Plusieurs acteurs politiques se plaignent de la stagnation du dialogue inter-burundais sous la facilitation de Mkapa. C’est sans savoir que l’ancien président tanzanien fait face à des tacles de l’Union Africaine et les fonctionnaires onusiens
L’impatience est grande, surtout chez l’opposition radicale burundaise qui n’en finit pas d’attendre que Mkapa rappelle les protagonistes de la crise burundaise pour une troisième séance à Arusha. Le chargé de la communication du CNARED a déjà annoncé l’échec de la médiation de l’EAC, traitant l’Union Africaine de « club de dictateurs » incapables d’aider à solutionner les problèmes burundais.
Selon des sources diplomatiques, « s’il y a deux personnes à qui ce tweet plaît, ce sont Benomar (ex-Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies) et Ibrahima Fall, le Représentant de l’Union Africaine au Burundi ».
Les deux diplomates doivent se réjouir que le processus de Mkapa soit aussi ouvertement contesté par l’une des parties au conflit.
Et ils font tout, de façon officieuse, pour mettre des bâtons dans les roues de Mkapa: Benomar torpille la facilitation de l’ex-numéro un tanzanien depuis plus d’un an. Un budget lui a été alloué (et du personnel recruté), sans que cet argent n’atterrisse dans le porte-feuille de la médiation.
Fall, lui, a reçu un financement de l’UE qui n’est autre que le reliquat du financement du dialogue d’Entebbe. Idem lui aussi: il refuse de financer le dialogue EAC, espérant mettre en place sa propre équipe de dialogue.
Ainsi, le facilitateur Mkapa a proposé de mettre en place un bureau d’observation à Bujumbura, et l’EAC a sollicité l’ONU pour assistance financière. Réponse de Benomar: le diplomate onusien y a tout de suite trouvé une opportunité de reparler d’une mission internationale d’observation à envoyer au Burundi… « Quand l’EAC s’y est opposé, le refus catégorique de Benomar pour toute assistance n’a pas tardé », se plaint-on dans l’équipe du médiateur.
De quoi compliquer l’équation du dialogue inter-burundais… Face aux blocages en vue, des sources indiquent que le gouvernement burundais entend avancer ses pions en modifiant la Constitution pour pouvoir intégrer des politiciens sans passer par la validation électorale.
En effet, selon l’Article 129, « les membres du gouvernement proviennent des différents partis politiques ayant réuni plus d’un vingtième des votes et qui le désirent. » La modification de cet article permettrait aux opposants d’entrer dans l’équipe gouvernementale, et contribuerait à mettre l’opposition devant le fait accompli: rentrer sur Bujumbura et se préparer pour 2020, ou rejeter l’offre et compter sur la pression internationale et les troubles sécuritaires (assassinats, attentats) pour faire tomber le pouvoir issu des élections de 2015.
Ce jeu du Cndd-Fdd est perçu comme un grand facteur de déstabilisation de l’opposition, qui risque de se morceler encore plus face aux postes ministériels en balance. Du coup, Minani a déjà dit que la modification de la Constitution sera une ligne rouge…
by Irakoze Emmanuel