A l’annonce de l’ouverture probable début Mai 2016 du dialogue interburundais à Arusha, les insurgés de l’opposition radicale ont choisi de se signaler, à leur façon, en attentant à la vie du Général Athanase KARARUZA et à celle de sa famille. Ainsi, les commanditaires de cet attentat et d’autres actes de terreur programmés dans la capitale burundaise depuis bientôt une année, espèrent bénéficier de leur part du gateau , en dehors du veridict des urnes.
En attendant, les résultats d’ enquête qui s’impose , notre conviction est faite qu’il s’agit d’une action des radicaux sous prétexte de lutte contre un troisième mandat. Autant lutter contre le peuple qui a voté pour les actuelles institutions.
A qui profite le crime?
Cette nouvelle flambée de violence aurait elle aussi un lien avec l’éviction ( ou non renouvellement du mandat) ce dimanche 24 Avril à LEUVEN, en Belgique, de Léonard NYANGOMA à la tête du CNARED? En effet,ses collaborateurs de l’opposition radicale lui reprochent un certain laxisme et surtout son aversion contre la stratégie de terrorisme urbain, chère aux insurgés.
S’il devait être avéré que les leaders de cette opposition radicale installés en Occident et en particulier en Belgique, ont quelque chose à voir, de près ou de loin, avec cette série d’assassinats, leurs pays d’accueil seront forcés de réagir, afin de ne pas être accusés d’avoir partie pris.
Le Général KARARUZA , mon promotionnaire des humanités générales au séminaire de MUGERA en 1981, était considéré comme une personnalité irréprochable sur le plan de la question éthnique , officier supérieur très valeureux et très apprécié par les différents chefs d’Etats qu’il a eu à servir: BUYOYA, NDADAYE, NTIBA, NDAYIZEYE et plus récemment NKURUNZIZA.
Le Gnl KARARUZA qui pouvait prétendre diriger le ministère de la défense, prônait l’unité du corps de l’armée et la loyauté envers les autorités politiques élues; d’où un certain conflit avec les insurgés qui eux, prônent la rebelion et la stratégie du chaos. Leur adage étant que: » tout les moyens sont bons pour arriver au pouvoir », y compris en sacrifiant même les siens.
Cette vision du Gnl KARARUZA de bonne entente au sein de l’Armée burundaise, entre ex Fab et ex rebelles, n’arrange pas du tout l’opposition radicale qui prêche précisément pour l’implosion des services de défense et de sécurité, accusés de soutenir la jeune démocratie, alors que cette opposition radicale est truffée de gens habitués à diriger et à accéder au pouvoir par la force.
Ainsi, la jeune démocratie burundaise ( le Président NKURUNZIZA a le moins de temps passé au pouvoir par rapport à ses voisins Présidents du RWANDA, de la RDC et de l’UGANDA), est accusée de tous les maux: préparation de génocide anti tutsi, collaboration avec des ex Interahamwe et FDLR, violence de forces de sécurité et non respect des droits humains. …..
Or, la vérité est toute autre: le péril de Génocide est sciemment évoqué à contre courant, pour un objectif donné, les ex FDLR et interahamwe ne présentent plus vraisemblablement un danger pour KIGALI, leur existence est plutôt un bon prétexte pour d’autres visées, la violence à Bujumbura profite politiquement plutôt à l’opposition radicale, qui de ce fait l’entretient , tout en le faisant cyniquement endosser au pouvoir en place.
A ce rythme ,la stratégie de l’opposition radicale voulant forcer à tout prix un » dialogue inclusif » risque de produire l’effet contraire. En effet, dans ces conditions,on voit mal le gouvernement burundais accepter de se rendre prochainement à Arusha pour y rencontrer de tels interlocuteurs. La logique voudrait que la priorité gouvernementale soit axée vers le désarmement et en découdre d’abord avec ceux qui sont derrière cette violence urbaine.
La communauté internationale et des Etats occidentaux qui prônent » de bonne foi » un dialogue inclusif devront se méfier du discours d’apparence paisible de cette opposition radicale. Celle ci a, depuis les évenements malheureux du RWANDA en 1994, su utiliser l’art de berner l’opinion internationale en se présentant toujours comme victime et en cachant ses réelles intentions.
Personellement, je suis naturellement pour le dialogue, mais dans le cas présent, je pencherais à la limite pour l’abandon de cette idéee de dialogue inclusif, en réaction contre la promotion de la violence. Je redoute aussi que des jeunes entraînés pour ce nouveau genre de terrorrisme, n’atterissent bientôt en Occident, pour y poursuivre leur programme, via leurs soutiens ou via la filière de » la societé civile ».
Dès lors, il serait plus judicieux pour l’Occident d’accompagner ce dialogue interburundais qui s’annonce et éviter de le laisser à l’initiative de médiateurs régionaux . Certains d’entre eux ne cachent pas leur sympathie pour la stratégie du « talk and fight » qui a jadis fait des preuves dans leurs pays. Il faudra enfin tenir compte du fait qu’au Burundi, la donne est différente, parce que la démocratie pluraliste est en marche .
Anatole BACANAMWO