Ø Excellence Monsieur le Président de la conférence
Ø Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement
Ø Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
Ø Mesdames, Messieurs;
1. Je rends grâce à Dieu le Tout Puissant pour ses bienfaits.
Je voudrais féliciter le Pays hôte, la Guinée Équatoriale et Son Gouvernement, particulièrement Son Excellence Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, pour une organisation parfaite de ces assises et pour l’accueil chaleureux réservé à ma délégation depuis notre arrivée.
2. Excellences Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et des gouvernements,
Chers frères et sœurs africains;
L’Afrique doit retrouver la paix et la prospérité, et tout viendra de nous-mêmes africains. Il suffit d’affronter la question face a face, sans faux-fuyant et sans hypocrisie.
Pour vous rassurer, je voudrais d’abord dire ici que c’est possible car, aucun pays africain n’a plus souffert que mon pays le Burundi. Malgré cela, aujourd’hui, c’est un pays d’espoir, un pays qui se relève doucement mais avec plus d’assurance.
Le Burundi est pays qui a connu, dans son histoire, 8 coups d’Etat dans 56 ans. En moyenne, un coup de force par 7 ans dont 6 ont emporté des vies humaines, des leaders.
Aujourd’hui, le Burundi dispose déjà des mécanismes constitutionnels qui sont à l’œuvre pour rechercher la vérité, pour une réconciliation de tous les Burundais. Imaginez-vous ; pour la seule année de 1972, on comptabilise au moins 3 fosses communes par province, et chacune de ces fosses communes contenant des centaines, voire des milliers des personnes qui y étaient enterrées dans une discrétion totale.
Malgré cela, le pays est déjà réconcilié. Tous les citoyens Burundais travaillent dans la sérénité pour lutter contre leur ennemi commun qui est la pauvreté.
Nous contribuons également dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, notamment en Somalie et en RCA.
3. Tout ceci pour dire que l’Afrique qui souffre actuellement pourra guérir un jour J et retrouvera la paix et la prospérité. Il suffit de décortiquer de façon objective les questions qui minent l’Afrique.
J’ai toujours posé la question a plus d’un : Pourquoi ces conflits armés internes interminables en Afrique ?
La majorité vous dira que c’est à cause de la pauvreté.
Mais si on pose la question cette fois-ci pourquoi la pauvreté en Afrique alors que c’est un continent qui regorge des richesses naturelles énormes, on va vous répondre que c’est à cause des perpétuels conflits dans nos pays.
Donc pour un intellectuel avisé, on conclurait que la pauvreté est la vraie source de conflit alors que les conflits armés sont aussi source de pauvreté.
Par conséquent, si on combat la pauvreté, on annihile le conflit. Alors, pourquoi choisit-on de combattre nos frères alors que nous savons que cela conduit à la pauvreté. Chez-nous au Burundi on dit que le combat entre les criquets fait plaisir aux rapaces, c’est-à-dire que les rapaces attendent celui qui sera faible pour l’anéantir. Donc l’Afrique ne devrait pas se combattre, les frères ne devraient pas se combattre parce qu’ils ont un ennemi commun qui est la pauvreté.
Comment allons-nous combattre la pauvreté alors que notre continent est déchiré par des conflits armés ? C’est cette approche que je voudrais, Excellence Mesdames, Messieurs partager avec cette auguste assemblée.
4. Chers frères et Sœurs,
Chers amis ;
L’Afrique est déjà riche, il ne faut pas chercher de midi à 14h00 ce que nous avons entre nos mains. Nous avons des ressources naturelles les plus recherchées. Nous avons un continent vierge avec une population jeune, intelligente et laborieuse.
Mais qu’est ce qui nous manque ? C’est cette paix exactement qui nous manque, et notons que celui qui veut t’empêcher la prospérité te refuse la paix.
Chez-nous au Burundi par exemple, avant la colonisation, on avait des industries, on travaillait le fer, on fabriquait nos habits, nous avions des brasseries, des minoteries, des céramiques et j’en passe.
Mais depuis la colonisation, même un géologue chevronné ne sait pas reconnaître un minerai sans recourir au laboratoire européen ou américain. Je crois qu’il en est de même pour tous les pays africains.
