Le Conseil des droits de l’homme a demandé jeudi au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) de dépêcher une équipe de trois experts au Burundi chargés de travailler avec les autorités et toutes les autres parties prenantes, selon un communiqué publié jeudi par l’ONU.

La demande a été validée par l’adoption (23 voix pour, 14 contre et 9 abstentions) au Conseil des droits de l’homme d’une résolution présentée par le groupe des Etats africains.

« En coopération avec le gouvernement du Burundi », les trois experts auront pour mandat « de recueillir et de conserver des informations et de déterminer les faits et circonstances » de violations des droits de l’homme dans le pays. Les experts devront transmettre ces informations aux autorités judiciaires du Burundi « afin d’établir la vérité et de garantir que les auteurs de crimes déplorables rendent tous des comptes » devant elles.

La résolution adoptée au Conseil demande également aux experts de faire des recommandations en matière d’assistance technique, de renforcement des capacités, et sur les moyens d’améliorer la situation des droits de l’homme, « de manière à aider le Burundi à s’acquitter de ses obligations au regard des droits humains ».

Le Conseil des droits de l’homme demande instamment à Bujumbura de coopérer pleinement avec l’équipe d’experts, de les autoriser à se rendre dans le pays et de leur fournir toutes les informations nécessaires à l’exécution de son mandat. Le Conseil demande également aux autorités burundaises de signer sans délai le mémorandum d’accord conclu avec l’Union africaine afin de permettre aux observateurs des droits de l’homme et aux experts militaires mandatés par l’organisation panafricaine d’opérer pleinement dans le pays.

Lors de la présentation du projet de résolution au nom du Groupe africain, le représentant permanent de la Tunisie, Walid Doudech, a souligné que la proposition vise à enclencher une nouvelle dynamique de coopération entre le gouvernement burundais et le Conseil des droits de l’homme. « Il s’agit d’une approche pratique qui tient compte de la situation sur le terrain et des efforts menés sur le plan national, régional et continental », a déclaré M. Doudech.

Le représentant du Burundi, Renovat Tabu, a d’ailleurs assuré que la situation dans son pays « est normale sur tout le territoire national » et que le gouvernement a réalisé des « progrès remarquables dans la consolidation de l’Etat de droit et dans la lutte contre l’impunité ».

« Seule la coopération internationale dans le cadre d’un dialogue franc et inclusif peut permettre d’améliorer la situation des droits de l’homme partout dans le monde », a déclaré M. Tabu. « Le Burundi a ainsi appelé à voter pour le projet de résolution ».

Cependant, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont critiqué cette résolution.

Les 47 Etats membres du Conseil débattront à nouveau vendredi à Genève du Burundi, avec une résolution parrainée par l’UE qui demande le renouvellement de la Commission d’enquête de l’ONU pour une durée d’un an. Créée en septembre 2016 par le Conseil des droits de l’homme, la Commission n’a toujours pas été autorisée à se rendre au Burundi. Début septembre, la Commission a exhorté la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter de toute urgence sur des crimes contre l’humanité et autres atrocités commis au Burundi par les autorités.

Xinhua