La traditionnelle fête du 4 juillet qui célèbre l’accession à l’Indépendance des États-Unis a été l’occasion et pour le patron de la diplomatie burundaise et pour ambassadrice américaine au Burundi de souligner les attentes mutuelles de Bujumbura et Washington entre “deux pays amis”.
L’Amb. Casper reçue par le ministre Nyamitwe en avril dernier
C’est l’un des rendez-vous diplomatiques les plus attendus à Bujumbura. L’Independance Day célébré chaque année le 4 juillet a été fêté le 6 juillet dernier, avec tout l’apparat que requiert l’occasion. Il y a deux jours parvenaient aux rédactions à Bujumbura le message de l’ambassadeur américain, Anne S. Casper, qui a tenu à envoyer aux médias burundais son discours lu personnellement en kirundi.
Ce dernier, de même que le discours prononcé par le ministre burundais des Affaires Étrangères le 6 juillet dernier, permettent de jauger les attentes mutuelles exprimées par les deux pays.
Que dit l’ambassadeur Casper? Elle félicite le gouvernement burundais “pour les travaux de développement en cours, avec les routes, les hôpitaux, les écoles en construction” et réitère les félicitations de son président pour l’engagement du Burundi dans la lutte contre le terrorisme en Somalie et en Centrafrique.
Elle en profite pour rappeler qu’elle prend le temps de parler à beaucoup de Burundais et qu’elle étudie personnellement le kirundi. Ce qui lui a permis de comprendre notamment trois choses.
Dépasser les blessures du passé …
D’une part, la lourdeur des blessures laissées par l’histoire tragique du Burundi: “Les souffrances dues à l’injustice et l’exclusion ont des conséquences que nous voyions jusqu’aujourd’hui”.
Mettant en parallèle la longue lutte pour la démocratie dans son pays, la diplomate américaine souligne que “pour que nous arrivions à ce jour, les USA ont décidé de regarder devant et de ne pas être prisonnier du passé”. Un message indirect qu’elle renforce en disant souhaiter au Burundi “la fin des divisions, des intolérances, de la vengeance et des violations des droits de l’homme”.
Autre leçon que l’ambassadeure américaine annonce avoir tiré de ses discussions avec les Burundais: l’importance dans la stabilité du pays du développement économique, qui doit prendre un trajet indépendant du jeu politique. Ici, elle annonce qu’elle travaillera avec le gouvernement burundais “dans la transparence et sans tolérance pour la corruption”, pour appuyer les investisseurs américains qui voudraient apporter des capitaux au Burundi.
Enfin, la troisième grande leçon pour Mme Casper est la vitalité de la jeunesse burundaise, symbolisée par les exploits de l’athlète Francine Niyonsaba qui brillait en début de semaine en Suisse: “Grâce aux nouvelles technologies, les jeunes burundais se lancent dans l’entrepreneuriat, rêvent d’aller étudier à l’étranger, veulent attirer des investisseurs au pays natal. Ils forment le futur du Burundi.”
Les séquelles de 2015 encore vives
Face à ce discours plutôt conciliant, le ministre des Affaires Étrangères a renvoyé la politesse à l’hôte américain en louant l’influence positive des États-Unis sur le monde à travers notamment ses Pères fondateurs et sa Constitution. “Le Burundi partage avec les États-Unis les valeurs de démocratie, l’État de droit et droits de l’homme qui constituent les piliers de la Constitution américaine.”
Mais ces bons apports ne font pas oublier “les interférences de certains officiels américains dans le processus électoral burundais de 2015.” Le ministre Nyamitwe a ainsi appelé à la suspension des sanctions contre des officiels burundais et l’éligibilité du Burundi à l’AGOA: “Ces décisions ont été prises sur de fausses évaluations.”
Le ministre Nyamitwe a remercié les États-Unis pour le soutien dans les secteurs de la lutte contre le terrorisme, l’agriculture, la santé, le renforcement des capacités des jeunes et des femmes, souhaitant d’ailleurs plus d’engagement pour favoriser la création d’emplois pour la jeunesse burundaise.
En rappelant que le peuple burundais, tout en luttant contre la pauvreté, s’apprête à “clarifier son histoire” avec le travail de la CVR, le ministre Nyamitwe a dénoncé le nouveau rémige migratoire appliqué par Washington à certains pays africains. Et de demander la révision de la dernière notice encadrant les voyages des ressortissants américains au Burundi publiée par les États-Unis le 23 juin dernier. Difficile en effet, avec ce message appelant les Américains à eviter le sol burundais, d’attirer des investisseurs d’outre-Atlantique…
Emmanuel Bizindavyi
Ikiriho