Même si nous avons des richesses naturelles en abondance, aussi longtemps, qu’il y aura persistance des conflits, nous n’aurons pas le temps de raisonner et de penser à la vie des générations futures.
L’autre qui nous guette en train de nous déchirer, nous attend pour s’accaparer de nos richesses quand nous sommes distraits.
5. Mesdames et Messiers les chefs d’Etat et de gouvernement,
Pour trouver une solution à une maladie, on doit fouiller dans ses origines.
La question de terrorisme et de changement inconstitutionnel des régimes à une origine :
En effet, l’imposition de l’impérialisme en Afrique par la colonisation a été le début de l’usurpation du pouvoir du peuple ; le début des coups de force.
A l’indépendance, les leaders africains ont hérité cette idéologie de mettre le pouvoir entre les mains de quelques individus et le peuple était dans l’obligation de revendiquer ses droits. D’où de perpétuels changement de pouvoir ou de soi-disant révolutions pour atténuer le langage ; ce qui plaisait celui qui a inventé ce système.
Les leaders africains qui n’ont pas suivi ce chemin dans la gestion de la chose publique ont subit des revers par des guerres par procuration.
Ce sont les conséquences de ces fléaux que nous subissons aujourd’hui :
6. Le Burundi est l’un de ces pays africains qui se sacrifie jour et nuit pour combattre le terrorisme et ramener la paix en Afrique. Donc, nous sommes au quotidien à l’œuvre pour analyser au fonds les vraies causes du terrorisme pour les juguler.
7. Le terrorisme en Afrique,
Si nous le jugeons objectivement par exemple en Somalie, il prend origine dans l’anéantissement total de l’armée somalienne, croyant qu’on anéantissait seulement le régime du Président Siad Baret.
Dans la région du Sahel, le terrorisme qui y sévit prend origine dans la destruction totale de l’armée libyenne, croyant anéantir le régime du Guide Libien Khadaffi.
Dans la région de l’Afrique centrale, en RCA, en RDC, même au Mozambique dans la partie sud de l’Afrique qui était jusqu’alors préservée, si vous analysez objectivement, la cause est la destruction de l’armée rwandaise en 1994 et celle du Zaïre de Mobutu en 1996, mais aussi la destruction de l’armée en Centrafrique.
8. De cette analyse que je crois objective, posons-nous la question : Ces guerres d’anéantissement des armées, de la
corne de l’Afrique, du Nord à l’Ouest, du Centre comme au Sud, étaient-elles internes aux Etats ? A mon humble avis, c’était des guerres par procurations, et les armes utilisés venaient d’ailleurs. Par ailleurs, les insurgées de cette époque jouissaient du soutien extérieur visible, qui servait de base arrière.
9. Pour ce qui est des changements inconstitutionnels des régimes, je dois révéler quelque chose :
Moi, j’ai été combattant dans le cadre de résister au coup d’état de 1993 qui a emporté les vies des leaders du Burundi et les massacres qui ont suivi. J’ai été aussi officier de l’armée nationale parce que dans le processus de paix j’étais parmi les leaders pour ramener la paix au Burundi, donc j’étais officier général de l’armée nationale. Aujourd’hui je gère la nation burundaise et j’y ai accédé par la voie démocratique. Ceci pour dire que la voie brutale d’accession au pouvoir n’est pas de cette époque démocratique. C’est pourquoi, pour bannir à jamais le fléau des coups d’Etat, je conseille aux militaires qui ont l’ambition de diriger, de passer par la voie démocratique. Il suffit de quitter l’armée, attendre les prochaines élections pour faire la propagande. Comme ça vous accéderez au pouvoir sans effusion de sang sans faute. Les coups d’Etat, ce n’est pas une solution mais plutôt, mes chers amis, c’est mettre la poudre au feu pour la patrie.
10. Chers frères et Sœurs Chefs d’Etat et de gouvernements,
Chers frères africains ;
Notre objectif est la paix et la prospérité en Afrique. C’est pourquoi je voudrais tracer des solutions pour bannir à jamais les conflits et aller juste au but :
a. Refuser la base arrière aux groupes terroristes.
