Une petite chronologie nous permettra de comprendre l’ampleur et la gravité des faits dont les journalistes des médias privés burundais se rendent coupables.
De 1962 à1972, des journalistes au service du génocide
En 1962, la mort du prince Louis RWAGASORE, père de l’indépendance et chef d’un gouvernement démocratique, a été faussement annoncée comme un vulgaire règlement de compte familial entre les princes BEZI et BATARE en camouflant les intérêts coloniaux ou les rivalités politico-ethniques.
Il en est de même des communications et informations erronées qui ont fortement traumatisé la population burundaise quand Athanase MUTANA et ses collègues parlaient à la radio nationale sans retenue, encourageaient et incitaient l’armée à commettre le génocide de 1972 au cours duquel plus de 300 000 hutus furent massacrés et plus de 500 000 contraints à passer leur vie en exil en Tanzanie et partout ailleurs dans le monde. La population attend toujours la condamnation des criminels qui tarde à voir le jour à cause de l’action de certains journalistes de médias privés qui véhiculent et propagent des propos négationnistes.
De 1988 à 1993 : des journalistes sectaires et partisans de la pensée unique
Des journalistes, au service de leur parti politique, de leur ethnie ou de leur région, ont produit des articles incendiaires destinés à diviser le peuple burundais. Après le simulacre de la charte de l’unité nationale a été mise en place une constitution qui accepte le multipartisme. Bon nombre de journalistes partisans de la pensée unique et nostalgiques du monopartisme, se sont comportés en propagandistes, et ont qualifié les fondateurs et les militants de nouveaux partis, notamment le FRODEBU, de génocidaires et de tribalo-terroristes. Comme on l’a vu, les journalistes de médias privés, hostiles au changement, se sont évertués à diaboliser les élus du peuple et les membres du gouvernement démocratique. Ils ont semé le trouble à travers leurs écrits et émissions radiodiffusées. Leurs discours ont certainement contribué à cristalliser la haine et à polariser les divisions, et ont eu comme résultats l’assassinat du président Melchior NDADAYE et la décapitation des institutions démocratiques.
De 1993 à 2015 : des journalistes complices d’atrocités et d’actes terroristes
Certains journalistes burundais n’hésitent pas à intoxiquer l’opinion tant nationale et qu’internationale, à cacher ou à travestir la vérité sur les atrocités commises par les multiples réseaux de milices sans échecs idéologisées qui contestent violemment ce que l’opposition radicale appelle à tort et à travers le troisième mandat. De nombreux journalistes sont pris en flagrant délit dans des manœuvres de conscientisation, de sensibilisation et de militarisation de mineurs dans les quartiers de Mutakura, Cibitoke, Ngagara, Jabe, Nyakabiga et Musaga, où ces derniers apprennent à lancer des grenades, à tirer au kalachnikov, à brûler, à saccager et à détruire des maisons.
Un terrorisme sans nom ne cesse de se renforcer. On observe aujourd’hui le silence et la complicité de certains médias privés au lieu d’alerter la communauté internationale sur les actes ignobles de mouvements rebelles qui sèment la désolation, volent, saccagent, pillent et lancent des grenades. Il est clair que certains journalistes privés burundais se nourrissent de paradoxes et d’antinomies. En effet, certains médias, manipulateurs et mensongers, à tort, encouragent et soutiennent de tels actes avec la complicité de certaines composantes de la société civile. Par contre, d’autres médias plus objectifs et fiables, dénoncent et condamnent les crimes à juste titre. Autrement dit, une certaine opinion journalistique circule, qui dénonce et montre sans ambages que le terrorisme de 2015 est l’œuvre des terroristes de 1993 qui se cachent aujourd’hui dans les quartiers contestataires et au Rwanda et continuent à appliquer les mêmes principes et méthodes qu’une autre opinion journalistique se fait fièrement le chantre.
En amont et en aval de la crise, force nous est de constater qu’au regard de leur mobilisation, certains médias privés se comportent en propagandistes radicalisés. Aussi, ils persévèrent dans leur macabre entreprise qui consiste à encourager et à couvrir les violences à partir des quartiers contestataires et de l’étranger. Et face à cette radicalisation médiatique, celui qui ose amener l’ordre ou dénoncer les criminels de l’opposition radicale passe tout simplement pour un génocidaire. À ce propos, les messages de haine et de division diffusés dans les émissions de la radio INZAMBA et de HUMURA BURUNDI montrent que certains journalistes, pour gagner malhonnêtement leur pain, se nourrissent de guerres et de conflits. Aussi, personne n’oublie les montages de Bob RUGURIKA, directeur de la radio RPA et les inepties de son complice témoin, ainsi que les mensonges médiatisés à partir des racontars de Pierre Claver MBONIMPA, qui se complaît plus dans son rôle d’opposant radical et d’espion à la solde de l’Occident que dans celui de défenseur des droits de l’homme.
Enfin, des journalistes mettent ouvertement en péril leur responsabilité professionnelle et n’ont pas visiblement peur de s’exposer aux sanctions pénales. Ils jouent aux porte-paroles de Marguerite BARANKITSE et s’attribuent la paternité de ses discours fortement marqués par l’arrogance et l’intolérance à l’égard de tous les autres Burundais qui ont participé aux élections de 2015.
Philippe NIYONGABO,
Journaliste indépendant