Le Burundi condamne la politisation des droits de l’homme par certains occidentaux contre certains pays africains, a déclaré vendredi soir à Bujumbura l’ambassadeur Willy Nyamitwe, conseiller principal chargé du Bureau PIC (Presse, Information et Communication) à la présidence de la république burundaise.

L’ambassadeur Nyamitwe s’exprimait au cours d’une interview accordée à Xinhua pour évaluer la présentation du récent rapport oral de Genève sur le Burundi présenté les 14 et 15 juin dernier par la session de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les droits de l’homme.

Le 2 juin dernier, dans un briefing anticipatif de la cellule de communication de la présidence de la république burundaise à l’intention des organisations de la société civile, M. Nyamitwe avait dénoncé d’avance la « politisation à outrance » de ce rapport et ajouté que « le Burundi n’en attendait rien ».

« En effet, les droits de l’homme sont devenus aujourd’hui un instrument de coercition qu’utilise certains occidentaux contre certains pays surtout africains. Nous ne sommes pas les seuls à être dans cette situation. Le Burundi en prend donc bonne note, mais ne change rien en sa politique de renforcement de la sécurité, de cohésion sociale et particulièrement au niveau de la consolidation de sa culture démocratique », a-t-il réagi une semaine après cette session de Genève sur le Burundi.

Pour lui, il n’est nul doute que derrière la récente session de Genève de mi-juin 2017 et le rapport de la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur le Burundi (EINUB) de septembre 2016 qui lui a précédé, plane le spectre de l’Union européenne (UE).

« Je ne fais que vous communiquer les faits : c’est l’UE qui a tablé le projet sur cette résolution et forcé son adoption », a-t-il martelé.

En dépit de ce vote, a-t-il souligné, le Burundi a salué la réponse y relative de l’Afrique à travers le vote « abstention », qui a été un message clair du désaveu africain envers l’UE sur cette résolution.

L’ambassadeur Nyamitwe a fustigé également les « pressions répétitives » de l’UE au plan politico-diplomatique sur le Burundi, afin que le Burundi abandonne « sa souveraineté et sa fierté ».

Les relations entre l’UE et le gouvernement du président Pierre Nkurunziza se sont détériorées depuis le 14 mars 2016, date à laquelle l’UE a annoncé sa décision portant sur la suspension de l’aide financière directe à l’administration burundaise, en invoquant la violation par celle-ci, de l’article 96 de l’Accord de Cotonou de 2000 liant la vingtaine de pays de l’UE à 77 pays du groupe ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), en ce qui concerne la protection des droits humains.

Malgré cela, les relations diplomatiques sont toujours en cours et ont été confirmées le 20 octobre 2016 par la présentation des lettres de créance d’un nouvel ambassadeur chef de délégation de l’UE au Burundi.

« Certes, les portes de la diplomatie ne sont jamais fermées. Mais, moi, en tant que chargé de la communication, je suis en train de vous parler des faits, des choses que nous voyons, qui sont là et vérifiables. Alors, si l’UE a coupé l’aide financière directe à l’administration burundaise, c’est, à mes yeux, une façon d’étouffer, d’asphyxier l’économie burundaise, afin que le Burundi cède à certaines pressions de l’UE comme, par exemple, être sur la même table de négociations avec des putschistes », a-t-il insisté.

M. Nyamitwe a affirmé que face à l’utilisation de l’aide financière de l’UE comme un moyen de pression politique contre le gouvernement burundais, celui-ci a préféré « vivre dans le peu au profit de sa souveraineté ».

Sur la question de savoir si l’on peut parler de pourrissement des relations entre l’UE et le Burundi, l’ambassadeur Nyamitwe a indiqué cependant que les portes sont toujours ouvertes pour l’amélioration des relations, car le représentant de l’UE au Burundi et les ambassadeurs des pays membres de l’UE sont à Bujumbura, tandis que le Burundi dispose d’une ambassade dans l’espace de l’UE.

« Tout cela montre que les relations diplomatiques sont là. Mais il y a des couacs au niveau de certains faits qui ne sont pas de nature à favoriser la paix et la sérénité au Burundi, et qui sont des faits et des actes posés par l’UE. Face à ce dictat de l’UE, le Burundi est en train de résister », a-t-il insisté.

L’ambassadeur Nyamitwe a établi également une connexion entre l’examen de Genève sur le Burundi les 14 et 15 juin dernier, et la « résolution avortée de l’UE contre le Burundi » le 21 juin à Malte au cours d’une plénière de la 33ème session de l’assemblée paritaire ACP-UE.

« Vous savez, il y a des connexions partout, car, quand on parlait MAPROBU (Mission africaine pour la protection du Burundi) en 2015 à l’Union africaine sur pression de l’UE, en juin 2017 à Malte, MAPROBU (forces militaires d’intervention au Burundi) a été ramené sur instigation de l’UE ».

Le « rejet de la résolution européenne contre le Burundi » à Malte recommandée par le commissaire européen au développement Louis Michel en ce qui concerne la réactivation du dossier « MAPROBU », a été aussitôt salué par l’ambassadeur Nyamitwe mercredi dernier sur son compte twitter, avec une mine « radieuse » sur sa photo-profil.

Le 6 juin, le Burundi a dénoncé, dans un communiqué, l’implication de l’UE dans la « déstabilisation » du Burundi depuis plusieurs années, dans une perspective de « changement de régime » dans le pays.

De son côté, l’UE, dans un communiqué publié le 8 juin à travers sa représentation diplomatique au Burundi, a qualifié de « fausses » ces accusations de volonté de déstabilisation du Burundi.

« Nous réfutons formellement ces accusations, qui se basent sur une interprétation volontairement erronée d’un programme de soutien aux défenseurs des droits de l’homme », a insisté le communiqué de la délégation locale de l’UE.

French.china.org.cn |  le 24-06-2017