Il faudrait que chaque pays s’engage à les refuser chez-lui et à coopérer avec son voisin dans le cadre bilatéral et œuvrer pour la paix en solidarité avec les autres pays de la région, voire de l’Afrique toute entière.
Dans ce cas, le groupe terroriste n’aurait pas de terrain et faute de cela, le terrorisme serait terminé.
Malheureusement, à l’heure où je vous parle, il y a des pays frères africains qui sont en train de soutenir le conflits des autres pays africains au lieu d’être partie à la solution.
Malheureusement, a l’heure où je vous parle, il y a des pays frères africains qui sont en train de soutenir les conflits des autres pays africains au lieu d’être partie à la solution. Ici je tiens vraiment à vous dire ma tristesse devant la résurgence de la guerre à l’Est de la RDC un pays voisin alors qu’il n y a même pas trois semaines les Chefs d’Etat de la sous-région s’étaient réunis et nous étions tous déterminés à aller de l’avant pour ramener la paix à l’Est de la RDC. Les groupes armés prêts à s’engager sur le chemin de la paix avaient déposé les armes pour rejoindre la table du dialogue.
Si on travaillait véritablement ensemble, ce groupe serait complètement anéanti. En tant que pays voisin, je tiens à
condamner ceux qui veulent nous refaire sombrer, en alimentant les groupes terroristes dans l’Est de la RDC.
b. Deuxièmement, Excellences Chefs d’Etat, pour lutter contre les changements inconstitutionnels de régime, j’aimerais vous proposer que nous prenions un autre élan dans notre gouvernance: Rendons au peuple ce qui appartient au peuple, je veux dire son pouvoir.
Ici je parle de la bonne gouvernance, la bonne gestion de la chose publique.
Il y en a qui vous diront que la bonne gouvernance réside dans le partage du pouvoir entre les acteurs politiques. Moi je dirais que non.
Le pouvoir appartient au peuple, chers amis. Nous, leaders, nous ne sommes que des gestionnaires mandatés par le peuple. Si on partage le bien du peuple, ce sera le provoquer ; et, entre eux, ils vont s’organiser et se révolter afin de retrouver leur pouvoir. C’est cela la raison que les putschistes avancent toujours.
La bonne gouvernance, c’est garantir la démocratie, ce n’est pas partager le pouvoir, c’est faire participer tous les citoyens a la vie nationale en leur permettant de s’exprimer, de critiquer et de contribuer au développement du pays.
Je le dis parce que j’ai cette expérience, chez-moi, pour dissiper les frustrations des citoyens, j’ai décidé de donner mon propre numéro de téléphone pour leur permettre de dénoncer les injustices et contribuer ainsi au développement.
C’est une des solutions envisageables parce que le citoyen se sent valorisé et participe ainsi à la dénonciation de toute attitude répréhensible de mauvaise gestion dont il est témoin.
La bonne gouvernance c’est aussi gérer la chose publique en bon père de famille. Cette solution dissipe les frustrations et ne permet pas aux détracteurs de mobiliser les ennemis de la paix.
c. La 3eme solution, c’est s’occuper des ressources humaines sollicitées par les terroristes : La jeunesse.
Chers frères Chefs d’Etat et de gouvernements,
Si la jeunesse mal exploitée ou délaissée, elle sera entrainée la où elle pense que la vie est facile parce qu’elle n’est ni guidée, ni contrôlée.
En tant que Président du CPS au mois d’avril, le Burundi a organisé un dialogue continental des jeunes africains sur le thème : « Jeunes, unissons nos talents et notre force pour la paix et le développement ».
J’ai vu en la jeunesse africaine une force énorme et un dynamisme extraordinaire. La jeunesse africaine était venue se ressourcer sur l’expérience de la jeunesse burundaise qui, en grande majorité, a déjà changé de mentalité.
Permettez-moi de vous partager cette expérience qui nous a permis d’arriver a cette situation.
Chez nous au Burundi, nous avons connu des moments douloureux. Quand nous avons commencé à reconstruire notre société, malheureusement en 2015 il y a eu une tentative de coup d’État mais tout le peuple s’est levé comme un seul
homme pour combattre les putschistes. Alors que le coup d’état échouait, l’Union européenne, les États Unis et l’ONU ont imposé des sanctions injustes contre le Burundi.
