Cette recommandation du secrétaire général de l’ONU passe mal pour Gitega, qui estime que la page de la crise de 2015 a été définitivement tournée depuis l’accession au pouvoir du général Évariste Ndayishimiye et qui exige, à cor et à cri, depuis des mois, son retrait de l’agenda du Conseil de sécurité.
Malgré ce point de friction, ce rapport contient de nombreux points de nature à satisfaire le régime du CNDD-FDD, au pouvoir au Burundi. Le secrétaire général de l’ONU juge, dès les premières lignes de son rapport, que le processus électoral de mai dernier a été « globalement pacifique » et que toutes les parties prenantes en ont accepté les résultats.
L’opposition mécontente
De quoi réjouir et légitimer encore un peu plus le pouvoir burundais, au grand dam de l’opposition. Le CNL d’Agathon Rwasa regrette d’ailleurs cette prise de position. Il rappelle que des centaines de ses militants ont été jeté en prison et qu’il n’a jamais reconnu des résultats issus « d’un hold-up électoral ».
Autre point, les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, ne sont plus accusés de graves violations des droits de l’homme. Antonio Guterres note qu’il « reste un point de controverse » dans le pays. Il propose une aide de l’ONU pour « leur réinsertion socio-économique ».
Enfin, après avoir constaté une nouvelle fois que le dialogue interburundais sous les auspices de la Communauté des États d’Afrique de l’Est était dans l’impasse, le secrétaire général de l’ONU suggère de passer à un dialogue « dirigé et contrôlé par le Burundi, avec l’appui » de la communauté internationale. Cela répond aux vœux exprimés par Gitega depuis cinq ans.
« Une situation restée fragile »
Le secrétaire général de l’ONU se veut très encourageant. Il se félicite dans son rapport de la volonté d’ouverture des nouvelles autorités et de nombreux progrès réalisés dans le pays, mais il pointe « une situation restée fragile ».
« Des éléments essentiels qui garantiraient une paix et une stabilité durables au Burundi restent sans réponse », insiste-t-il, en pointant notamment « les questions de réconciliation nationale et d’ouverture de l’espace politique ».
La balle est donc clairement dans le camp du pouvoir burundais selon Guterres, qui appelle Gitega à engager des « réformes sur les questions clés de gouvernance » afin d’ouvrir la voie à un dialogue inclusif avec ses partenaires internationaux.
RFI