La délégation de l’Union européenne venue évaluer la situation pour une éventuelle reprise de l’aide directe au gouvernement a terminé sa visite mardi. Son chef a estimé juste avant de reprendre l’avion que le Burundi avait encore «beaucoup de progrès à faire» avant cette étape, en invoquant un dialogue inclusif, ce que Bujumbura a refusé jusqu’ici, ou encore le respect des droits humains, des libertés politiques et des médias. Le ministre des Relations extérieures du Burundi a réagi au micro de RFI ce mercredi 5 octobre.
Alain-Aimé Nyamitwe estime que la mission de l’Union européenne « a été bien accueillie malgré les actes unilatéraux et injustes » de cette organisation pris avant cette visite. Une allusion à la reconduction de sanctions contre de hauts gradés burundais notamment.
Mais tout en assurant que les questions de dialogue ou du respect des droits de l’homme sont sur la bonne voie aujourd’hui, sa réponse est plutôt ferme. « Il ne faut pas perdre de vue que les solutions au problème burundais doivent être trouvées par les Burundais eux-mêmes et je crois que l’Union européenne est d’accord sur ce point. Deuxièmement, il faut aussi reconnaître le fait que si le Burundi accepte de faire ce dialogue c’est parce qu’il tient à ce que le partenariat avec l’Union européenne demeure vivant comme il l’a toujours été. Mais ce n’est pas pour que l’Union européenne nous donne des leçons ou pour que l’Union européenne oriente la vie politique nationale », rappelle le ministre burundais des Affaires extérieures.
Avant de quitter le Burundi, la mission d’évaluation de l’Union européenne a appelé instamment le gouvernement du Burundi à accepter de se conformer à la résolution du Conseil des droits de l’homme votée il y a une semaine en expliquant qu’il y allait de son intérêt.
Cette résolution initiée par l’organisation européenne et qui crée une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme à l’actif du gouvernement et de ses hommes, selon des experts de l’ONU, passe très mal à Bujumbura. Le gouvernement burundais avait qualifié lundi ce parrainage d’« unilatéralisme regrettable, de politique du fait accompli » qui fait « perdre sa crédibilité à l’UE ».
Le chef de la diplomatie burundaise a rappelé que cette résolution était postérieure aux sanctions et a estimé que ce texte n’était pas « applicable en l’état ». Une réponse qui sonne comme une fin de non-recevoir.
RFI, 06-10-2016