Comment les États-Unis de Trump et le Gouvernement Mondial US redessinent la géopolitique des Grands Lacs africains sous l’ère multipolaire ?
Washington (USA), 27/06/2025 – Un accord trilatéral inédit [1] a été signé entre les États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dans le cadre des pourparlers de paix avec la rébellion du M23, sous médiation conjointe américaine et qatarienne. Ce dernier, le Qatar, rappelons-le, abrite la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient. Ce contrat marque une nouvelle étape dans les relations internationales, s’inscrivant dans la dynamique du monde multipolaire actuel où on réécrit les nouvelles pages du droit commercial international.
Mais que signifie réellement cet accord sur le plan géopolitique ?
En Angola, dès décembre 2024 [2], les États-Unis avaient déjà posé les jalons d’une stratégie régionale en annonçant un investissement massif de 6 milliards USD dans le Corridor de Lobito – un projet d’infrastructure stratégique reliant l’océan Atlantique aux richesses du Congo. Ce projet, porté par l’administration démocrate sortante de Joe Biden, visait à contrebalancer l’influence chinoise via la Route de la soie, déjà présente en RDC et en Tanzanie. Y ont participé : Biden (USA), Lourenço (Angola), Tshisekedi (RDC), Hichilema (Zambie) et Mpango (Tanzanie). Or, avec le retour du Président Donald Trump à la présidence des États-Unis en janvier 2025, un basculement majeur s’est opéré : Trump défend une nouvelle approche commerciale, ouverte aux BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Émirats arabes unis, Égypte, Iran et Éthiopie), et remet en cause l’ancien ordre économique mondial dominé par le dit –Gouvernement Mondial US ( G7 : Canada ; Union européenne : la France, l’Allemagne, et l’Italie ; Japon ; Royaume-Uni ; et États-Unis ; et État profond américain, historiquement contrôlé par les Démocrates ). Il prône ainsi des accords commerciaux inclusifs, en rupture avec les normes néolibérales imposées durant l’ère (1989-2022) de la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN)[3].
Le Corridor de Lobito [4], projet démocrate, excluait délibérément le Rwanda – pourtant allié historique des États-Unis depuis 1994 – ainsi que les partenaires européens (hormis pour le financement). En réaction, le Rwanda et certains cercles européens ont, début 2025, pris le contrôle stratégique de Goma et Bukavu au Kivu [5], via la rébellion du M23, avec la bénédiction tacite du Gouvernement Mondial US .
Cette manœuvre révèle un paradoxe : les États-Unis agissent sur deux fronts contradictoires. D’un côté, Trump construit de nouveaux partenariats souverains et inclusifs ; de l’autre, l’État profond démocrate continue à agir via le Gouvernement Mondial US, soutenant des projets de fragmentation du Kivu, avec comme relais le Rwanda et des segments de l’Union européenne.
À Bujumbura, le 22 décembre 2024, le Président Ndayishimiye Evariste (Général Major) [6] a reçu son homologue Tshisekedi Félix, dans une démarche de coopération sécuritaire. Tous deux se sont entretenus sur les enjeux régionaux, réaffirmant leur solidarité face aux agressions du M23 soutenu par le Rwanda. Le Burundi, ancré dans les valeurs ancestrales d’Ubuntu et d’Ubungoma, appuie fermement la RDC dans ce conflit.
Sur le plan logistique, le Corridor de Lobito suscite de vifs débats au Burundi, car il concurrence une autre voie stratégique : la route de la soie chinoise reliant Dar-es-Salaam (Tanzanie) au Katanga (RDC) qui bénéficie au Burundi.
Le 23 juin 2025, le Premier ministre du Burundi, Ndirakobuca Gervais, a participé au 17ᵉ sommet USA-Afrique à Luanda [7], représentant le Président Ndayishimiye. Aux côtés de Mme Butoyi Evelyne, ambassadrice du Burundi en Angola, il a échangé avec le Président angolais João Lourenço sur les défis sécuritaires des Grands Lacs. Ce sommet a vu également la participation de Tshisekedi Félix, témoignant du rôle croissant de la RDC dans les dynamiques géopolitiques continentales.
Le Burundi, Ingoma y’Uburundi, ancienne dyarchie sacrée (Karyenda et Mwami) [8], lutte depuis le XIXe siècle contre la « Croix et la Bannière » [9] – l’alliance entre les puissances coloniales (France, Vatican, Belgique, Angleterre, Allemagne, États-Unis) visant à imposer un ordre occidental et chrétien. Le coup d’État de 1966 a instauré une République – un état néocolonial-, suivie en 1972 par la destruction de l’Ubumu (système socio-économique traditionnel) au profit du marché occidental.
La signature du contrat USA-RDC-Rwanda du 27 juin 2025, tout en s’inscrivant dans la logique de dialogue autour du M23, révèle surtout les tensions internes aux États-Unis entre l’administration Trump et les forces du Gouvernement Mondial US. La région des Grands Lacs africains reste un théâtre central de cette rivalité géopolitique.
