutakura, cibitoke, Nyakabiga et Musaga pour faire l’insurrection mais leurs enfants sont dans les bonnes écoles, et dorment bien sans souci et s’en foutent des enfants de ces quartiers. Pourquoi encourager les enfants de ces quartiers pauvres en les amenant à l’abattoir au lieu de commencer avec ceux de leurs maisons? Le mot abattoir se base sur le témoignage certains des jeunes qui reçoivent une formation au Rwanda pour une petite période : on ne peut envoyer des jeunes apprentis pour attaquer des camps militaires gorgeant des professionnels! Notre créativité devrait tendre vers des choses qui développent nos familles, nos communautés, nos communes, nos provinces, notre pays, notre région, notre Afrique et le monde entier. Encourageons nos enfants à prendre le chemin de l’école et non le chemin du terrorisme. On ne doit pas rester dans le cercle vicieux de guerre, de haine mais de partage équitable de ce que Dieu nous a donné dans la paix sous le respect des lois et des autorités. La communauté régionale et internationale devrait comprendre d’abord ce que nous, les Burundais, voulons. La considération des propositions données dans le dialogue qui se fait à travers le pays et qui se fera au niveau de la diaspora devrait revêtir d’une importance capitale et ses conclusions devraient être incluses dans notre constitution afin de consolider notre démocratie.
Ce peuple qui est au centre de tout devrait être au centre de tout. Oui, la nouvelle muette ne peut plus être intimidée et tous les changements doivent se faire sous son accord. Ainsi, les initiateurs de la Commission Nationale de Dialogue Interbuundais (CNDI) l’ont compris et méritent l’encouragement pour cet esprit visionnaire et de leadership. Que tous les leaders du Burundi travaillent fort pour répondre aux intérêts des Burundais, en protégeant le peuple burundais, en luttant contre toute forme de corruption, pour la bonne gestion des biens du pays et pour la paix du pays et de la région.
On veut le pouvoir? Consulter la nouvelle muette
On veut le changement des institutions ? Consulter la nouvelle muette
On veut le développement? Consulter la nouvelle muette
Vive notre Dieu
Vive la nouvelle muette qui a restauré la dignité du Burundi
Ndimubandi Jacques