Le 1er Vice-Président Gaston Sindimwo rejette le point de vue que le dernier round d’Arusha a été un échec. Il rejette aussi l’idée que la Constitution qui sera soumise au référendum en mai 2018 est « taillée sur mesure ». Quant au feu vert donné au parquet de la CPI d’ouvrir des enquêtes sur le Burundi, c’est « un échec pour ceux qui veulent un changement de régime à Bujumbura ».
Une certaine presse burundaise et internationale a présenté le dernier round des pourparlers d’Arusha comme une montagne qui a accouché d’une souris, un échec pour tout dire. Est-ce votre point de vue ?
Je ne suis pas d’accord qu’Arusha ait accouché d’une souris. Arusha c’est un cadre de rencontre de politiciens, d’acteurs politiques ou d’associations de la société civile. Le fait que tout ce monde se soit rencontré là, c’est en soi grand-chose.
Vous parlez d’un succès. Est-ce qu’on peut espérer qu’après Arusha les réfugiés au Rwanda et en Ouganda notamment vont regagner le pays ?
Les réfugiés rentrent tous les jours. Malheureusement, il y a des gens qui prennent en otage les réfugiés en les dissuadant de rentrer. Nous lançons un appel à tout Burundais vivant à l’extérieur du pays sous l’effet de la peur de regagner le bercail. Aux anciennes hautes personnalités, nous leur disons : le Burundi et leurs familles les attendent ici au pays. Nous félicitons ceux qui sont déjà rentrés.
Peut-on savoir si la dernière session de dialogue a pu trouver une réponse sur ce que d’aucuns appellent « restrictions de l’espace politique et médiatique au Burundi » ?
L’espace politique est ouvert à tout le monde. Le problème n’est pas la restriction de l’espace politique mais les partis politiques qui n’ont pas de moyens pour effectuer des descentes sur terrain. Quel est ce parti à qui on aurait empêché d’être sur le terrain? La restriction de l’espace politique est une allégation parmi tant d’autres de la part de ceux qui veulent distraire le peuple pour ne pas avancer vers les élections de 2020. C’est comme ceux qui ont réclamé la suspension de la concession des exploitations minières.
La campagne pour le référendum constitutionnel est lancée. Mais l’on se rappellera que la Facilitation avait conseillé au gouvernement burundais de sursoir à l’amendement de la Constitution …
Quand faut-il amender la Constitution ? En 2014, on avait dit la même chose. Notez aussi que la question du référendum n’est pas à l’agenda de la Facilitation. La question de l’amendement de la Constitution est du ressort de la souveraineté de l’État. Il appartient à ceux qui gèrent le pays, en accord avec la population de voir quand et comment mettre en application le processus de réforme de la Constitution. Par ailleurs, le Facilitateur a lui-même reconnu, en décembre 2016, que la révision de la Constitution est un droit constitutionnel et souverain.
Pourtant, cette question pourrait peut-être créer un petit nuage dans les relations entre la Tanzanie et le Burundi, l’ancien président tanzanien Mkapa se sentant humilié par la détermination de Bujumbura à amender la Constitution…
La question de l’amendement de la Constitution ne saurait en aucun cas créer un malentendu dans les relations Burundi-Tanzanie. Nous sommes en parfaite harmonie sur tous les points. Avec la Tanzanie, nous travaillons main dans la main, notamment en ce qui est du rapatriement des réfugiés. Des gens voudraient qu’il y ait une petite brouille dans les relations entre nos deux pays ; il n’y a pas et n’y en aura jamais.
ne certaine opinion est convaincue que le texte qui sera soumis au référendum est une Constitution taillée sur mesure et qui a enterré l’Accord d’Arusha….
Toutes les constitutions du monde, on dit qu’elles sont taillées sur mesure. Arguant ce prétexte, l’Uprona, qui est mon parti, n’a pas voté la Constitution de 2005. Mais force est de constater que la Constitution qui sera soumise au référendum respecte l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha. Les gens empruntent des raccourcis pour interpréter le projet de la Constitution amendée : on se limite seulement aux mandats présidentiels. La Constitution est avant tout la gouvernance. Ceux qui limitent la lecture de la Constitution aux mandats sont des tricheurs.
Dans le projet de la Constitution amendée il n’y aura plus de sénateurs à vie…
Les gens disent une chose et son contraire ! D’un côté, ils allèguent que la Constitution est taillée sur mesure au profit du président actuel ; de l’autre, ces gens font le constat que le président Nkurunziza ne profitera pas de l’avantage d’être sénateur une fois qu’il ne sera plus aux affaire ! Laissons les diseurs parler mais restons focalisés sur la mise en place des institutions démocratiques en 2020, tout en veillant à la stabilité de la République.
Quel fait qui a marqué l’année 2017 en matière politique ?
La cohésion et la sérénité de l’autorité burundaise. De la base au sommet, tout le monde parle un même langage: la paix. Autre fait marquant est que les divisions interethniques sont en train d’être bannies et éradiquées dans la société burundaise. Enfin, en 2017, les forces de police se sont distinguées par leur dévouement à la patrie.
Des juges de la CPI qui ont donné le feu vert à la procureure Fatou Bensouda d’enclencher des enquêtes sur le Burundi. Un petit échec pour notre pays pour l’année 2017 ?
Pas d’échec du tout ! La procureure Bensouda est téléguidée. Toit le monde sait que le Burundi est victime d’un complot pour un changement de régime par des procédés illégaux depuis quelques années. Ce que la Procureure de la CPI a fait est une première dans l’histoire de cette institution: sortir une décision antidatée. Et, c’est la première fois dans l’histoire onusienne où dans une même session on voit deux résolutions contradictoires sur un même pays et sur une même matière. C’est un échec total pour ceux qui veulent déstabiliser le Burundi et une réussite totale pour notre pays.
Le Burundi ne redoute-il pas d’émission de mandats par le parquet de la CPI ?
On n’a rien à craindre. Nous sommes en train de bâtir le pays. Nous ne sommes pas redevables devant la CPI. Nous sommes redevables uniquement devant le peuple burundais. Nous allons continuer à travailler dans l’intérêt supérieur de la nation burundaise.