Les burundais ont alors entamé de leur plein gré un dialogue inter burundais inclusif sans aucune influence extérieure, qui a abouti à un amendement consenti de la Constitution et au Plan National de Développement, ayant constaté que les conflits viennent souvent de la mauvaise organisation, le mauvais exercice du pouvoir et en grande partie la pauvreté.
Durant cette période de sanctions, l’organisation du référendum de 2018 et des élections générales de 2020 ont été ensuite organisées sous le financement propre du peuple burundais. C’était la première fois depuis son indépendance que le Burundi organisait des élections sans aide extérieure et le processus électoral a été un succès démocratique, sans aucun heurt.
Les institutions élues se sont mises alors à l’œuvre pour mettre en exécution le Plan National de Développement. Nous avons donc mobilisé toutes les forces vives de la Nation pour combattre ensemble notre ennemi commun, la pauvreté. Nous avons placé la jeunesse à l’avant-garde. Les jeunes ont été encadrés dans des groupements coopératifs et le changement de mentalité s’observe progressivement. Hier encore chercheurs d’emploi, ils commencent désormais à en créer eux même.
Auparavant tous les jeunes intellectuels pensaient que l’idéal était d’être embauché par les services publics,
publique. Aujourd’hui ces considérations ont évolué, ils parlent désormais d’auto développement.
Tout cela a été rendu possible grâce à l’absence d’influence extérieure dans le processus électoral car tous les burundais se sont appropriés les résultats.
11. Alors, Excellence Chefs d’Etat et de gouvernements,
Je vous demande d’étudier les moyens de sauver cette jeunesse africaine qui est devenue une proie du terrorisme en lui montrant l’autre combat qui est digne : Le combat contre la pauvreté, qu’ils peuvent gagner sans risquer leur vie.
Chez-nous nous avons créé une banque des jeunes, nous avons initié et financé le PAEEJ qui est un programme d’autonomisation économique des jeunes, nous avons également mis en place un Fonds de garantie après avoir constaté que les jeunes n’ont pas de garantie pour leur crédit bancaire pour faciliter leur accès au crédit.
En conséquence, le Burundi a pu assurer la sécurité alimentaire, nous n’importons pas de denrées alimentaires de première nécessité alors que nous sommes un petit pays mais très peuplé.
Aujourd’hui, on ne pourrait pas dire à la jeunesse burundaise d’aller en guerre car elle ne peut pas accepter de détruire ce qu’elle a elle-même construit.
Alors, chers Frères Chefs d’État j’aimerais demander humblement à l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire des Chefs d’État spécialement dédié aux questions de la Jeunesse, et à l’échange d’expériences dans l’accompagnement et l’encadrement des jeunes comme stratégie de stabilisation et pacification des Nations. Ce sera aussi un message d’espoir à cette génération sur laquelle nous comptons. La jeunesse ne sera plus attirée vers le terrorisme ou autres insurrections contre les pouvoirs en place. Je le crois, la paix est possible.
Le Burundi en est l’exemple. D’ailleurs je peux vous assurer que même certains jeunes qui étaient recrutés dans les mouvements terroristes à l’Est de la RDC ont été encadrés et convaincus de regagner le chemin de la paix et ont commencé leurs propres projets de développement.
Il est donc possible de les récupérer et aider à leur changement de mentalités.
L’Afrique, j’en suis convaincu, peut retrouver pleinement la paix si tous les Africains s’impliquent réellement dans attendre l’aide de l’extérieur du continent. Nous sommes un continent très riche, encore sous-exploitée, avec des ressources humaines suffisantes. Tous les atouts sont là.
Le Burundi est à la disposition de l’Afrique pour partager son expérience, nous contribuons à la lutte contre le terrorisme en Somalie et en RCA. Au-delà de l’aspect militaire, nous sommes prêts à déployer des contingents agricoles pour échanger les expériences en matière de développement.
Je suis convaincu que l’Afrique peut guérir de ses maux, qu’elle peut être prospère à tous égards.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
La Présidence