Lors de la 21ème Session du Conseil des Droits de l’homme à Genève, le Burundi a été représenté par Monsieur Martin Nivyabandi, Ministre ayant dans ses attributions les droits humains, les affaires sociales et l’égalité des sexes. Il dirigeait une délégation composée par M. Valentin Bagorikunda, Procureur Général de la République, Willy Nyamitwe, Conseiller Principal à la Présidence de la République et Mme Elisa Nkerabirori, Assistante du Ministre des Droits de la Personne humaine.
Dans sa déclaration lors du Dialogue renforcé sur le Burundi, ce 22 mars, le Ministre Nivyabandi a d’abord exprimé sa sympathie à l’endroit du Gouvernement et du peuple belge suite aux attaques terroristes qui ont tué plusieurs personnes à Bruxelles, la capitale de l’Union Européenne.

Dans son allocution, il a rappelé qu’ “aucun pays au monde ne peut prétendre être parfait en matière de promotion et de protection des droits de l’homme” et q’au Burundi, “il y a certainement des victimes des violations des droits de l’homme”. Ainsi, a-t-il souligné, “il est du devoir du Gouvernement du Président Pierre Nkurunziza, issu de la volonté populaire, de sauvegarder les libertés publiques, de promouvoir tous les droits avec équité et de combattre sans complaisance toute atteinte à la dignité humaine”.

Le Ministre a fait état d’une normalisation de la situation, que ce soit sur le plan social, économique, politique ou sécuritaire, même si des défis persistent. Les crépitements d’armes à feu qui perturbaient la quiétude des habitants de certains quartiers appartiennent désormais au passé et la plupart [des Burundais] qui avaient fui ces localités suite à la perturbation de l’ordre public par des insurgés armés retournent progressivement dans leurs ménages respectifs, a affirmé le Ministre.
M. Nivyabandi a indiqué que le désarmement de la population civile avait permis la récupération, jusqu’au 31 janvier 2016, de 1.108 armes à feu de tous calibres ainsi que 28.795 munitions. Il a ajouté que la «lumière est de plus en plus faite» sur ce qui a failli encore une fois assombrir le cours de l’histoire du Burundi en 2015.

En effet, des témoignages de jeunes hommes qui se rendent aux forces de l’ordre indiquent l’origine des cadavres mutilés qu’on voyait joncher les rues de la capitale chaque matin, et qui ont fait l’objet de fréquents cris d’alarme du Conseil de sécurité, de la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, du Conseil des droits de l’homme, entre autres. Des fosses communes sont découvertes dans lesquelles «ces criminels» enterraient leurs victimes, «contrairement à ce qui avait été annoncé comme quoi les forces de sécurité et l’administration auraient enterré des civils dans des fosses communes».
Le Ministre a tenu à «fustiger une volonté manifeste et affichée de manipuler l’opinion publique sur des questions de très haute sensibilité, comme l’imminence d’un génocide contre les Tutsi du Burundi». Le Ministre burundais, qui a dit être d’origine tutsi et être fier d’appartenir à un pays où la cohésion sociale est une réalité, a ajouté que les Burundais sont confrontés à d’autres défis et ont démontré, en 2015, qu’ils ont décidé de tourner la page en renforçant la culture démocratique, la consolidation de la paix et l’unité nationale. Il a rassuré le Conseil déclarant qu’il «n’y aura plus jamais d’actes de génocide qui viendront endeuiller, encore une fois, la nation burundaise».
M. Nivyabandi a signalé que la question des réfugiés est une grande préoccupation pour son Gouvernement.

Certaines personnes ont fui, prises de panique; d’autres ont quitté le pays logiquement lors de l’insurrection armée qui a débuté fin avril 2015. Le Ministre a constaté que des irresponsables, guidés par la course au pouvoir et servant des intérêts idéologiques étrangers, indiquent publiquement qu’ils ont reçu des entraînements paramilitaires et des armes au Rwanda, certains avouant même l’assassinat des trois religieuses catholiques en septembre 2014 au couvent de Kamenge, les incendies du marché de Bujumbura et du commerce T2000 tenu par des ressortissants chinois.
Le Gouvernement du Burundi accuse également la Belgique, ancien colonisateur, d’avoir initié et entretenu une politique de division, source de toutes les crises sanglantes que le Burundi a connues en 1961, 1965, 1969, 1972-73, 1993, y compris le putsch manqué de 2015, puisque ce pays héberge des putschistes qui jouissent d’un appui logistique de la part de l’administration belge.

Le Ministre a ajouté que le Gouvernement burundais, quant à lui, “pose des actes notables” pour améliorer la situation des droits de l’homme, promouvoir les libertés publiques et d’opinion, la liberté de la presse et surtout, pour créer un climat favorable au dialogue inter-burundais le plus inclusif possible dans les limites des lois en vigueur, et conformément aux recommandations de la résolution 2248 du Conseil de sécurité.

La Commission Vérité Réconciliation a été officiellement établie le 4 mars, dernière étape dans la mise en application de l’Accord d’Arusha. Plus de 200 sur un total de 553 personnes arrêtées dans les mouvements de rébellion et insurrection, dont des mineurs, ont déjà bénéficié de la clémence de l’autorité judiciaire et été libérées. Le Procureur général de la République vient de lever 15 mandats internationaux d’arrêts émis contre certains acteurs politiques ou de la société civile soupçonnés d’avoir soutenu la tentative de renversement des institutions avant les élections de 2015.

En conclusion, le Ministre a souligné que le Burundi d’aujourd’hui ne saurait être une terre où l’impunité a élu domicile et que le Gouvernement n’aura pas de répit aussi longtemps que sur le territoire il y aura des individus qui veulent plonger le pays dans le chaos. «Tous ces crimes du passé et actuels doivent être châtiés conformément à la loi, malgré la complexité de notre histoire», a-t-il assuré, demandant à la communauté internationale, dans un cadre de solidarité internationale, de soutenir le Burundi.

WILLY NYAMITWE·MERCREDI 23 MARS 2016
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