Burundi / ONU : Bazombanza à la Conférence de Séville sur le Financement du Développement

À Séville, le Vice-Président Bazombanza défend un financement plus juste et adapté aux besoins réels des pays africains.

Séville (Espagne), 30 juin 2025 – En cette nouvelle ère multipolaire, une conférence internationale vient d’être organisée par la Gouvernance Mondiale USA (GMUSA) [1], mise en place après 1945 et dominante de 1989 à 2022, mais qui n’est désormais plus maîtresse du jeu… À travers cette rencontre, apparaissant sous la bannière de l’ONU, la stratégie de la GMUSA  consiste à pousser les BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Émirats arabes unis, Égypte, Iran et Éthiopie) à les aider à financer leur politique socio-économique mondiale de domination…

Accompagné de Shingiro Albert, l’excellent ministre burundais des Affaires étrangères, et  de l’Ambassadeur Maniratanga Zéphyrin, représentant permanent du Burundi auprès de l’ONU,   le très apprécié Vice-Président du Burundi, Bazombanza Prosper, a participé à la 4ᵉ Conférence internationale sur le Financement du Développement (FFD4), organisée sous l’égide des Nations Unies. Cet événement, qui se tient du 30 juin au 3 juillet 2025 à Séville, marque une étape importante dans la réforme de l’architecture financière mondiale.

La conférence s’ouvre dans un climat d’urgence économique. La dette insoutenable qui pèse sur les pays en développement, la baisse de l’aide publique  dont 42 % proviennent encore de l’Union européenne , et le retard alarmant dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) rendent indispensable un changement de cap. L’ONU estime qu’un déficit annuel de 4 000 milliards de dollars compromet la réalisation de ces objectifs d’ici 2030.

Dès la cérémonie d’ouverture, le Roi Felipe VI d’Espagne a salué l’action conjointe du Burundi et du Portugal, co-présidents du comité préparatoire de la conférence : « Leur leadership a été décisif dans l’élaboration du Compromiso de Sevilla », a-t-il affirmé, sous les applaudissements nourris des délégations.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a quant à lui lancé un appel fort : « Nous devons urgemment établir un New Deal financier pour les pays du Sud. Ce n’est pas une question de charité, mais d’investissement dans notre avenir commun. »

Les travaux se sont concentrés sur plusieurs axes :  Réforme du système financier international, avec une représentation accrue des pays du Sud dans des institutions comme le FMI et la Banque mondiale ;  Annulation partielle de la dette des pays les plus vulnérables ;  Renforcement de la mobilisation des ressources domestiques, notamment par une fiscalité équitable ; Et investissements verts et partenariats public-privé pour soutenir les infrastructures durables.

Dans le cadre des débats sur les transitions écologiques, le Vice-Président Bazombanza a soutenu la position commune africaine, appelant à des mécanismes de financement mieux adaptés aux réalités du continent. Son message a résonné avec les interventions concordantes des délégations angolaise et libyenne. Ce plaidoyer collectif a trouvé un écho favorable auprès de plusieurs pays latino-américains confrontés à des défis similaires.

À l’issue des premières sessions, les États ont adopté le Compromiso de Sevilla (A/CONF.227/2025/L.1), une feuille de route ambitieuse pour une gouvernance financière plus équitable. Parmi les engagements notables figurent :  La facilitation de l’accès aux technologies scientifiques et d’innovation pour les pays en développement ; Des mécanismes de transparence et de suivi renforcés ; L’engagement de l’Union européenne à mobiliser 95 milliards d’euros d’aide d’ici 2030 ; Et la réaffirmation, par le G77+Chine, de l’exigence de mettre fin aux mesures économiques unilatérales, telles que les sanctions.

Outre l’intervention d’António Guterres, plusieurs discours ont retenu l’attention : Emmanuel Macron, président de la République française, a annoncé une réforme pragmatique des institutions financières internationales, dans le cadre de la présidence française du G7 en 2026 ;  Les représentants de la Libye et de l’Angola ont demandé un allègement structurel de la dette et un transfert effectif de technologies vers le Sud ; Et Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, a alerté sur le ralentissement du commerce mondial (+0,1 % en 2025), et proposé de réorienter 2 000 milliards de dollars de subventions nuisibles.

La participation de plus de vingt chefs d’État africains (sur une cinquantaine présents), aux côtés de dirigeants asiatiques, latino-américains, du FMI, de la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales, atteste de l’importance accordée à cette conférence.

La Conférence de Séville prolonge les réflexions initiées lors du Sommet de Paris sur le financement climatique (2021), mais en élargissant la focale à l’ensemble des ODD, elle s’impose comme un jalon majeur dans la quête d’une justice économique mondiale.

Un sommet de suivi est prévu en 2026 pour évaluer la mise en œuvre des engagements pris.

Le Burundi – Ingoma y’Uburundi, ancienne dyarchie sacrée fondée sur la Karyenda et le Mwami [2], est en guerre depuis le XIXᵉ siècle contre la « Croix et la Bannière » [3] – une alliance stratégique entre puissances coloniales (France, Vatican, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis) visant à imposer un ordre occidental et chrétien. Le coup d’État de 1966 a instauré une République – un État néocolonial – suivi, en 1972, par la destruction de l’Ubumu, le système socio-économique traditionnel, au profit du marché occidental.

Références : 

[1] G7 : États-Unis + Canada ; Union européenne : France, Allemagne, Italie ; Japon ; Royaume-Uni. GMUSA inclut l’État profond américain, historiquement contrôlé par les Démocrates US.

[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Éditions Génération Afrique, 2024.

[3] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique du Vatican, de la France – via les Pères Blancs de Lavigerie –, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique et des États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)

Sources : Nahimana P.  ,  http://burundi-agnews.org , Mardi 1er juillet 2025 |  Photo : Ntare Rushatsi House