Le premier Vice-Président de la République salue la prise de position des présidents Yoweri Kaguta Museveni et John Pombe Magufuri condamnant la décision des juges de la CPI qui ont autorisé l’ouverture d’une enquête sur le Burundi.

Comment avez-vous accueilli la décision des trois juges de la CPI ont donné autorisation à la procureure d’ouvrir une enquête sur la situation au Burundi ?

C’est un élément de plus qui alimente la disqualification du système des NU surtout après l’échec de la réunion de Genève où il y a eu deux résolutions sur un même pays dans une même reunion. La décision des trois juges montre que la CPI est un instrument de pression de ce qu’on appelle “la communauté internationale” pour étouffer les pays en voie de développement.

Une surprise ?

Pour nous, non. Nous appelons les Burundais à garder la confiance dans le leadership de notre pays: nous sommes au cœur d’un combat de valeurs, pour notre dignité et la vérité sur notre histoire. C’est une longue lutte, qui vaut la peine d’être menée. Aujourd’hui, nous sommes en train de transformer la société burundaise pour que demain nous puissions savoir qui a fait quoi. Et il faut garder en tête que tout ce que le Burundi a enduré est dû à ces mèmes gens qui dictent la façon dont la CPI fonctionne.

Comment avez-vous accueilli les prises de position des présidents Museveni et Magufuli qui, ce 11 novembre, ont condamné la décision de la CPI, accusant celle-ci d’interférer dans une question déjà prise en main par l’EAC ?

Il était normal que les deux présidents témoignent leur sympathie pour le Burundi. C’est la Tanzanie via Mkapa qui pilote la médiation ou le dialogue, et nous les encourageons de faire vite pour que le dialogue prenne fin que les Burundais s’occupent à autre chose plus utile que ça.

Ce sont des soutiens de poids pour le Burundi dans son bras de fer avec la CPI, non ?

Les déclarations de Magufuli et Museveni renforcent la sérénité et la volonté du peuple burundais de marcher vers la construction d’un État de droit, moderne et surtout souverain. Par ailleurs, ces prises de positions sont celles de la majorité en Afrique comme le témoigne la résolution qui a été votée à Genève avec les pays africains fin septembre de cette année.

Estimez-vous que la prise de position des présidents Magufuli et Museveni pourrait arrêter la procédure en cours à la CPI ?

Le Burundi est capable à lui seul de faire échouer les démarches de la CPI et de son parquet. Nous avons des instances judiciaires capables de travailler sur les crimes commis au Burundi. Par ailleurs, il y a la Commission Vérité et Réconciliation et autres instances capables de mettre en lumière les injustices et autres crimes qui ont été commis au Burundi.

Que viserait alors la procédure enclenchée et qui se poursuit aujourd’hui à La Haye si vous êtes sûrs qu’elle se soldera par un échec ?

C’est un épouvantail de certains pays occidentaux pour faire peur aux autorités burundaises pour qu’elles ne continuent pas les activités de transformer la société burundaise en une société digne et prospère, maître de son destin. Malheureusement, nous savons d’où le Burundi vient, et où nous voulons aller. Le Burundi sera un cas d’école pour tout le monde en ce qui est de l’indépendance des pays africains.

Il n’y a pas eu d’effet domino après le dépôt du retrait du Burundi du Statut de Rome le 27 octobre 2016 au Conseil de Sécurité des Nations Unies. La Gambie s’est rétractée, la procédure en Afrique du Sud est suspendue. Comment le cas du Burundi fera-t-il école ?

Je le répète : le Burundi sera un cas d’école pour le continent africain et le monde entier. Cette décision ridicule, maladroite et illégale de la CPI vient nous renforcer davantage et nous transformer comme Cuba dans la résistance farouche contre un impérialisme de type nouveau.

By Philippe Ngendakumana