Burundi : Fête des 63 ans d’ »Indépendance »

À l’occasion du 63ᵉ anniversaire, le Président appelle à l’unité, au développement et à la tolérance zéro.

Bujumbura, 1/07/2025 – À la veille du 63ᵉ anniversaire de l’Indépendance du Burundi, le Chef de l’État a adressé un message à la Nation. Ce mardi, à l’occasion de cette commémoration, accompagné de son épouse, S.E. Ndayubaha Angéline, Première Dame du Burundi, S.E. Ndayishimiye Evariste, Général Major et Président du Burundi, a déposé une gerbe de fleurs au Mausolée du Muganwa Rwagasore Louis, héros national de l’Indépendance.

Les cérémonies ont été marquées par le passage en revue des troupes burundaises au Boulevard de l’UPRONA, présidé par S.E. Ndayishimiye Evariste, Commandant en Chef des Forces de Défense et de Sécurité.

À son arrivée au Stade Intwari, le Président Ndayishimiye a parcouru les gradins, saluant la foule en liesse venue célébrer 63 ans de souveraineté retrouvée. Ce fut un moment de joie et de fierté partagée entre le Père de la Nation et son peuple. Les Barundi sont un peuple de l’Ubungoma.

Militaires et policiers ont défilé en parfaite harmonie, offrant une démonstration impressionnante de force et de discipline sous les applaudissements enthousiastes du public.

Le Président a félicité l’armée burundaise pour son travail à travers trois décrets :  – Décret n°100/080 du 1er juillet 2025 portant nomination aux grades supérieurs de certains officiers généraux de la Force de Défense Nationale [ https://burundi-forum.org/wp-content/uploads/2025/07/DECRET-100080-DU-01-JUILLET-2025.pdf ]; –  Décret n°100/081 du 1er juillet 2025 portant nomination aux grades supérieurs de certains officiers de la Force de Défense Nationale [ https://burundi-forum.org/wp-content/uploads/2025/07/DECRET-NO-100081-DU-01-JUILLET-2025.pdf ] ; – Décret n°100/082 du 1er juillet 2025 portant nomination au grade supérieur de certains aumôniers de la Force de Défense Nationale [ https://burundi-forum.org/wp-content/uploads/2025/07/decret-No100082-DU-01-JUILLET-2025.pdf ].

Dans son discours, le Président Ndayishimiye a exhorté le peuple à œuvrer sans relâche pour capitaliser cette indépendance restaurée en 1962 à un prix élevé, en cherchant l’autonomie financière via des programmes de développement qui requièrent l’implication de tous. Il a appelé les leaders à rompre avec les mauvaises pratiques qui freinent le pays, invitant particulièrement les nouveaux élus à retrousser leurs manches pour servir loyalement la population. Il a également annoncé une tolérance zéro envers les avides de pouvoir et les leaderships stériles.

Le Burundi, que l’on nomme Ingoma y’Uburundi, est un État millénaire forgé par une dyarchie entre le tambour sacré Karyenda et le Mwami [1], niché au cœur de Kama, le nom traditionnel de l’Afrique [2]. Depuis le XIXᵉ siècle jusqu’à aujourd’hui, il fait face à une guerre constante imposée par la « Croix et la Bannière » [3], symbole d’un ordre occidental et chrétien imposé de force. Le défi du Burundi actuel est de se relever en tirant parti du nouvel ordre mondial multipolaire. En février 2025, l’Union africaine (UA) a franchi une étape historique en adoptant une résolution qualifiant la colonisation européenne (XVe-XXe siècles) de crime contre l’humanité, marquant un tournant dans la réparation mémorielle. En 1966, soit quatre ans après son indépendance proclamée en 1962, un coup d’État a renversé Ingoma pour instaurer une République, un État néocolonial.  Avec le génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi – qui, selon l’Ubungoma, désignent « l’être du lieu du tambour sacré Karyenda », une force nourrissant les sons du Tambour Sacré en énergie ou productrice des ressources nécessaires pour satisfaire les besoins des miryango (les sons du Tambour, les familles) du Burundi, pays lui-même appelé Ingoma, le Tambour [4] –, l’Ubumu, système socio-économique traditionnel des Barundi, fut détruit et remplacé par une économie de marché occidentale. Ainsi en 1972, les Hutu, piliers de l’Ubumu, furent ciblés et tués en raison de ce rôle fondamental.  Depuis son indépendance en 1962, le Burundi poursuit patiemment sa reconstruction, résistant aux blessures profondes laissées par la colonialité toujours présente [5], c’est-à-dire la persistance des structures de domination héritées du colonialisme, même après la fin officielle des empires coloniaux européens.

Références :

[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.

[2] Note sur l’étymologie : Kama et Afrique. Le nom traditionnel donné au continent africain par certains peuples autochtones est Kama. En revanche, le mot « Afrique » provient d’une racine berbère, utilisée par les Romains pour désigner la région autour de l’actuelle Tunisie. Ainsi, utiliser « Kama » permet de renouer avec une identité africaine authentique, détachée des influences coloniales et occidentales.

[3] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015.

[4] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi : Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.

[5] Sindayigaya Jean-Marie, Renaissance de l’Afrique par les Valeurs de l’Africanité-Ubuntu, Bruxelles, 2023.

Nahimana P., http://burundi-agnews.org, mercredi 2 juillet 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House